L’escalier du Phnom Kulen, vestige d’une ancienne capitale khmer ?
Le Phnom Kulen, non loin du site d’Angkor au Cambodge, est une chaîne de petites montagnes aux pentes rocheuses et abruptes, culminant à 487 mètres. C’est aussi un lieu important de l’identité khmer, qui renferme de nombreux vestiges et d’anciens lieux de culte et fut le siège au IXe siècle de la capitale du royaume Khmer. Entre cette époque et le XIIIe siècle, alors que le Cambodge connaît son apogée, un souverain puissant y fait aussi construire un escalier monumental pour faciliter l’ascension des pentes escarpées du massif. Aujourd’hui, les archéologues cherchent à mieux comprendre cet ouvrage.
Une cité longtemps oubliée.
Bien qu’elle soit aujourd’hui totalement engloutie sous la jungle, la cité de Mahendraparvata fut autrefois la capitale de l’empire Khmer. Fondée par le roi Jayavarman II qui libéra son royaume de la tutelle de Java en 802, la ville fut par la suite supplantée par Angkor, située à une trentaine de km en contrebas. Par la suite, elle fut engloutie sous la jungle. Répertoriée au XIXe siècle, puis localisée en 1936, ses vestiges restaient cependant largement méconnus. Par la suite, les Khmers rouges minèrent lourdement le massif du Phnom Kulen où ils se maintinrent jusqu’en 1996, retardant encore l’étude des ruines.
C’est récemment seulement que l’étude de cette ancienne capitale khmer a pu reprendre. Sous l’impulsion de l’archéologue Jean-Baptiste Chevance, et grâce à la technologie du Lidar, laser embarqué par hélicoptère, on commence à en savoir davantage sur ces vestiges, engloutis par un couvert forestier très dense qui les rend presque invisibles.
Ces recherches révèlent pourtant une cité gigantesque, comprenant un temple montagne et une trentaine de sanctuaires, avec des avenues mesurant parfois soixante mètres de large et un dense réseau de digues, routes et canaux.
Un escalier de 550 mètres.
L’équipe de Jean-Baptiste Chevance tourne maintenant son attention sur l’escalier et espère que l’utilisation du Lidar et de sondages en surface permettront d’en savoir davantage sur l’époque de sa construction. Car on en sait bien peut sur cet escalier, connu sous le nom de Pleu Cere et qui s’étire sur une longueur de 550 mètres.
Large de 15 mètres et construit en latérite de couleur rouille, il a survécu à des centaines d’années d’utilisation, aux mines des Khmers Rouges et aux dommages accidentels causés par les bûcherons qui l’utilisent encore pour faire descendre les arbres qu’ils abattent. La déforestation ne serait d’ailleurs pas une pratique nouvelle : l’archéologue australien Damian Evans a émis l’hypothèse que la surexploitation du bois aux époques anciennes aurait pu précipiter le déclin d’Angkor.
L’escalier est interposé de quatre larges constructions plates qui semblent avoir fonctionné comme des aires de repos, procurant accès à de l’eau de source. A d’autres endroits, les constructeurs semblent avoir taillé l’escalier directement dans de grands blocs de roche. Mais à l’heure actuelle, la seule chose dont les archéologue sont certains est que sa construction n’a pas été une mine affaire. Jean-Baptiste Chevance considère que la force de travail requise pour réaliser un tel ouvrage exclue qu’il ait s’agit d’une entreprise privée, et que son initiateur était certainement un roi.
Beaucoup de questions encore sans réponse
Alors l’édifice remonte-t-il à Jayavarman II, lorsqu’il fait édifier la ville de Mahendraparvata sur les pentes du massif ?
Ou fut-il édifié plusieurs siècles plus tard, après que la capitale ait été déplacée dans la plaine, à Angkor Thom, à la fin du XIIe siècle, ce qui indiquerait que la montagne voyait le passage de nombreux pèlerins se rendant vers les grottes et lits de rivières que les ermites sculptaient à cette époque ?
L’autorité d’Apsara, qui espère transformer l’escalier en attraction touristique, a également l’intention de rechercher s’il était connecté au réseau routier d’Angkor.
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