Les temples de Ramsès II à Abou Simbel, joyaux de l’Egypte des pharaons

Situé dans le sud de l’Égypte, Abou Simbel est un ensemble architectural qui témoignent de la grandeur et du savoir-faire des anciens Egyptiens et constitue aujourd’hui l’un des monuments les plus emblématiques de cette civilisation. Ces deux temples monumentaux, creusés dans les falaises rocheuses de la Nubie, se trouvent à environ 280 kilomètres au sud d’Assouan, aujourd’hui près de la frontière soudanaise. C’est le célèbre pharaon Ramsès II, dont le long règne de 66 ans a été marqué par une activité architecturale hors du commun, qui a ordonné leur construction il y a plus de 3000 ans.

Mais pourquoi construire un tel ensemble, si loin au sud des terres égyptiennes, en Nubie ? En lançant la construction des temples d’Abou Simbel, Ramsès II souhaitait glorifier son règne et manifester par une construction monumentale la domination égyptienne sur la Nubie, province éloignée et souvent rebelle. La construction de ces deux temples rupestres n’a pas été une mince affaire : le chantier sur une vingtaine d’années, entre -1264 et -1244.


Le grand temple d’Abou Simbel.

Le plus important temple rupestre comporte une majestueuse façade ornée de quatre colossales statues de Ramsès II. Mesurant 20 mètres de haut, elles représentent le pharaon assis et ont été sculptées à même la roche. Elles flanquent l’entrée du temple, surmontée d’une statue de Horus Horakhty. Les statues d’autres personnalités importantes du règne de Ramsès II sont aussi présentes: sa mère Touya, son épouse Néfertari ou certains de ses enfants.

L’intérieur du temple abrite une série de salles dont la plus impressionnante est la salle hypostyle dont les colonnes représentent Ramsès II. Suivent une série de salles conduisant jusqu’aux naos, où se situent les statues des quatre dieux auxquels le temple est consacré.

Tous les murs sont ornés de bas-reliefs illustrant les victoires militaires et des rituels religieux exécutés par Ramsès II.


Le petit temple d’Abou Simbel.

Situé un peu plus au nord, il était dédié à la déesse Hathor d’Ibshek et à la reine Néfertari. Morte vers -1255, Néfertari est l’un des personnages féminins les plus remarquables et les mieux connus de l’histoire égyptienne. Epouse bien aimée de Ramsès II, elle est un personnage important de son règne et reste associée à de remarquables réalisations, comme Abou Simbel mais aussi sa tombe fastueuse de la vallée des reines.

Bien que les dimensions du petit temple soient plus modestes que celles de son voisin (sa façade ne mesure « que » 28 mètres de long pour 12 mètres de haut), c’est également un chef-d’œuvre à part entière. Sa façade est constituée de six colosses, quatre représentant Ramsès II, et deux son épouse, Néfertari.

L’intérieur du petit temple, qui s’enfonce sur une longueur de 21 mètres dans la falaise, est tout aussi impressionnant, avec des fresques colorées illustrant des scènes de la vie quotidienne et des cérémonies religieuses. Néfertari y est représentée dans plusieurs scènes, notamment d’offrandes aux divinités.


Après les pharaons : un site oublié, puis sauvé.

Après la mort de Ramsès II, les deux temples d’Abou Simbel ont été négligés et oubliés pendant des siècles. Ils ont été recouverts de sable et leur existence a été presque effacée de la mémoire collective. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que les temples ont été redécouverts par l’explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt, puis explorés plus en profondeur par l’égyptologue italien Giovanni Battista Belzoni, avant de devenir un monument emblématique de l’ancienne Egypte.

Cependant, l’histoire des temples a connu un tournant décisif au milieu du XXe siècle. Avec la construction du barrage d’Assouan, le site d’Abou Simbel – comme de nombreux autres en Egypte et en Nubie, comme Philae – était menacé d’être submergé par les eaux du Nil. Pour préserver ce précieux héritage, un effort colossal a été entrepris pour déplacer les temples vers un emplacement plus élevé et plus sécurisé. Ce chantier titanesque, mené de 1964 à 1968 sous la supervision de l’UNESCO, a impliqué le démontage des temples, la découpe des blocs monumentaux, leur transport et leur réassemblage minutieux. Par la suite, Abou Simbel a été classé patrimoine mondial de l’humanité en 1979.


Quelques faits remarquables sur les temples d’Abou Simbel.

1. Les statues du petit temple représentent Ramsès II et son épouse aux mêmes proportions, un fait rare dans la statuaire égyptienne où les reines sont généralement figurées plus petites que leurs époux.

2. Le temple était consacré à quatre dieux, dont les statues se trouvent dans le naos (le sanctuaire, partie la plus sacrée du temple). Il s’agit d’Amon-Râ, de Râ Horakhty, de Ptah et d’une version déifiée de Ramsès II.

3. Le temple est construit avec une précision incroyable, et lors des solstices (le 22 février et 22 octobre de chaque année), les rayons du soleil entrent dans le temple et le traversent tout entier, illuminant les statues du naos.

4. Le colosse brisé, dont les vestiges ont été laissés au pied du temple, l’aurait été lors d’un tremblement de terre survenu peu après la fin de la construction du temple.

5. Les jambes des colosses du grand temple portent la marque de nombreux graffitis antiques, certains phéniciens, d’autres grecs. Le plus connu est dans cette dernière langue et mentionne le roi Psammétique Ier et d’Amasis II, deux pharaons de la XXVIe dynastie, à la Basse Epoque.

6. Le grand temple est surmonté d’une frise sculptée représentant des singes, de par leur rôle symbolique dans la mythologie solaire égyptienne, étant les premiers animaux à saluer de leurs cris le lever du soleil.


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