Les restes d’un temple de l’ère viking fouillés en Norvège
C’est lors de fouilles préventives précédant la construction d’un lotissement dans le village norvégien d’Ose, situé dans le paysage idyllique d’un fjord de la côte occidentale du pays, que les archéologues du Musée universitaire de Bergen ont mis au jour les restes d’un temple, le premier de ce genre a être trouvé dans le pays. Remontant au VIIIe siècle de notre ère, à l’époque où les Vikings commencent à mener des raids dévastateurs vers l’Europe occidentale, il était dédié aux dieux du panthéon nordique. En se basant sur l’emplacement des trous de poteaux et les résultats des fouilles, les chercheurs ont pu déterminer la structure du temple à son apogée, et en proposer la restitution que vous voyez en tête de cet article.
Les premiers signes d’activité religieuse sur le site d’Ose sont cependant plus anciens, et remontent au Ve ou VIe siècle, bien avant la construction du temple. Les archéologues ont en effet retrouvé les vestiges de fosses de cuisson et d’ossements d’animaux de cette époque. Ils ont aussi retrouvé les restes de deux maisons longues, utilisées pour garder le bétail. L’une d’entre elle présente une zone circulaire associée à des rites religieux, alors effectués en plein air. Les chercheurs pensent que des sacrifices, puis des repas étaient préparés en l’honneur de figurines des principaux dieux du panthéon nordique comme Odin, Thor ou Freyr – celles-ci n’ont pas été retrouvées. Ces lieux rituels – zone circulaire, fosses de cuisson – sont typiques des rites de cette époque et sont connues des sagas sous le nom de hørg.
A partir du VIe siècle se produit une évolution, peut-être causée par les interactions grandissantes des Scandinaves avec les peuples christianisées et leurs églises. Les Vikings commencent alors à édifier des temples, comme celui de Ose, s’inspirant peut-être de certains éléments architecturaux des basiliques chrétiennes, comme le style de toiture ou les tours. Les sagas désignent ce nouveau genre d’édifices sous le nom de hov.
Ose serait donc un exemple de cette transition. Même si son temple a disparu depuis longtemps, ses fondations permettent de connaître sa disposition précise. Il mesurait environ 14 mètres de long pour 7 à 8 mètres de large. La tour, en son centre, devait atteindre une hauteur de 12 mètres. Le plan général est quasiment identique à ceux d’autres temples trouvés à Uppåkra, dans le sud de la Suède, ou à Tissø, au Danemark.
Les chercheurs pensent que les fidèles utilisaient le temple lors d’événements particuliers, par exemple les cérémonies des solstices d’été et d’hiver. Une découverte intervenue près du site archéologique en 1928 renforce cette interprétation : celle d’une grande pierre phallique. Ce genre de sculptures évocatrices, clairement liées à la fertilité, se retrouve dans toute la Scandinavie, et on en connaît une centaine en Norvège.
A partir du Xème siècle commence la christianisation de la Norvège. Au siècle suivant, les rois adoptent le christianisme comme religion officielle et font détruire de nombreux temple de la religion nordique. L’étude du site n’a pas pu déterminer si cela explique la disparition du temple de Ose. Qui sait, des études ultérieures permettront peut-être de le savoir : le site archéologique ne sera pas détruit et restera un espace vert au sein du nouveau lotissement.