La ville romaine de Pompéi ensevelie par l’éruption du Vésuve de 79 constitue l’un des sites archéologiques les plus fascinants et les mieux préservés du monde. Il constitue une véritable bulle temporelle, livrant un aperçu unique sur la vie quotidienne des Romains deux mille ans auparavant. Fouillé depuis le XVIIIe siècle, son incroyable état de préservation permet encore aujourd’hui aux archéologues d’y faire des découvertes spectaculaires et de continuer de percer ses secrets : un bon tiers de la ville antique reste encore à dégager.
Même si l’un des grands défis de Pompéi aujourd’hui est la préservation de ses ruines, menacées par le temps et le tourisme de masse, les fouilles ont aussi reprises, notamment dans une zone du nord de la cité antique, assez peu explorée, la Regio V, mais aussi dans différents sites à l’extérieur des remparts. Des travaux de consolidation et de maintenance, accompagnés de fouilles, sont aussi en cours sur le site archéologique.
Quatre nouvelles pièces fouillées dans la maison Larario mettent en lumière la vie des classes moyennes romaines.
Aout 2022.
Les fouilles de cette maison, entamées en 2018, ont déjà produit des trouvailles remarquables, et notamment une cour décorée de fresques représentant des oiseaux, des plantes, des scènes de chasse, ainsi qu’un puits et une niche accueillant les dieux gardiens de la maison, appelés lares, qui ont donné son nom à l’appellation moderne de cette demeure, la maison Larario.
Sur deux étages, les archéologues ont retrouvé de nombreux meubles et objets de la vie quotidienne : assiettes, amphores, des restes de bols, un coffre vidé à la hâte, un lit, un brûle-parfum en terre cuite en forme de crèche. Parmi ces trouvailles, certains objets étaient plus précieux que d’autres : des récipients en bronze ou en verre côtoyaient des objets en céramique plus usuels.
Selon le directeur du parc de Pompéi, Gabriel Zuchtriegel, les propriétaires de la maison avaient pu décorer la cour de manière exceptionnelle, mai s n’avaient de toute évidence pas les moyens d’orner et de meubler toutes les pièces aussi somptueusement. Ils appartenaient certainement à la classe moyenne, qui travaillait dur pour gagner leur vie, mais étaient également soucieux d’élever leur statut social.
Une chambre d’esclave retrouvée dans la villa de Civita Giuliana.
Une chambre parfaitement intacte, qui était habitée par des esclaves a été découverte dans un faubourg de l’ancienne ville romaine de Pompéi où plusieurs découvertes archéologiques, notamment d’un char d’apparat, ont déjà eu lieu. Trois lits en bois, un pot de chambre et un coffre en bois contenant des objets en métal et en tissu figurent parmi les objets trouvés dans les quartiers d’habitation exigus de ce qui était une villa importante se trouvant à environ 700 mètres hors des remparts de Pompéi, à Civita Giuliana.
La lumière naturelle de cet espace de 16 m² provenait d’une petite fenêtre située en hauteur, et il n’y a aucune trace de décorations murales. Cette découverte archéologique est décrite par Gabriel Zuchtriegel, directeur du parc archéologique de Pompéi, comme « exceptionnelle » car donnant un aperçu rare de « la réalité précaire de personnes qui apparaissent rarement dans les sources historiques, qui ont été écrites presque exclusivement par des hommes appartenant à l’élite. »
La pièce, très exiguë, contenait trois lits de cordes et de planches. Un des lits à une taille enfantine et peut-être qu’une famille d’esclaves occupait la pièce. Les archéologues ont découvert plusieurs objets personnels sous les lits, notamment de grandes amphores et des cruches en céramique.
Pourtant, les esclaves constituaient une part importante de la société romaine, et une force essentielle de son économie ; c’est pourquoi cette découverte qui éclaire d’une lumière crue leurs conditions de vie est très intéressante pour les chercheurs. « Le véritable trésor ici est l’expérience humaine – dans ce cas, celle des membres les plus vulnérables de la société antique – dont cette pièce est un témoignage unique. »
La momie d’un riche esclave affranchi retrouvée dans une tombe d’une des nécropoles de Pompéi.
Août 2021.
Les archéologues ont ouvert la chambre funéraire d’une tombe hermétiquement scelléee d’une nécropole de l’est de l’ancienne cité romaine. Une épitaphe retrouvée sur le site livre l’identité du propriétaire et des informations sur sa vie : Marcus Venerius Secundo était un ancien esclave public de Pompéi rattaché au temple de Venus, puis affranchi. Il s’enrichit et s’élève ensuite dans la société romaine jusqu’à devenir membre du collège Augustali, un édifice religieux dédié au culte de l’empereur.
La dépouille retrouvée se trouvait seule dans le tombeau, en compagnie de quelques objets et notamment d’une urne portant le nom d’une femme, peut-être l’épouse de Marcus. Celui-ci serait décédé aux alentours de la soixantaine, et ses restes ont été retrouvés dans un état relativement bon, avec des restes de cheveux et de cartilages. C’est peu fréquent à Pompéi, où les défunts étaient traditionnellement incinérés, et où la plupart des corps des victimes de l’éruption ont été affectés par de hautes températures.
Un char d’apparat intact dans la villa de Civita Giuliana, près de Pompéi.
Février 2021.
