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Le roi anglo-saxon Edmond, saint patron de l’Angleterre médiévale, repose-t-il sous un court de tennis ?

Nombreux sont les rois anglais qui ne reposent pas à Westminster. En 2012, les restes de Richard III (1483-1485) avaient été retrouvés sous un parking à Leicester. Cette fois, ce sont ceux d’un souverain bien plus ancien qui pourraient se trouver… sous un court de tennis. C’est en tout cas ce que pensent les historiens, qui pensent y découvrir les ossements du roi Edmond d’Est-Anglie, dont la sépulture est perdue depuis le XVIe siècle. Or ce personnage, s’il fut un souverain malheureux dont l’histoire a à peine retenu le nom, connut une considérable célébrité posthume.


Edmond, roi saxon et saint décapité.

Royaume d'Est-AnglieDurant le Haut Moyen-Âge, l’Angleterre connaît une époque troublée et voit son territoire divisée en plusieurs Etats. Le royaume anglo-saxon d’Est-Anglie, dont le cœur correspond aujourd’hui aux comtés de Norfolk et de Suffolk, connut son apogée au VIIe siècle, avant de voir sa puissance décliner face au royaume de Mercie, et de disparaître sous les coups des Danois.

Martyr du roi Edmond
Enluminure médiévale représentant le martyr du roi.

Cela se produit au IXe siècle, alors que les Vikings mènent de fréquents raids contre l’Angleterre. Selon la Chronique Anglo-Saxonne, son dernier roi, Edmond est tué par les Danois lors d’une bataille le 20 novembre 869. On ne sait pas grand chose de plus concernant sa vie ; en revanche, les circonstances de sa mort, légendaires, en firent un martyr.

Capturé par les Danois, Edmond aurait en effet été sommé de renoncer au christianisme. Devant son refus, ils l’auraient criblé de flèches, puis l’auraient décapité et auraient jeté sa tête dans la forêt. Les partisans du roi défunt ne seraient parvenus à la retrouver que grâce à l’intervention miraculeuse d’un loup.


L’abbaye de Bury St Edmunds

Après sa mort, il semble que les Danois d’Est-Anglie, convertis au catholicisme, se soient mis à vénérer Edmond, dont les reliques avaient été transportées dans les années 900-920 à l’abbaye de Bedericesworth, déjà ancienne puisque fondée en 633. Le culte prenant de l’ampleur, le monastère prit le nom de Bury St Edmunds en 925.

La ville qui se développe aux alentours reçoit la protection de plusieurs rois, tandis que le pèlerinage sur sa tombe devint l’un des plus importants du pays, alors que saint Edmond devenait le saint patron de l’Angleterre – avant d’être plus tard supplanté par saint Edouard le Confesseur, puis saint Georges au XIVe siècle.


La disparition de l’ abbaye et des reliques royales.

reliques saint Edmond
La châsse de saint Edmond, détruite en 1539.

Au XVIe siècle, Henri VIII se détacha de Rome et mis en place l’Église anglicane. Toutes les abbayes anglaises furent dissoutes, y compris celle de Bury St Edmunds. Lors de la dissolution de l’abbaye, en 1539, la châsse abritant les reliques est détruite et son or et son argent – pour une valeur de 5000 marcs – en sont retirés. En revanche, aucune source ne mentionne ce que devient le corps du roi, et l’emplacement de sa sépulture est perdu.

Cependant, un récit largement postérieur, puisque datant de 1697, mentionne que les reliques de saint Edmond furent placées par quelques moines dans un coffre en fer. Il est possible que lors de la dissolution, les moines aient été autorisés à translater les ossements royaux ; cependant le lieu où ils furent réinhumés – si l’histoire est véridique – n’est pas mentionné.

Une tombe royale sous un court de tennis ?

Bury St Edmunds, tennis
Vue des courts de tennis. Les ruines de l’abbaye sont visibles au second plan. Crédits : SWNS

Cependant, les historiens ont une hypothèse : si l’histoire est véridique et que le corps du roi ait effectivement été retiré de l’église par des moines, ils considèrent plausible que ceux-ci aient placé les restes dans le cimetière de l’abbaye.

Or, il se situerait dans les Jardins du Cloître, près des vestiges du monastère, sous un court de tennis. Des projets visant à les déplacer ont été lancés – d’autant plus qu’ils ne sont pas utilisés – afin de permettre aux  archéologues d’effectuer des fouilles pour déterminer si, oui ou non, saint Edmond gît en dessous.
Si le récit de 1697 se révèle fiable, ses restes seraient bien plus facile à identifier que ceux de Richard III : les moines les auraient placés dans un coffre en fer…

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