Découverte archéologiqueGrèce antique

Des singes sur une peinture minoenne témoignent d’échanges lointains

A l’âge du bronze, Akrotiri était une ville minoenne florissante sur l’île grecque de Thera (Santorin). Mais vers -1600, une éruption volcanique va figer la ville dans le temps, tout comme Pompéi. La découverte de ses vestiges dans les années 50 constitue l’une des découvertes majeures de l’archéologie du XXe siècle, et a permis des avancées majeures dans la compréhension de la civilisation minoenne.

Dans les ruines des maisons et édifices d’Aktoriri ont été retrouvées de nombreuses fresques, parfois bien préservées. Dans une demeure en particulier sont visibles plusieurs peintures de singes. Ces animaux ne vivaient pas en Grèce à cette époque et la plupart des singes représentés avaient été identifiés comme des espèces égyptiennes, comme les babouins d’olive. Jusque là rien de très étonnant : bien qu’éloignée de centaines de kilomètres, l’Egypte était un partenaire commercial important des Minoens, dont les principales cités se trouvaient en Crète, et les échanges entre ces deux civilisations sont bien attestés.

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La fresque, en partie reconstituée, représentant des singes.

Cependant en réexaminant la peinture dite des singes bleus avec des primatologues, Marie Nicole Pareja, de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, a conclu que l’un des singes représentés était un langur. Or le langur ne vit pas en Egypte dans le sous-continent indien. A l’âge du bronze, la civilisation de l’Indus s’épanouissait encore dans une aire géographique aujourd’hui principalement recouverte par le Pakistan et même si cette civilisation avait décliné dès avant l’éruption volcanique qui mit fin à Akrotiri, elle restait encore avancée pour son époque.

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Un langur.

Pour figurer un langur gris sur la peinture d’Aktoriri, il est probable que son réalisateur ait eu l’occasion de voir cet animal en vrai. Mais comment? Les Minoens ont-ils visité l’Indus? Nicole Maria Pareja considère que c’est probable. Inversement, des Indusiens auraient aussi pu atteindre les cités minoennes ; mais aucune preuve n’est attestée de l’un ou l’autre.

Une autre possibilité est qu’une autre civilisation ait servi de relais : à l’âge du bronze, la Mésopotamie était aussi le berceau d’une civilisation brillante, centrée principalement sur ce qui correspond aujourd’hui à l’Irak. Il est ainsi possible que des langurs aient été importés en Mésopotamie, plus proche de leur région natale, où ils auraient pu vivre dans des ménageries. Des commerçants minoens auraient pu les y voir, et peut-être même en rapporter dans leurs patries.

Dans tous les cas, cette peinture atteste d’un commerce et d’échanges de grande envergure, directs ou non, mettant en relation culturelle ou économique des régions très lointaines l’une de l’autres.


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2 réflexions sur “Des singes sur une peinture minoenne témoignent d’échanges lointains

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