Mayas

Des canaux sous le temple des Inscriptions de Palenque

Le site de Palenque, dans l’Etat du Chiapas, est l’un des sites les plus emblématiques de la civilisation maya. Inscrit à l’UNESCO depuis 1987, il doit sa célébrité à la richesse de son patrimoine architectural, mais aussi à la découverte de la tombe inviolée de l’un de ses ajaw, Pakal le Grand. Cette découverte a fait couler beaucoup d’encre, et certains y ont même vu la preuve de la venue d’extraterrestres sur notre planète.

Palenque, au cœur de la civilisation maya.

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Bas-relief représentant Pakal le Grand.

L’histoire de la ville de Palenque (appelée Lakam Ha) est relativement courte en comparaison de celles d’autres cités mayas, comme celle d’Holmul au Guatemala. Sa fondation remonte probablement aux alentours de 100 avant notre ère. La cité grandit durant la période classique ancienne et devient la capitale de la province B’aakal. Ses ajaw s’allient alors souvent à Tikal contre Calakmul, qui l’emporte pourtant et dont les troupes saccagent Palenque à deux reprises, en 599 et 611.

L’époque classique tardive (600-900) commence donc pour Palenque par une période de confusion, au cours de laquelle la dynastie régnante éclate en deux branches rivales qui se partagent le B’akaal et règnent depuis Palenque et Tortuguero. Mais Pakal le Grand (615-683) redresse la situation. La cité connaît alors son apogée : l’alliance avec Tikal et Yaxchilán apporte des succès militaires, tandis que le centre monumental est reconfiguré et reconstruit.

La fin de Palenque et sa redécouverte.

Palenque Mexique
Vue du centre monumental de Palenque. Credits : tato grasso – CC by SA 2.5

Les deux fils de Pakal poursuivent l’œuvre de leur père ; cependant en 711, la cité de Toniná assiège la ville et capture son souverain. Palenque ne retrouve son indépendance que dix ans plus tard et reste en conflit avec Toniná, mais la période postérieure est très mal connue. On sait qu’en 799, Pakal IV commence à gouverner, mais comme dans d’autres cité mayas, la dépopulation a certainement déjà commencé et il n’y a plus de nouvelles constructions dans le centre monumental.

La cité est encore habitée durant quelques générations avant que la végétation ne reprenne ses droits. A l’arrivée des Espagnols, la région est à peine peuplée et une nouvelle aventure commence alors : l’exploration des vestiges ensevelis dans la jungle.

Celle-ci démarre quelques siècles plus tard. La cité, repérée dès le XVIIIe siècle, devient au siècle suivant le terrain de jeu d’explorateurs, notamment français et britanniques. Au milieu du siècle suivant, des recherches plus approfondies sont menées par le gouvernement mexicain. Elles conduisent à la découverte de la tombe inviolée de Pakal, l’une des trouvailles archéologiques les plus importantes du XXe siècle. Un musée est construit sur le site, et en 1987 Palenque est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une découverte intrigante sous la tombe de Pakal.

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Le temple des inscriptions, sous lequel se trouve la tombe de Pakal. Credits : Jan Harenburg – CC by SA 3.0

Les recherches se poursuivent et le site recèle encore bien des mystères. Les archéologues de Palenque viennent d’ailleurs d’annoncer fin juillet une intrigante découverte sous le temple des Inscriptions qui abrite la tombe de Pakal.

Tout commence par une exploration par géoradar menée devant l’escalier de la pyramide. Des anomalies sont relevées laissant craindre la présence d’un trou ou d’une faille géologique sous l’édifice. Les archéologues réalisent alors un sondage sur son parvis et découvrent trois couvercles de pierre assemblés avec soin recouvrant un canal. Un sondage mené dans le sol de la tombe de Pakal révèle le même résultat : un réseau de canalisation courre donc sous la pyramide, même s’il n’est pas relié directement à la chambre funéraire.

Une route vers le monde souterrain ?

Le dieu Chaac
Le dieu Chaac, représentation en terracotta post-classique (XIIe-XIVe).

De nombreuses sources et cascades étaient présentes à Palenque, son nom maya « Lakam Ha » signifie d’ailleurs « grandes eaux ». Comme pour d’autres civilisations préhispaniques, l’eau avait un sens symbolique profond pour les Mayas. Par ailleurs, des inscriptions sur des piercings d’oreille retrouvés dans la tombe de Pakal affirmaient que le dieu Chaac, fortement associé à la lumière et à l’eau, « guidait le mort vers le monde souterrain, en se submergeant dans l’eau pour y être reçu ». Les Mayas concevaient le monde comme étant divisé en trois grandes parties, le ciel, la terre et le monde souterrain, appelé Xibalba. Celui-ci était le domaine des dieux de la mort et de la maladie ; il était divisé en neuf niveaux et des épreuves attendaient ceux qui s’y rendaient. L’âme des morts, et surtout celle des rois, devait ensuite s’en échapper pour atteindre le ciel.

Cela conduit les archéologues à penser que la pyramide devant abriter la tombe de Pakal fut volontairement édifiée sur une source entre 683 et 702, tout comme la célèbre pyramide de Kukulcán à Chichén Itzá fut construite sur un cénote. Le réseau de canalisation aurait alors été conçu pour conduire l’eau depuis sa source, sous la chambre funéraire, jusqu’à la grande esplanade devant le temple. Symboliquement, ces canaux auraient aussi été un moyen pour l’âme de Pakal de gagner le monde souterrain. Cette théorie est renforcée par la présence de structures analogues dans d’autres sites, comme à Teotihuacán où un canal se trouve sous la citadelle de la cité.

Loin des extraterrestres et de l’espace, les architectes mayas auraient donc au contraire réfléchi la tombe et la pyramide pour permettre à l’âme du roi de passer sous terre.

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