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L’étude de momies égyptiennes révèle les plus vieux cas connus de cancer du sein et sang

L’avancée technologique de ces dernières années permet aujourd’hui des études non intrusives et une bien meilleure compréhension des vestiges parvenus jusqu’à nous. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de restes humains, comme vient de le prouver une équipe internationale, menée par le professeur Miguel Cecilio Botella López du Département de Médecine Légale, de Toxicologie et d’Anthropologie physique de l’université de Grenade, en étudiant des momies provenant d’Éléphantine, près d’Assouan en Haute-Egypte.


Quatre momies de la nécropole de Qubbet el-Hawa.

Dans l’antiquité, Éléphantine était la capitale d’un nome et une cité importante de l’Egypte ancienne. C’était aussi un centre commercial actif, canalisant les échanges avec le pays de Koush et l’Afrique subsaharienne. Son aristocratie disposait de sa propre nécropole, située à l’ouest d’Assouan, et creusée dans la colline de Qubbet el-Haza, ce qui signifie la colline du vent.

Cette nécropole a livré plusieurs tombes – notamment celles des gouverneurs du nome et de membres de leurs familles, dont une a été récemment découverte. Quatre momies provenant de cette nécropole ont ainsi été étudiées : deux adultes, un homme et une femme, un enfant et une adolescente.


Une étude par tomodensitométrie.

L’équipe de recherche de l’hôpital « Campus de la Salud » à Grenade a obtenu les images du service de radiodiagnostic de l’hôpital universitaire d’Assouan. Y ont été employés des scanners de la dernière génération, capable de réaliser 124 tranches tomographiques simultanément, et avec un haut degré de précision.

Cette technique non-invasive, appelée tomodensitométrie ou scanographie, permet de visualiser l’intérieur des momies en fournissant de meilleurs résultats que des méthodes plus traditionnelles, qui aboutissent inévitablement à la perte d’une partie significative des bandelettes entoura la momie, ainsi qu’à la destruction partielle de ses vêtements et du corps lui-même.

Ces techniques sont aussi plus précises quand il s’agit de collecter des informations concernant l’intérieur des momies, ainsi que de saisir les détails du vêtement et les techniques de momification employées.

Les scanners ont ainsi permis de visualiser l’intérieur de deux des momies, dont il ne reste par ailleurs que les os, sous leurs bandelettes. Le professeur Botella López explique ainsi : « les deux momies sont toujours enroulées dans de spectaculaires linceuls de perles de faïence multicolores, qui à leur tour ressemblent à un masque. Les structures du corps des momies de cette période sont superbement préservées et nous pouvons discerner très clairement à quoi leurs visages ressemblaient ».


Les plus anciens cas identifiés de cancer du sein et de maladie de Kahler.

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Scanner de l’une des deux momies adultes.

Suivant les analyses détaillées des momies, l’équipe de recherche internationale a établi que la femme adulte était morte vers 2000 avant notre ère. Elle était atteinte d’un cancer du sein. Quant à l’homme, il était décédé vers -1800 et souffrait de myélome multiple des os (ou maladie de Kahler), un cancer se développant à partir de cellules se trouvant dans la moelle osseuse et générant les cellules du sang.

Ce sont les cas les plus anciens découverts de ces deux maladies, qui ont permis aux chercheurs de confirmer que ces maladies étaient déjà présentes dans des sociétés humaines aussi anciennes. Les résultats ont aussi confirmé que ces individus appartenaient à une société assez avancée pour les accompagner et les soigner avec suffisamment de ressources au cours de leur maladie, à une époque où aucun traitement ou remède véritablement efficaces n’étaient disponibles.

Quant au scanner des deux momies de la Basse Epoque, ils ont montré que l’un était un garçon d’environ 9 ans, et l’autre celui d’une adolescente. En revanche, aucune trace de maladie n’a été décelée sur les momies de la Basse Epoque. Par conséquent, les chercheurs pensent que des infections aiguës ont été la cause de la mort dans ces cas-là.

En effet, les infections résultent en la mort de la personne affectée ou sa guérison sur une période de temps courte ; pour cette raison, elles ne laissent aucune marque sur les os. Les infections étaient durant les temps anciens l’une des causes de mortalité les plus communes – et le sont d’ailleurs encore aujourd’hui, malgré la variété des traitements modernes.


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