Alexandrie, capitale grecque d’Egypte et phare du monde hellénistique

Le contenu de cet article accessible en un clic:
>> Alexandrie, fondation ex-nihilo d’Alexandre le Grand.
>> Une capitale somptueuse pour l’Egypte des Ptolémée.
>> Une métropole grecque et un centre majeur du monde hellénistique.
>> Que reste-t-il d’Alexandrie ? L’archéologie de la ville des Ptolémée sur terre.
>> Les vestiges sous-marin d’Alexandrie.
>> Aventures et énigmes archéologiques d’Alexandrie.
>> Fouilles et actualité de l’archéologie à Alexandrie.


Alexandrie, fondation ex-nihilo d’Alexandre le Grand.

Au IVe siècle av. J.-C., le brillant stratège et conquérant grec, Alexandre le Grand, laissa son empreinte indélébile sur l’histoire en conquérant l’un des plus grands empires que le monde ait connu. Après avoir conquis l’Égypte en 332 av. J.-C., Alexandre fonda une nouvelle ville : Alexandrie d’Egypte.

L’Egypte comptait déjà une ville grecque, Naucratis, et le delta comptait de nombreuses grandes cités comme Bubastis ou Tanis. Mais Alexandre choisit un emplacement stratégique sur les bords de la Méditerranée, y voyant le potentiel commercial au débouché de la vallée du Nil. La planification de la ville aurait été l’œuvre de Dinocrate de Rhodes, un architecte et ingénieur qui la conçut sur un plan hippodamien.


Alexandrie, une capitale somptueuse pour l’Egypte des Ptolémée.

Après la mort d’Alexandre, Ptolémée s’empare de l’Egypte et fonde l’un des plus puissants royaumes hellénistiques. Alexandrie en est la capitale ; Ptolémée parvient même à voler la dépouille d’Alexandre et la fait installer somptueusement dans la ville.

Alexandrie est avant tout pensée comme une ville grecque, dans sa conception tout comme dans sa population. Cependant, des éléments égyptiens, en partie liés au syncrétisme religieux que met en avant la dynastie régnante, fusionnent avec la nature de la ville. Organisé selon un plan hippodamien, avec des grandes rues bordées de colonnades, les Ptolémée dote rapidement la ville de monuments somptueux.

Le quartier palatial comprend non seulement les palais, mais aussi les tombeaux royaux. La construction du phare débute vers -290 sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, et prend fin vers -280 sous celui de son successeur, Ptolémée III Evergète. Haut d’environ 125 mètres, c’est un prodige d’ingénierie antique qui guidait les navires avec son feu visible à une centaine de kilomètres. Les anciens le considèrent d’ailleurs comme la septième merveille du monde.

Alexandrie accueillait aussi des sanctuaires importants, comme celui de Sérapis.


Une métropole grecque, centre du monde hellénistique.

Alexandrie devint rapidement un carrefour commercial majeur, débouché naturel du Nil et de l’Afrique, reliant l’Orient et l’Occident. Son port, alors le plus grand du monde antique, accueille des navires de toutes les contrées et fait de la ville un lieu d’échanges culturels et commerciaux foisonnant. Bien que cité grecque – les Egyptiens de souche n’ont pas le droit de s’y installer pendant longtemps – la cité est cosmopolite. Elle acueile notamment une grande communauté juive, et c’est là qu’est rédigée la Torah alexandrine. De nombreuses autres influences des cultures du bassin de la Méditerranée sont sensibles dans la ville.

Après la fin des Ptolémée et l’intégration d’Alexandrie au monde romain, la cité n’est plus capitale mais conserve son importance et demeure l’une des métropoles les plus importantes du bassin méditerranéen. Ce n’est qu’à la période byzantine que la cité commence à décliner.

Alexandrie était par ailleurs un centre culture majeur. La bibliothèque d’Alexandrie en était la manifestation la plus visible, mais de nombreuses écoles se trouvaient aussi dans la ville, qui devient au IIIe siècle un centre majeur de l’affrontement entre la pensée païenne et la pensée chrétienne, dont l’histoire tragique d’Hypatia est l’exemple le plus célèbre.


Les vestiges d’Alexandrie sur la terre ferme.

Au regard de son importance historique et culturelle dans l’antiquité, les vestiges aujourd’hui visibles d’Alexandrie apparaissent somme toute assez modeste.

Kom al-Dikka.

Dans les années 60, une forteresse de l’époque napoléonienne est détruite. Les fouilles à cette emplacement mettent au jour un ensemble monumental d’époque romaine, comprenant notamment le bâtiment communément désigné comme l’amphithéâtre romain, bien que ses dimensions assez modestes (pouvant accueillir 700 à 800 personnes) puissent pointer vers un usage éducatif plus que de divertissement.

Les ruines de la villa aux oiseaux et des somptueuses mosaïques, de thermes et la colonne de la victoire, érigée par l’empereur Dioclétien, font aussi partie des vestiges remarquables sur le site archéologique le plus connu d’Alexandrie.

Kom al-Shoqafa

Au début du XXe siècle, la jambe d’un âne se coince dans un trou et entraîne la découverte d’un réseau profond de catacombes. Il s’agit en fait à l’origine d’une tombe familiale privée, étendue par la suite pour accueillir les dépouilles d’autres membres de l’élite alexandrine. Les catacombes sont construites sur plusieurs niveaux, mais ses parties les plus spectaculaires sont sans aucun doute le triclinium, qui servait de salle pour les banquets funéraires, où s’assemblaient la famille et les amis du défunt sur des couches dans le style romain ; et une tombe dans la partie basse des catacombes. Ayant la forme d’une entrée de temple égyptien, flanquée par deux dieux serpents appelés agathodaemons en grec, son architecture fusionne les thèmes et conventions artistiques égyptiens, grecs et romains.

