Byzance, Constantinople, Istanbul : archéologie d’une ville unique

Trois noms pour une même ville au destin prestigieux. Partez à la découverte de l’archéologie d’Istanbul, ville au destin unique et fascinant. De la cité grecque de Byzance à la fastueuse Constantinople médiévale, la tumultueuse histoire de la ville est encore largement à découvrir sous terre.


Byzance, une cité grecque au rôle réduit.

Dans la première moitié du VIIe siècle avant notre ère, des colons grecs doriens, probablement venus de Mégare, fondent sur la côte européenne du détroit du Bosphore une nouvelle cité. Elle prend le nom de Byzance, du nom d’un personnage légendaire, Byzas. Si le site était occupé bien longtemps avant cet événement, il fait pourtant entrer Byzance dans l’histoire.

Sa position privilégiée sur le Bosphore, lui assure une prospérité importante. En effet, elle peut contrôler le trafic des navires acheminant le blé du Pont-Euxin (l’ancien nom de la mer Noire) vers la Méditerranée et elle l’un des entrepôts de premier plan du monde grec. Cette situation avantageuse explique qu’Athènes et Sparte se disputent l’alliance avec Byzance, et que les souverains cherchant à conquérir la Grèce aient voulu la contrôler.

Même si l’on connait mal les détails de son histoire, son rôle politique n’était donc pas moindre et elle fut un enjeu lors de nombreux conflits : elle est prise à deux reprises pour le compte des Perses lors des guerres médiques, avant que le Spartiate Pausanias ne la prenne après -478. Par la suite, Byzance passe sous l’influence athénienne. Révoltée contre eux en même temps que Samos en -439, elle est soumise par un siège en -439. Puis, lors de la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte, elle est soumise à l’un ou l’autre camps selon les aléas du conflit.

Revenue sous la domination d’Athènes, elle finit par s’en affranchir définitivement en -364. Mais Philippe II, roi de Macédoine, tente de s’en emparer en -340. Il échoue grâce l’intervention d’un général athénien. Cependant sous le règne d’Alexandre le Grand, Byzance est contrainte de reconnaitre la suzeraineté macédonienne. Elle reprend cependant son indépendance sous ses successeurs et doit faire face à l’invasion des Galates en -279, puis à un conflit avec Rhodes, grande puissance à cette époque.

Finalement, Byzance finit par passer sous le contrôle romain.


Constantinople, la nouvelle Rome.

Son destin change cependant radicalement en 330 de notre ère. Constantin décide d’y établir sa capitale. La cité, refondée sous le nom de Constantinople, devient la nouvelle Rome. Dotée de monuments dignes d’une capitale, la ville devient pour un millénaire le cœur l’empire byzantin, un centre majeur du christianisme et l’une des plus grandes villes du monde de l’époque. Ses fortifications redoutables, ses centaines d’églises parmi lesquelles Sainte-Sophie ou les Saints-Apôtres, ses palais somptueux, ses monuments civiques et ses industries florissantes lui assurent un prestige et un rayonnement uniques.

Mais les vicissitudes n’épargnent pas la ville : révoltes, séismes, sièges et incendies transforment la ville au cours des siècles, suivant ou marquant l’histoire tumultueuse de l’empire byzantin. En 1203-1204, le détournement de la quatrième croisade et la fondation d’un bref empire latin constituent une rupture dont l’empire byzantin, même s’il récupère Constantinople, ne se remettra pas. Les deux siècles suivant, sous la dynastie des Paléologue, sont culturellement brillants mais voient l’empire s’étioler peu à peu, à la fois sous les pressions extérieures mais aussi à cause de guerres civiles, des conflits internes et par l’impact de la grande peste.

En 1453, Mehmet II entre en conquérant dans la ville et en fait la capitale de l’empire ottoman. La cité entre dans son troisième âge et, d’une antique ville chrétienne et médiévale, devient une métropole turque et musulmane dominant un empire immense. Constantinople – où d’après son nom turc, Istanbul, qui devient le seul en usage à partir de 1930 – est profondément remodelée au cours des siècles suivants. Les lieux traditionnels du pouvoir byzantins sont abandonnés au profit du palais de Topkapi. Alors les sultans couvrent la ville de nombreux monuments, beaucoup églises sont converties en mosquées ou détruites pour édifier d’autres monuments. Les séismes, puis la modernité prennent aussi leur lot. En 1871, une ligne de chemin de fer est construite jusqu’au cœur de la ville historique, perçant à travers les vestiges de nombreux monuments byzantins : une partie de la muraille maritime, du palais du Boucoléon ou de l’ensemble des Manganes sont ainsi détruits.