Cette découverte exceptionnelle a eu lieu en dehors des remparts de la ville antique, dans une villa située dans sa périphérie nord et fouillée depuis 2017. Le char a été découvert presque intact à 6 mètres de profondeur, sous le portique d’une écurie ou les restes de trois chevaux avaient déjà été dégagés en 2018. Il a été non seulement épargné par l’effondrement du toit et des murs du bâtiment lors de l’éruption du Vésuve, mais également par les actes de pilleurs contemporains, qui avaient creusé des tunnels jusqu’au site et ont égratigné le char, heureusement sans l’endommager.
Il s’agit d’un grand char de cérémonie à quatre roues, en bois et en fer avec des éléments de décoration en bronze et en étain. Il est finement décoré et présente des scènes érotiques. Cliquez ici pour voir des images de cette découverte, unique en Italie à ce jour.
Un thermopolium, genre de fast-food antique, livre ses secrets aux archéologues.
Décembre 2020.
Situé dans la Regio V, le comptoir de ce restaurant était décoré de belles fresques, dont certaines représentaient des animaux présents au menu. Car l’une des découvertes remarquables faites lors des recherches reste celle des résidus des repas servis : canards, poissons, porc et escargots, entre autre, étaient au menu !
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Deux victimes de l’éruption retrouvées dans les faubourgs nord de Pompéi.
Novembre 2020.
Les restes de deux hommes, probablement maître et esclave, ont été retrouvés par les archéologues dans un édifice situé à environ 700 mètres à l’extérieur des remparts de Pompéi. Les deux victimes ont survécu au début de l’éruption, mais ont trouvé la mort le lendemain, lorsqu’une nuée ardente a envahi la zone.
Selon la pratique couramment utilisée à Pompéi, du plâtre a été injecté dans la cavité laissée vite suite à la décomposition des corps enfermés sous leur chape de cendres, permettant de réaliser des moulages saisissants témoignant de la tragédie survenue il y a deux mille ans.
Des chevaux harnachés dans la villa d’un officier.
Décembre 2019.
Les archéologues travaillent à dégager les vestiges d’une villa située à la périphérie de la cité. Luxueuse et offrant de ses terrasses des vues sur la baie de Naples et l’île de Capri, la villa avait été fouillée au début du XIXe siècle, puis de nouveau enfouie par la suite pour préservation. D’après les chercheurs, elle aurait appartenu à l’époque de l’éruption du Vésuve à un officier militaire de haut rang, peut-être un général.
Dans ses étables, les archéologues viennent de mettre à jour les restes de trois ou quatre chevaux. L’un d’entre eux était harnaché et une selle a été retrouvée. Peut-être avaient-ils été préparé pour permettre une fuite plus rapide des habitants de la maison, mais ils auraient été tués par les centres volcaniques ou par les vapeurs bouillantes émises par le volcan.
Une riche demeure romaine de la Regio V livre ses secrets
D’après les chercheurs qui travaillent sur le site, l’importante domus pourrait avoir appartenu à un riche marchand.
>> Novembre 2018. Une fresque représentant les amours de Zeus et de Léda dégagée dans la chambre.
Remarquablement préservée, la fresque retrouvée dans la chambre à coucher dépeint une scène qui se retrouve relativement fréquemment dans les décorations de Pompéi comme d’Herculanum : les amours du dieu Zeus et de la reine de Sparte Léda. Cette épisode mythologique était assez célèbre dans l’antiquité : le dieu, déguisé en cygne, séduit la reine. De leur union naissent plusieurs enfants, dont la légendaire belle Hellène, héroïne de la guerre de Troie.
L’artiste semble d’ailleurs s’être inspiré d’une statue du IVe siècle avant notre ère du sculpteur grec Timothéos. Le choix d’une scène représentant un mythe érotique est évidemment en adéquation avec l’utilisation de cette pièce comme chambre.
Les chercheurs envisagent de retirer cette fresque pour la présenter ailleurs au public, la conservation des vestiges in situ se révélant délicate à Pompéi, car le site souffre des intempéries, d’un manque d’entretien chronique et du tourisme de masse.
>> Octobre 2018. Cinq squelettes exhumés dans la chambre à coucher.
C’est une découverte un peu macabre, mais assez commune pour les archéologues travaillant à Pompéi. Dans la chambre à coucher de la maison ont été dégagés les restes de cinq personnes. Il s’agit probablement de deux femmes et de trois enfants.
Ce sont peut-être des habitants de la maison qui ont décidé de ne pas prendre la fuite et ont cherché à s’abriter de la pluie de cendre et de pierres volcaniques à l’intérieur. Dans une tentative désespérée, ils auraient cherché refuge dans la chambre alors que les matériaux expulsés par le volcan ensevelissaient progressivement la demeure.
Au début des années 2000, plus de 1100 corps avaient été retrouvés à Pompéi. Il est cependant difficile d’évaluer le nombre totale de victimes de l’éruption dans une ville qui comptait environ 11000 habitants en -79.
Une exceptionnelle rue bordée de balcons dans la Regio V.
Mai 2018.
Lors de l’éruption de 79, Pompéi est enfouie sous près de six mètres de cendres et de matériaux volcaniques. Ce poids énorme a entraîné l’effondrement des toitures et des planchers, et il est exceptionnel de retrouver des étages intactes. C’est pourquoi la découverte de maisons conservant encore trois balcons de la Regio V est particulièrement significative, au point que les chercheur ont baptisé la rue où ils ont été retrouvés « Vicolo dei Balconi », l’allée des balcons.
Quasiment intacts, ils présentent des peintures de style pompéien, à décors géométriques, ou avec des fleurs et des animaux. Sur l’un d’eux se trouvaient même des amphores, probablement laissées à l’extérieur pour sécher au soleil…
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