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Mosaïque aux lions et statue d’Alexandre trouvées au théâtre de Prusias ad Hypium

Dès le XIXe siècle, des voyageurs remarquent l’abondance de vestiges archéologiques près de la bourgade turque de Konulrap, en Bithynie. A la fin du siècle et au début du XXe, des sculptures sont transportées au musée archéologique d’Istanbul et les autorités commencent à prendre conscience de l’intérêt du site. Les recherches scientifiques ne commencent cependant que beaucoup plus tard, et se poursuivent de nos jours.


Prusias ad Hypium, une importante cité grecque et romaine de Bithynie.

Prusias ad Hypium était une cité importante de Bithynie durant l’antiquité grecque et romaine. Fondée dans les premiers siècles avant notre ère, elle aurait été conquise et renommée Prusias par le roi hellénistique Pruse de Bithynie (vers -230/228 à -182). La cité, placée sur une route importante entre Nicomédie et Amastris, passe en -74 sous le contrôle des Romains.

Elle est dès lors appelée Prusias ad Hypium (car située proche du mont et de la rivière Hypius) pour la différencier des autres villes homonymes. Dès le règne de Vespasien (69-79), la cité a acquis son autonomie et a obtenu le droit de battre monnaie. Trois empereurs romains, Hadrien, Caracalla et Héliogabale visitèrent la cité. Cependant, au début de la période byzantine, la cité perd son importance. Elle survit tant bien que mal jusqu’à la période ottomane, époque à laquelle elle est abandonnée.

De nombreux vestiges gréco-romains sont aujourd’hui visibles sur le site archéologique, et notamment les remparts de la ville, son aqueduc, les restes d’un pont, d’une rue à colonnade ou de sa nécropole. L’un des plus importants héritage de l’antiquité est le théâtre, construit durant la période hellénistique, puis agrandi à l’époque romaine au Ier et IIe siècles de notre ère. Il mesure 100 mètres sur 74 et avait une capacité d’environ 10000 spectateurs. Sa décoration était très soignée, comme en témoignent les deux découvertes qui y ont été faites.


Deux belles découvertes dans le théatre : une tête d’Alexandre le Grand et une mosaïque aux lions associée à Dyonisos.

En septembre 2023, les archéologues ont retrouvé une tête de statue au sommet du théâtre. Réalisée en marbre blanc, elle mesure 23 cm de haut. Les chercheurs l’ont attribué à Alexandre le Grand, en se basant notamment sur la manière dont est représentée la chevelure du personnage. La coiffure bouclée jusqu’au cou et les deux mèches de cheveux au milieu de son front rappelant la crinière d’un lion sont en effet une représentation typique du grand conquérant.

Mais ce n’est pas la seule trouvaille de l’équipe de recherches, puisqu’ils ont aussi mis au jour en novembre 2023 une mosaïque représentant deux lions. Elle se trouve au milieu de l’axe du théâtre, dans une pièce rectangulaire dont les murs intérieurs étaient recouverts de plaques de marbre maintenus par une épaisse couche de mortier. Tout le sol de la pièce est recouvert d’une mosaïque de tesselles blanches, bleues, jaunes, vertes et brunes, d’une grande finesse d’exécution. La bordure de la mosaïque est décorée de motifs géométriques, dont les tesselles sont plus grandes et colorées. Au centre est représentée un arbre entouré par deux lions. Cette iconographie et les objets retrouvés sur place montrent que l’endroit était associé au culte de Dionysos (ou Bacchus pour les Romains). Cette divinité était notamment liée à la viticulture et au vin, à la fête et à la folie et à l’extase, mais aussi au théâtre. Lions et léopards lui étaient aussi associés et figurent fréquemment dans son iconographie.

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