Aujourd’hui, si Istanbul conserve encore des monuments emblématiques de son passé, il n’en reste pas moins qu’une grande partie de ses monuments, même les plus prestigieux, qui l’ornaient durant l’antiquité et le Moyen-Âge ont disparu au cours des siècles. Aujourd’hui, le défi est immense pour conserver le patrimoine subsistant, confronté à des risques multiples : reconversion de Sainte-Sophie et de l’ancienne église de la Pammakaristos en mosquées, tourisme de masse, pollution, urbanisation galopante et qui plus est, le risque d’un séisme majeur, très élevé à Istanbul à l’heure actuelle.

Pour vous faire une idée de la physionomie de la ville et de ses monuments dans les années 1200, n’hésitez pas à visiter le site Byzantium1200.

Pourtant, de nombreuses découvertes restent à faire, non seulement concernant ses monuments antiques et médiévaux subsistants, dont tous les secrets n’ont pas été dévoilé, mais aussi dans son sous-sol. Si des fouilles et des études ont ponctué le XXe siècle, le potentiel archéologique de la ville demeure néanmoins considérable, et surgit ici et là au gré des recherches et des chantiers. Mais le défi archéologique ne concerne plus seulement le cœur même d’Istanbul : la pression urbanistique exercée par cette métropole peuplée de plus de dix millions met en péril de nombreux sites archéologiques de plus ou moins grande ampleur dans toute sa région métropolitaine.


Un siècle de fouilles et les dernières découvertes archéologiques à Istanbul et dans sa région.

Les premières fouilles archéologiques d’envergure, concernant certains des monuments les plus prestigieux de l’empire byzantin, sont menées dans un contexte particulier, lorsque le corps d’intervention français se trouve à Istanbul dans les années 20. Ce sont de cette époque que remontent les fouilles de certains des monuments les plus emblématiques de la cité byzantine, et où une grande partie des découvertes archéologiques sont réalisées.

Cependant les recherches se poursuivent et les découvertes successives, souvent à l’occasion de travaux, enrichissent régulièrement nos connaissances de la ville antique et médiévale. C’est surtout depuis les années 2000, alors que l’urbanisation s’étend et que de grands travaux d’infrastructures sont lancés, qu’ont été effectuées certaines des découvertes archéologiques les plus remarquables, en particulier pour la période byzantine.


2023. Nouvelle campagne de fouilles sur le site de l’église Saint-Polyeucte.

Une nouvelle campagne de fouilles sur le site de cette église du VIe siècle.

C’était la plus grande de Constantinople jusqu’à la construction de Sainte-Sophie, et elle avait déjà été fouillée minutieusement dans les années 60 (voir plus bas). Les nouvelles recherches sur le site ont livré des fragments de monuments funéraires du IIIe au Ve siècle, probablement utilisés comme remplois pour la construction de l’église. Cliquez ici pour lire l’article détaillé sur Saint-Polyeucte et ces découvertes.


2021. Sept squelettes et une fontaine retrouvés lors de la restauration du palais byzantin du Boukoleon.

Les ruines du palais du Boukoleon se trouvent en plein cœur d’Istanbul. Pour comprendre l’importance historique de cet édifice, l’un des seuls palais byzantin parvenu jusqu’à nous, il faut remonter au début de l’époque byzantine. C’est probablement au Ve siècle qu’un premier palais est construit, appuyé sur la muraille maritime de Constantinople, au-dessus d’un petit port. Il fait alors partie du complexe du Grand Palais, la résidence principale des empereurs byzantins. Il est agrandi et restauré à plusieurs reprises, notamment par Théophile au IXe siècle. Preuve de son importance, il abritait le trésor des empereurs, contenant les regalia et des reliques précieuses. Il est pillé lors de la quatrième croisade en 1204 mais continue d’être utilisé jusqu’à l’abandon progressif du Grand Palais au profit du palais des Blachernes au cours du XIIIe siècle. Le palais était déjà en ruines lorsque les Turcs prennent Constantinople en 1453. Il demeure cependant dans un état relativement bon jusqu’à la fin du XIXe siècle et la construction de la ligne de chemin de fer. S’ensuit alors une dégradation rapide.

