Licht, nécropole des pharaons du Moyen-Empire

Bien qu’il ait été l’une des périodes les plus florissantes de l’Egypte ancienne, le Moyen Empire reste plus obscur pour le grand public. Ses pharaons sont moins connus que ceux du Nouvel Empire comme Toutankhamon ou Ramsès II, et les vestiges de cette époque qui nous sont parvenus peinent à rivaliser avec les pyramides de l’Ancien Empire ou les temples majestueux du Nouvel-Empire et de la Basse-Epoque.

Cela explique que des sites archéologiques majeurs comme ceux de Licht restent assez confidentiels. Pourtant, Licht est la nécropole des pharaons de la XIIe dynastie. Pour comprendre l’établissement de cette nécropole, loin des centres traditionnels du pouvoir de Thèbes ou de Memphis, il faut remonter à la XIe dynastie, la première du Moyen-Empire, qui régnait depuis Thèbes, en Haute-Egypte. Mais lorsqu’il prend le pouvoir, le premier pharaon de la XIIe dynastie, Amenemhat Ier (-1991 à -1962) décide de rompre avec les traditions de la dynastie précédente et de déplacer le centre du pouvoir vers le nord. Il fonde une cité ex-nihilo dans le Fayoum : Amenemhat-itj-tawy, signifiant « Amenemhat (celui qui) s’empare des Deux Terres ». Qui dit nouvelle capitale dit nouvelle nécropole : ce sera Licht.

Itjtawy, capitale perdue du Moyen-Empire.

Carte de l'Egypte montrant la localisation de Licht, nécropole des pharaons de la XIIe dynastie

S’il reste encore des mystères à percer pour les archéologues du futur, le site de cette capitale est l’un d’entre eux : il n’a pas encore été identifié avec certitude à ce jour.

Itjtawy se situait probablement à une cinquantaine de kilomètres au sud de Memphis, près des bouches du Fayoum, une large dépression à l’ouest de la vallée du Nil. Permettant de contrôler aisément tant la Haute que la Basse-Egypte, la nouvelle capitale se trouvait également plus proche de la source des invasions asiatiques menaçant le pays à cette époque.

Par ailleurs, Amenemhat et ses successeurs se soucieront de valoriser et de mettre en culture les terres du Fayoum, préoccupation que la proximité géographique d’Itjtawy avec cette région favorisait naturellement.

Mais si l’emplacement exact d’Itjtawy reste à l’heure actuelle inconnu, on connaît en revanche l’emplacement de ses nécropoles, dont la capitale ne devait pas être très éloignée. La plus importante, où furent édifiées notamment les pyramides d’Amenemhat Ier et de son fils Sésostris Ier, est située près du village moderne d’el-Licht.

Bas-relief du temple funéraire d'Amenemhat, Licht, nécropole des pharaons de la XIIe dynastie.
Bas-relief provenant du temple funéraire d’Amenemhat Ier, montrant le pharaon entouré d’Horus et d’Anubis.

Licht, nécropole royale de la XIIe dynastie.

Lorsqu’il fait construire sa nouvelle capitale, Amenemhat Ier se préoccupe aussi de son devenir dans l’au-delà. Il choisit le site d’el-Licht pour accueillir sa sépulture. Son fils Sésostris Ier (-1962 à -1928) l’imite, et ces deux pharaons font édifier chacun un complexe funéraire monumental assorti d’une pyramide, haute de 55 mètres pour Amenemhat et de 61 pour Sésostris.

Pyramide d'Amenemhat Ier à Licht
Vue de la pyramide d’Amenemhat Ier à Licht.

Les vestiges de la première mesurent encore environ 20 mètres, tandis que la seconde est aujourd’hui réduite à ses fondations. En revanche, le temple funéraire de Sésostris est mieux conservé que celui de son père. Autour de ces deux complexes, des tombes furent aménagés pour la famille des pharaons et leurs serviteurs, mais l’ensemble de la nécropole semble être tombée en désuétude après la chute de la dynastie, vers -1780, et la plupart de ses tombes furent pillées dès l’antiquité.

Fouillé d’abord par des Français entre 1882 et 1885, le site a été dès le début du XXe siècle principalement exploré par le Metropolitan Museum of Art de New-York.

Licht, une nécropole encore méconnue.

Même si le site de Licht a été fouillé depuis la fin du XIXe siècle, les archéologues américains du XXe siècle se sont principalement consacrés à cartographier et explorer les deux pyramides et la zone environnante. Kathryn Bard, archéologue de l’université de Boston, qui participe aux recherches, explique que : « on ne connaît pas vraiment beaucoup de tombe dans cette zone, à l’exception des tombes royales qui s’y situent ».

Le reste du site reste donc largement inexploré. Or en 2014, en travaillant sur des images satellites à haute résolution, l’égyptologue Sarah Parcak et ses collègues de l’université de Birmingham en Alabama constatent l’existence de fosses de pillage à environ 300 mètres au nord-est de la pyramide de Sésostris Ier. En étudiant les images de plus près, ils se rendent compte que ces fosses se sont multipliées entre 2009 et 2013, suivant la récession économique que l’Egypte a connu en 2009 et les troubles politiques de 2011.

Cependant, il était difficile de savoir où menaient ces trous depuis le ciel. C’est en effectuant des travaux au sol que les archéologues ont pu confirmer que la plupart de ces fosses menaient bien à des tombes. Celles-ci ont déjà été largement pillées, mais la zone révèle une nécropole immense, comptant des centaines de tombes.

Une des plus vastes nécropoles du Moyen Empire.

Les archéologues ont cependant recommencé à travailler sur le site. Depuis 2017, ils ont recensé et cartographié non moins de 802 sépultures, jusqu’alors toutes inconnues. Elles constituent un entrelacs complexe de tombes et caveaux imbriqués les uns dans les autres. La plupart d’entre elles étaient collectives et comprenaient des espaces permettant d’accueillir jusqu’à huit dépouilles, ce qui signifie que la nécropole aurait pu abriter les corps d’au moins 4000 individus. Beaucoup de tombes étaient réutilisées par les familles sur de nombreuses générations.

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