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Sanctuaire de Mithra découvert en Corse

C’est sur le site archéologique de Mariana à Lucciana, en Haute-Corse, que les archéologues de l’Inrap ont dégagé les vestiges d’un mithræum, un sanctuaire dédié au dieu Mithra, dont le culte connut un grand succès dans l’empire romain au début de notre ère.

Une petite colonie romaine

Mariana aurait été fondée vers 100 par Caius Marius, un célèbre général romain, comme une colonie de citoyens romains. A son apogée, vers le IIIe ou le IVe siècle, Mariana reste de taille modeste et ne dépasse pas les dix hectares, bien loin des 60 que recouvre alors Vesunna. Organisée en une vingtaine d’îlots, son port est alors actif à l’échelle méditerranéenne.

L’essor d’un culte à mystères

Mithra sacrifiant un taureau, vers 100-200 au Louvre-Lens. Le dieu est coiffé d’un bonnet phrygien. Crédits : Serge Ottaviani

A la fin du Ier siècle, le mithraïsme se répand dans l’empire romain, séduisant d’abord les élites, puis l’ensemble de la société et particulièrement les soldats.  D’origine indo-iranienne, il s’agit d’un culte monothéiste à mystères, réservé aux hommes, dont on sait finalement très peu de choses. En effet, on n’a que peu de traces écrites concernant ce culte et c’est surtout l’archéologie qui permet de s’en faire une idée.

Le succès du mithraïsme, dont on connaît une centaine de sanctuaires dans tout l’empire, dont une demi-douzaine en France, finit par faire concurrence au Christianisme lorsqu’il devient religion d’Etat. Il est alors combattu par les empereurs, puis finalement proscrit par Théodose en 392.

Le seul mithræum corse connu

Il a été identifié lors des fouilles de l’Inrap dans un quartier périphérique de l’agglomération antique de Mariana. Le sanctuaire comporte plusieurs espaces caractéristiques d’un mithræum : notamment une salle de culte et son antichambre. Les archéologues ont dégagé la salle d’assemblée de 11 mètres sur 5, constituée d’un couloir central surcreusé et bordé de deux longues banquettes de 1,8 mètres de largeur, délimitées par un muret soigneusement blanchis à la chaux. Deux niches en brique y sont aménagées, dont l’une contenait encore trois lampes à huile intacte.

Trois fragments d’un bas-relief de marbre ont aussi été découvert. Il devait se dresser à l’extrémité du couloir. On peut y voir Mithra sacrifiant un taureau, un chien et un serpent buvant le sang coulant de la gorge de l’animal, dont un scorpion pince les testicules. Sur la droite, un porteur de torche symbolise le soleil couchant ou la mort.

De nombreux autres vestiges ont été découverts : quelques éléments de marbre, dont une tête de femme, une plaque et deux clochette en bronze, une plaque de plomb ainsi que des lampes brisés et des pots qui ont pu faire partie du matériel liturgique du sanctuaire.

Le sanctuaire semble avoir disparu dès l’antiquité : l’autel du dieu a été brisé, l’édifice détruit et comblé de gravats. Peut-être cette destruction est-elle liée à l’interdiction du mithraïsme en 392, ou bien à l’introduction du Christianisme à Mariana : vers 400, un vaste complexe paléochrétien, comportant une basilique et un baptistère, y est édifié.

Les vestiges de ce sanctuaire de Mithra, rare en France et unique en Corse, sera intégré dans un parc archéologique de plusieurs hectares, comportant un musée, valorisant le site de Mariana.

 

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