Depuis 2018, les autorités stambouliotes ont lancé un chantier archéologique pour restaurer le palais et le sauver de la disparition. C’est dans ce cadre que plusieurs découvertes archéologiques ont eu lieu en 2021. Les archéologues ont ainsi effectué une découverte assez mystérieuse : celle de sept squelettes, les uns sur les autres. Les restes éparpillés indiqueraient une mort soudaine, survenue dans le palais, et la zone où les ossements ont été trouvés aurait peut-être été une sorte de donjon. Les chercheurs ont aussi retrouvé une fontaine vieille de 1600 ans, à cinq mètres sous le sol.


2018-2021. Découvertes archéologiques hors des murs et ouverture du musée des mosaïques de Zeytinburnu.

Les travaux de restauration entrepris en 2015 dans l’ancien bâtiment de la municipalité de Zeytinburnu, à l’origine hôpital militaire construit en 1828, ont mis en lumière des vestiges remontant à la fin de l’antiquité et au début de la période byzantine. Entre 2018 et 2021, les archéologues ont retrouvé des mosaïques très bien conservées. Sous celles-ci, ils ont aussi dégagé une tombe à ciste avec un sarcophage en marbre contenant deux squelettes. L’un appartenait à un homme de 40 à 50 ans, avec une côte cassée et une maladie rhumatismale. La femme était âgée de 30 à 40 ans. Ils pourraient avoir vécu au IVe ou Ve siècles de notre ère.

Le musée récemment ouvert expose la grande mosaïque retrouvée sur le site, mais aussi d’autres vestiges retrouvés hors des murs d’Istanbul.


2004-2018. Recherches et explorations archéologiques autour et sous Sainte-Sophie.

Sainte-Sophie est certainement le monument le plus symbolique d’Istanbul, un chef d’œuvre de l’architecture byzantine mais aussi un symbole aux implications politiques encore très actuelles. Cependant, l’édifice réserve encore bien des secrets. Certains ont pourtant été percés par une équipe d’archéologues dirigée par Ken Dark et Jan Kostenec, en menant des études sur le bâtiment.

En retirant des plâtres posés sur certains murs, ils ont ainsi découvert des fresques, des pavements, des mosaïques (présentant des svastikas, un décor commun dans l’antiquité) et même des marques de maçon remontant à la période antique et médiévale. Plusieurs disques de porphyre (une pierre rouge, importée d’Egypte) ont été retrouvés à plusieurs endroits. Ils marquaient les endroits où les empereurs et les patriarches devaient se tenir au cours de rituels religieux. Les cérémonies et processions, très codifiées, rythmaient la vie des empereurs byzantins.

Les recherches ont aussi permis d’en savoir plus sur le palais des patriarches de Constantinople, proche de Sainte-Sophie, mais aussi de prouver qu’un vestibule que l’on pensait avoir été ajouté à l’époque ottomane avait en fait été construite au VIe siècle, à l’époque de Justinien. Enfin, l’équipe a retrouvé de nombreux parements de marbre et pensent qu’ils revêtaient une grande partie de l’extérieur de Sainte-Sophie, rendant l’édifice brillant au soleil et augmentant sa visibilité.

Des explorations ont également eu lieu dans le réseau de tunnels et de salles se trouvant sous Sainte-Sophie. La plupart sont aujourd’hui remplis d’eau, mais les chercheurs pensent qu’il pourraient s’étendre sur une longueur totale d’un kilomètre et comprendre des citernes, des chapelles souterraines et des zones funéraires.


2010. Les fouilles du port de Théodose.

Découverte fascinante de l'archéologie à Istanbul  : le port de Théodose.

Lors des travaux de construction du Marmaray, le métro reliant Istanbul à la rive asiatique, d’importants vestiges sont retrouvés dans la zone de Yenikapı. Des fouilles y sont conduites en 2010 sur une surface totale de 85000 m². Des vestiges de l’époque néolithique sont mis au jour, ainsi que des citernes et des ateliers de l’époque ottomane. Mais ce sont surtout les restes du plus grand port de Constantinople à l’époque paléo-byzantine qui sont dégagés : celui construit par l’empereur Théodose (379-393). Très actif entre le IVe et le XIe siècle, ce port semble n’être plus accessible après cette date que pour de petites embarcations. Il est finalement complètement envasé et disparaît au XVIe siècle.

Pour une reconstitution du port (en haut à gauche de l’image), cliquez ici !

