Découverte archéologiqueOrient byzantin

Ruines d’une église byzantine incendiée dégagées à Antioche

Antioche de Pisidie est l’une des nombreuses cités nommées d’après le roi séleucide Antiochos dans l’Orient hellénistique. Située en Anatolie, il ne faut pas la confondre avec la plus connue d’entre elles, Antioche sur l’Oronte (l’actuelle Antakya), qui fut la capitale du royaume Séleucide et demeura une cité importante durant tout le Moyen-âge. Plus modeste, la destinée d’Antioche de Pisidie est cependant mise en lumière par des fouilles récentes qui nous permettent de mieux cerner son histoire médiévale, qui se révèle agité.

 

Antioche, une cité hellénistique anatolienne

Vue des ruines d'Antioche. Credits : Maderibeyza - CC by SA.
Vue des ruines d’Antioche. Credits : Maderibeyza – CC by SA.

Le site d’Antioche de Pisidie est occupé depuis le paléolithique, mais la cité ne rentre vraiment dans l’histoire que lors de l’établissement d’une colonie par les premiers souverains Séleucides, soit Séleucos Ier (au doux surnom de Nicator, « victorieux ») qui règne de -305 à -281, soit son fils Antiochos Ier (-281 à -261).

La ville passe ensuite aux mains des royaumes de Pergame et de Cappadoce avant de devenir romaine. La Pisidie est une région au relief difficile où sévissaient alors pirates et brigands. Pour y assurer leur domination, les Romains vont y installer plusieurs colonies militaires, y compris à Antioche. La ville se latinise alors avant de se christianiser au Ier siècle. L’apôtre Paul y prêche, puis un évêque y est installé.

Credits : Spiridon Ion Cepleanu - CC by SA.
Credits : Spiridon Ion Cepleanu – CC by SA.

La cité reste assez prospère jusqu’au VIIe-VIIIe siècle, mais la situation difficile de l’empire byzantin, en lutte contre les Perses, puis contre les Arabes, y met un terme. En 713, les Omeyyades lancent un raid sur la ville, qui ne s’en remettra jamais. Après la bataille de Mantzikert en 1071, les Seljouks s’emparent de la cité, qui voit ensuite passer les Croisés en route vers Jérusalem, et change fréquemment de mains au XIe siècle, au rythme des avancées et reculs des Byzantins. Ceux-ci perdent cependant définitivement le contrôle de la région après la bataille de Myrokephalon en 1176.

Le retour de la stabilité entraîne l’abandon progressif de l’ancienne cité antique au profit de Yalvaç, située à quelques kilomètres en contrebas.

 

Une église incendiée au XIe ou XIIe siècle

Les campagnes de fouilles menées depuis trois ans dans la ville ont permis la mise à jour de deux nouvelles églises importantes. L’une d’entre elle, dont le dégagement a été achevé cette année, remonte au VIe siècle. Elle avait été édifiée sur un temple romain de l’époque antonine (Ier siècle après JC) et fut détruite par un incendie dont la chaleur fut si intense que ses pierres ont éclaté.

Une pièce seljouk trouvée dans l’édifice ainsi que différentes autres observations poussent les archéologues à penser que l’église a brûlé au XIe ou XIIe siècle. Il semble aussi que le marbre de son sol a préalablement été retiré. Cette période correspond à la période durant laquelle Antioche est âprement disputée entre les Byzantins et les Seljouks, et il n’est pas impossible que l’église ait été incendiée lors de ces événements.

En tout cas, la découverte de ces deux églises permet de mieux comprendre l’organisation de la ville au Moyen-Âge. Antioche était alors divisée en quartiers et comptait au moins quatre églises importantes qui pouvaient accueillir 300 personnes chacune.

 

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