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Découverte d’une momie intacte sur le site sacré inca de Pachacamac

Une équipe du Centre de recherche archéologique de l’Université libre de Bruxelles a fait une découverte exceptionnelle lors de fouilles sur le site précolombien de Pachacamac. Situé à une trentaine de kilomètres seulement du centre de Lima, la capitale du Pérou, ce site très ancien était le plus grand centre de pèlerinage de la côte à l’époque précolombienne. Les archéologues belges y ont retrouvé une momie parvenue jusqu’à nous dans un état de conservation remarquable, et antérieure à l’époque des Incas, qui remodèlent considérablement le site au XVe siècle.


Pachacamac, un site religieux précolombien majeur de la côte péruvienne.

Ce nom vous dit peut-être quelque chose – on le retrouve en effet beaucoup dans les albums de Tintin qui se déroulent au Pérou. Le site de Pachacamac a été très anciennement occupé et s’est imposé dès les premiers siècles de notre ère comme un centre religieux majeur. Il s’agissait en effet du sanctuaire principal du dieu éponyme, divinité majeure révérée pour avoir créé l’univers et tout ce qu’il contenait.

En tant que principal centre cérémoniel du peuple Ychsma, le site de Pachacamac est l’objet de nombreuses constructions monumentales en adobe, notamment des pyramides. Aujourd’hui, les ruines les plus remarquables remontent à l’époque inca, même si le site, qui couvre une zone d’environ 600 hectares, a livré des vestiges des différentes époques et cultures qui s’y sont succédé.

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Vue du site des fouilles à Pachacamac.

Les fouilles s’y poursuivent d’ailleurs toujours : dans le cadre du projet « Ychsma », du nom de la population autochtone, une campagne de 9 semaines a ainsi été menée sous la supervision du professeur Eeckhout. La découverte d’une momie intacte en a constitué le point d’orgue.


La découverte exceptionnelle d’une momie millénaire.

Avant l’arrivée des Incas dans la région, Pachacamac était déjà un sanctuaire majeur. Il comprenait alors de grandes chambres funéraires et de nombreuses momies, dont la plupart ont été pillées lors de la conquête espagnole. C’est l’une de ses chambres qui a miraculeusement été retrouvée lors de la dernière campagne de fouilles, et c’est là que les archéologues y ont trouvé la momie.

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Le paquet funéraire in situ.

Le professeur Eeckhout a ainsi rapporté que « Le défunt est toujours enveloppé d’un énorme « paquet funéraire » qui lui tenait lieu de cercueil », a déclaré le professeur Eeckhout. Ce type de paquet funéraire, parfois appelés « fardo », était une méthode permettant d’envelopper le corps dans une sorte de cocon composés de différentes couches de textiles et comprenant parfois des offrandes, avant de l’enterrer. Il était pratiqué par plusieurs cultures précolombiennes de la côte péruvienne, notamment les cultures Pacaras (-800 à 200) ou Wari (700 à 1200). Vous pouvez voir sur cette page une vidéo montrant l’ouverture d’un tel paquet funéraire de la culture Wari.

« De telles découvertes sont rarissimes, et cette momie est incroyablement bien conservée », poursuit le professeur Eeckhout. « Des échantillons ont été collectés pour datation au carbone 14, mais le contexte dans laquelle elle a été découverte et le type de sépulture laissent penser que cet individu a été inhumé entre 1000 et 1200 de notre ère ». A cette époque, la domination de l’empire Wari sur les différents peuples que recouvrait leur vaste empire s’était affaiblie. Comme la plupart de leurs anciens sujets, les Ychsmas de Pachacamac avaient repris leur indépendance.

De par son extraordinaire état de conservation, les chercheurs pourront étudier la momie sans avoir à la retirer de son paquet. En partenariat avec le Musée du Quai Branly à Paris, ils examineront prochainement les restes du défunt à l’aide de techniques de pointe non-invasives de l’imagerie médicale (scanner à rayons X, tomographies axiales, reconstitutions tridimensionnelles etc). Ces recherches permettront de déterminer dans quel position a été inhumé le corps, s’il était affecté de pathologies et quelles offrandes se trouvent à l’intérieur du paquet funéraire.


La mise au jour de grandes structures religieuses Incas.

Les fouilles ont aussi permis la mise au jour de trois structures monumentales, dont un sanctuaire dédié aux ancêtres locaux. Les Incas l’auraient transformé dès la fin du XVe siècle en temple de l’eau et des guérisseurs. Les archéologues y ont mis au jour de nombreuses offrandes laissés par les pèlerins, comme des coquillages spondyles, importés d’Equateur (à plus d’un millier de kilomètres au nord). Associés à l’arrivée de l’eau en période d’El Niño, ils symbolisaient par extension la fertilité et l’abondance.

Les autres structures dégagées au cours des fouilles sont aussi religieuses : la première, un monument inca servant à accueillir les pèlerins et les rituels, a été construit en plusieurs phases. Chacune d’entre elles est identifiable par des séries d’offrandes, notamment de coquillages et d’objets précieux.

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Les restes d’un chien sacrifié découvert sur le site.

La dernière structure fouillée était probablement l’une des « chapelles » pour les pèlerins étrangers que le moine espagnol Antonio de la Calancha mentionne dans sa description du site remontant au XVIIe siècle. Là aussi, les fouilles ont mis au jour de nombreuses offrandes de fondation, comprenant des vases, des chiens et d’autres animaux. Par ailleurs, les archéologues ont retrouvé une plateforme avec un trou en son centre, qui devait accueillir une idole. Tout le complexe semble avoir été conçu autour de celle-ci, en vue d’activités religieuses en lien avec les pèlerins.

Ces découvertes indiquent pour les chercheurs que les Incas ont effectué des modifications considérables au site de Pachacamac, dans le but de créer un large centre de pèlerinage au centre de la côte pacifique péruvienne. « Les divinités et leur vénération jouaient un rôle majeur dans la vie des sociétés précolombiennes », conclut Peter Eeckhout. Les Incas l’avaient très bien compris, et l’ont intégré dans leur manière d’exercer leur pouvoir. La promotion de cultes à l’échelle de l’empire tout entier contribuait à créer une identité commune entre la grande variété de peuples qui composaient l’empire. Pachacamac est l’un des exemples les plus frappants de cette politique ».

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