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Le mystère du pharaon aux deux pyramides est-il résolu ?

Il y a quelques semaines, je vous parlais de la découverte sur le site de Dahchour, nécropole royale de plusieurs dynasties égyptiennes, d’une nouvelle pyramide et d’une inscription au nom du pharaon Ameni Kemaou. Mais mystère : la pyramide de ce pharaon avait déjà été découverte en 1957…

Un pharaon mégalomane ?

Dashour - inscription de la nouvelle pyramide
L’inscription découverte sur le site de la pyramide avec le  nom d’Ameni Kemaou. Crédits : Ministère des Antiquités égyptiennes.

Ameni Kemanou, pharaon vraiment obscur de la XIIIe dynastie qui régna vers -1743/42, aurait-il donc fait édifier deux pyramides, distantes de seulement 600 mètres ? Si ce genre de démarche n’est pas complètement sans précédents dans l’histoire égyptienne – sur le même site de Dahchour, Snéfrou fit édifier deux pyramides – tandis que Sésostris III, en plus d’une pyramide, avait aussi fait édifier une tombe à Abydos, elle est cependant plutôt contraire aux usages et colle plutôt à un pharaon d’envergure, ce que n’est pas Ameni Kemaou.

L’hypothèse, qui ne reposait jusqu’à présent que sur une inscription découverte sur le site de la pyramide, est aujourd’hui battue en brèche par une autre théorie. Les archéologues ont en effet atteint la chambre funéraire située sous la pyramide qui semble avoir contenue non pas les restes d’un pharaon mais ceux d’une princesse.

Un coffre en bois pour résoudre un mystère.

Dahchour, coffre en bois
Le coffre découvert portant trois lignes hiéroglyphiques. Crédit : ministère des Antiquités égyptiennes.

A l’intérieur de la chambre funéraire de la pyramide, les archéologues ont retrouvé les restes mal conservés d’un sarcophage, mais surtout un coffre en bois. Conçu pour accueillir les vases canopes contenant les organes momifiés du défunt, il n’y avait plus à l’intérieur que quelques bandelettes.

Mais le coffre lui-même pourrait permettre de résoudre l’énigme du pharaon aux deux pyramides. D’après James Allen, professeur d’égyptologie à l’université de Brown, les inscriptions qu’il comporte sont typiques de la deuxième période intermédiaire (époque à la chronologie assez mal définie, qui marque le passage entre le Moyen Empire et le Nouvel Empire), et qui correspond à la XIIIe dynastie d’Ameni Kemaou. Douamoutef

Et ces hiéroglyphes pourraient livrer la clé du mystère. Ils mentionnent Douamoutef (ci-contre), un des quatre fils d’Horus, génie funéraire à tête de chacal chargé de veiller sur l’estomac des défunts et la déesse Neith, associée à la protection des vases canopes, mais surtout la « fille du roi, Hatshepsout ».

Hatshepsout, fille d’Ameni Kemaou ?

Le nom d’Hatshepsout a été rendu célèbre par une reine de la XVIIIe dynastie qui monta sur le trône vers -1478 et régna en son nom propre sur l’Egypte, soit presque trois siècles après Ameni Kemaou : il ne s’agit certainement pas de la même personne. James Allen pencherait plutôt pour une fille d’Ameni Kemaou, qui aurait été ensevelie dans une pyramide associée à son père. Aidan Dodson, de l’université de Bristol, qui a publié un article sur les objets de l’autre pyramide d’Ameni Kemaou découverte en 1957, relève cependant que la filiation précise de la princesse n’est pas mentionnée, et considère cependant que le monument n’est pas typique de ceux réservés aux princesses. Son hypothèse est que la pyramide a bien été édifiée pour un roi, puis usurpée, probablement par Ameni Kemaou (comme le suggère l’inscription découverte) pour les funérailles d’une de ses filles.

Peut-être les fouilles qui se poursuivent dans la pyramide pourront-elles confirmer cette hypothèse et définitivement résoudre le mystère : cet espiègle Ameni Kemaou n’aurait finalement eu qu’une pyramide, mais n’aurait pas hésité à voler celle des autres…

 

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