Les citernes d’Alexandrie.

Sous la surface de la ville moderne se cache tout un réseau de citernes. En effet la ville est localisée sur la mer et non directement sur le Nil. Pendant longtemps, son approvisionnement en eau était assuré par l’utilisation des nappes phréatiques. A l’époque ptolémaïque, il existait des citernes creusées dans la roche, mais elles étaient souvent de taille réduite. Cependant en 365, un tsunami change la donne en rendant l’eau des nappes phréatiques saumâtre. Alexandrie devient alors plus dépendante de l’eau du Nil, amenée par une canal long de 30 kilomètres, et de l’eau de pluie. C’est ainsi qu’avec le temps, un système complexe de citernes se met en place. A titre d’exemple, la citerne alimentant les bains retrouvés à Kom al-Dikka s’étendait sur 2500 m² et comptait quatre niveaux, avec des arches et des colonnes réemployées d’anciens bâtiments. , s’étendant parfois sur quatre niveaux, avec des arches et des colonnes réemployées de bâtiments plus anciens.

Certaines de ces citernes ont d’ailleurs servi de refuge à la population durant les bombardements de la seconde guerre mondiale et subi à cette occasion des modifications pour les renforcer et les rendre habitable.


Le Sérapeum

Un des principaux sanctuaires d’Alexandrie était le Serapeion. Consacré à Sérapis, une divinité syncrétique mise en avant par les Ptolémée, et qui avait des sanctuaires en Egypte (comme en Memphis), puis dans tout le monde romain ou son culte devint populaire, le Serapeion était aussi un centre culturel remarquable. Il renfermait de nombreux textes sacrés, manuscrit et œuvres littéraires. Cela en fait une cible prioritaire pour les Chrétiens. L’empereur Constantin en ordonne probablement la fermeture en 325. En 391, l’empereur Théodose interdit les cultes païens, conduisant à l’abandon de nombreux temples. D’après des sources antiques, cela donne lieu à des émeutes à Alexandrie. L’importance du Serapeion comme centre religieux et culturel était tels que des Païens défient l’édit impérial et s’enferment dans le temple et son enclos. Il est alors pris d’assaut et détruit, ce qui est vu comme une grande victoire pour le Christianisme en voie d’affermissement. Un monastère est construit à son emplacement. En ruines vers 600, il est restauré au VIIe siècle avant d’être finalement détruit au Xe. Le site est, beaucoup plus tard, utilisé comme un cimetière musulman.

Les ruines visibles du Serapeion ne reflètent guère son importance durant l’antiquité. Le plus remarquable monument visible sur le site est la colonne d’un peu moins de 30 mètres de haut. Appelée colonne de Pompée, elle aurait en fait été élevée par l’empereur Dioclétien qui assiégea Alexandrie durant 8 mois pour la reprendre à un usurpateur. De nombreuses statues égyptiennes, transportées depuis Héliopolis, près du Caire, sont placées autour. Le reste des vestiges est peu lisible.

Sous le Serapeion se trouvent aussi des catacombes.

Fouilles à al-Shabti.

Comme dans bien des villes, les vestiges de l’Alexandrie antique reposent aujourd’hui sous la ville moderne. En 2022, les ruines d’un faubourg gréco-romain, situé en périphérie de la cité, ont été mis au jour dans la zone d’al-Shabti. Les fouilles ont révélé une grande route, sur lesquels d’autres axes s’ouvraient perpendiculairement. Toute les rues étaient reliées à un système d’égoûts. Les archéologues ont aussi retrouvé des puits, des espaces de stockage, des ateliers et des boutiques. L’une des industries de la zone semble avoir été la confection de statues de dieux, empereurs et personnalités. Les fouilles ont ainsi livré des moules pour réaliser ces statues, un bustes d’labâtre ainsi que des objets utilisés pour produire des amulettes destinées au soldats. Le site aurait été en activité entre le IIe siècle avant notre ère (époque ptolémaïque) jusqu’au IVe siècle de notre ère.

https://www.archaeology.wiki/blog/2021/09/06/ruins-of-a-greco-roman-settlement-discovered-in-alexandria/

Le musée gréco-romain d’Alexandrie

Il accueille les principales oeuvres artistiques retrouvées dans la ville.


Les vestiges d’Alexandrie sous-marin d’Alexandrie.

Affecté par de nombreux séismes et tsunamis, la ligne de côte a été profondément modifiée depuis l’antiquité. C’est pourquoi, tout comme Thonis, une partie d’Alexandrie, et non des moindres, est aujourd’hui sous les eaux.

Le phare d’Alexandrie, la septième merveille du monde engloutie.

Détruit par un séisme au Moyen-Âge, ses vestiges ont retrouvées lors des explorations sous-marines de Jean-Yves Lempereur. Parmi les plus remarquables, deux colosses figurant Ptolémée II et son épouse.

Les palais royaux de Cléopâtre et des Ptolémée.

Le quartier royal, qui comportait non seulement les palais des souverains ptolémaïques, mais aussi leurs tombeaux, se trouverait sous les aux du ports oriental d’Alexandrie. Les recherches sous-marines y ont repéré des sphinx, des colonnes de granite rouge, des plateformes et des pavements et les chercheurs pensent qu’il s’agirait de vestiges du quartier royal, comprenant les palais et les tombeaux des Ptolémée.


Les grandes énigmes archéologiques d’Alexandrie.

Alexandrie reste une ville à fort potentiel pour les archéologues, qui espèrent y retrouver la tombe d’Alexandre le Grand, mais aussi celle de Cléopâtre et des autres souverains de la dynastie des Ptolémée.


Les fouilles et les actualités de l’archéologie à Alexandrie.