Actualité archéologiqueOccident médiéval

Les secrets d’un prêtre anglais mort il y a 700 ans

Voilà 700 ans tout rond qu’il est mort, mais la découverte de sa tombe sur le site de l’abbaye Thornton, en Angleterre, permet de ressusciter le souvenir de Richard de Wispeton, un prêtre anglais qui vécut au XIVe siècle, un siècle difficile de l’histoire européenne.

L’abbaye de Thornton.

Ruines de l’église abbatiale. Crédits : David Wright.

A l’origine prieuré fondé dans le nord du Lincolnshire (au centre-est de l’Angleterre) en 1139 par le comte d’York Guillaume le Gros, l’établissement devint une abbaye dès 1148 habitée par les Augustins.

Ce fut une riche abbaye, qui fut dissoute en 1539 comme tous les monastères anglais par le roi Henri VIII. Tombée en ruine au cours des siècles, elle présente encore d’imposants vestiges et son site est fouillé depuis plusieurs années par des archéologues de l’université de Sheffield.

La tombe d’un prêtre médiéval.

Et cette fois, c’est la tombe d’un prêtre qui a été découverte près de l’autel de l’ancienne chapelle de l’hôpital du monastère. Chose plutôt rare au XIVe siècle, sa dalle funéraire nous informe de son nom et de la date de son décès : il s’agissait de Richard de Wispeton, mort le 17 avril 1317. Elle comportait aussi un extrait de la Bible issu de l’Epître aux Philippiens : « qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre ». A l’intérieur, son squelette assez mal préservé a été découvert près de quelques fragments d’un cercueil de bois.

Qui était Richard de Wispeton ?

Comme souvent au Moyen-Âge, les individus étaient désignés par leur lieu de naissance, on peut en conclure que Richard était originaire de Wispington, dont Wispeton était le nom médiéval, petit village assez insignifiant situé à une petite soixantaine de kilomètres.

Scan 3d du crâne de Richard.

Les analyses menées en laboratoire ont permis d’en savoir plus. Richard mesurait 1,61 est serait décédé entre 35 et 45 ans. Plusieurs indices plaident pour des origines modestes : ses os portent la marque d’attachements solides, ce qui indique qu’il a effectué des efforts physiques importants et réguliers à une période de sa vie. L’émail de ses dents montre aussi des signes d’hypoplasie, c’est à dire de développement insuffisant, indiquant qu’il a connu une période de malnutrition ou de maladie durant ses premières années.

De plus, un scan en 3d de son crâne a révélé un épisode potentiellement violent dans la vie de Richard : une légère dépression contondante à l’arrière de son crâne témoigne d’un traumatisme causé longtemps avant sa mort.

La terrible famine de 1315-1317.

En revanche, la cause de sa mort n’a pas pu être déterminé avec certitude. Cependant, l’année 1317 est resté dans les annales comme une année très difficile. En effet, une grande partie de l’Europe est touchée à ce moment par une grande famine. Certes les épisodes de cet ordre n’étaient pas rares au Moyen-Âge, mais celle-ci, particulièrement importante, est restée connue sous le nom de grande famine de 1315-1317. Elle trouve son origine dans les pluies diluviennes du printemps 1315, mais ne prend fin que lors de la récolte de l’été 1317, et touche une grande partie du continent européen, causant des millions de mort et marquant la fin de la croissance démographique que connaît l’Europe depuis le XIe siècle.

A l’époque où Richard décède, la famine connaît alors son pic et il n’est pas impossible que sa mort en découle, car l’abbaye et particulièrement son hôpital ont eux aussi certainement été affectés par cet événement catastrophique.

 

Retour vers la page d’accueil

Laisser un commentaire