Ces fouilles constituent une découverte archéologique majeure : pas moins de 37 navires byzantins très bien conservés sont retrouvés, construits sur une période s’étalant du Ve au XIe siècles, et contenant souvent un matériel important. Les trouvailles de Yenikapi constituent ainsi l’un des plus grands répertoires de navires anciens et médiévaux jamais retrouvé, permettant une meilleure compréhension du commerce maritime de Constantinople et des techniques de construction navales à différentes périodes. Les vestiges architecturaux terrestres, tels que les digues et une partie du brise-lames, ont finalement été conservés sur le site d’origine. 


1997-1998 : découverte d’une église souterraine du XIe ou XIIe siècle.

Découverte archéologique d'une église byzantine souterraine à Istanbul.

Le site est situé dans la rue Amiral Tadfil, en plein cœur de l’Istanbul, proche du Grand Palais des empereurs byzantins, et a été l’objet de recherches menées par le musée archéologique d’Istanbul en 1997-98. Deux salles souterraines, l’une au dessous de l’autre, ont été découvertes. La section supérieure, souterraine, contient un sol en mosaïque qui pourrait remonter au Ve ou VIe siècle, ainsi que les ruines d’une structure qui n’a pas être identifiée. Le niveau inférieur était probablement une église, et contient une niche décorée d’une dalle de marbre avec un petit bassin. Au-dessus se trouve une fresque assez abîmée représentant la Theotokos (Mère de Dieu en grec) tenant l’enfant Jésus. Ces aménagements pourraient remonter au XIe ou XIIe siècle. Les chercheurs pensent que le complexe pourrait être une source sacrée (appelée ayasma), qui étaient souvent associées à des monastères ou des églises importantes.


1964-1969 : Premières fouilles de l’église Saint-Polyeucte

Cette église et le palais attenant de Julia Anicia remontent au VIe siècle, mais ils avaient déjà disparu dès le XIe siècle. Les fouilles menées dans les années 60 ont permis de mettre à jour leurs ruines, toujours visibles dans un petit parc archéologique in situ. De nombreux éléments architecturaux, qui témoignent de la splendeur de la décoration du sanctuaire, se trouvent aujourd’hui au musée archéologique ou en remploi dans différents édifices à Istanbul ou à Venise.


Des années 20 aux années 50 : les fouilles sur le site du Grand Palais des empereurs byzantins

Plusieurs campagnes sont menées sur le site de cet immense complexe palatial qui fut la résidence principale des empereurs byzantins jusqu’au XIe siècle : entre 1921 et 1923, puis entre 1935-1938 par l’Université de Saint Andrews, et enfin en 1952-1954 par David Talbot Rice. Ces dernières fouilles conduisent notamment à la découverte spectaculaire d’une salle absidiale et d’une grande cour à péristyle de 66 mètres sur 55 décorée d’un pavement de mosaïques, aujourd’hui visibles dans le musée des mosaïques du Grand Palais.


1927 et années 50 : Les fouilles de l’hippodrome de Constantinople.

Les vestiges de ce lieu attenant au Grand Palais et très important pour les Byzantins sont explorés une première fois en 1927 par une mission archéologique anglaise. Dans les années 50, une autre campagne a lieu, avant que dans les années 80 les substructures subsistantes du sphendonè (terme byzantin désignant l’extrémité arrondie de l’hippodrome) ne soient dégagées des bâtiments plus modernes qui les masquaient. L’hippodrome était un lieu très important pour les Byzantins, et l’édifice était richement décoré. Cliquez ici pour voir des propositions de restitution.


Années 30 : le dégagement des mosaïques de Sainte-Sophie.

C’est surtout grâce au travail de Thomas Whittemore, qui a fondé le Byzantine Institue of America, que de nombreuses mosaïques ont été retrouvées sous les plâtres qui les recouvraient, puis restaurées. Au milieu du XXe siècle, l’Institut procédera également à la restauration des mosaïques de l’église de Chora.


1929 : les fouilles du monastère de Constantin Lips (Fenari Isa Kilisesi)

Ce monastère fut fondé en 907 par Constantin Lips, un militaire et aristocrate byzantin. Entre 1281 et 1303, il est considérablement agrandi par l’impératrice douairière Théodora, veuve de Michel VIII Paléologue. Elle restaure non seulement le complexe, mais y ajoute une seconde église destinée à devenir le mausolée de la dynastie Paléologue. Théodora y est inhumée en 1303, et l’église servira de nécropole à plusieurs membres de sa famille et de la dynastie.

A la fin du XVe siècle, l’église est convertie en mosquée. L’édifice est endommagé par un incendie au XVIIIe siècle, puis abandonné après un second en 1918. Des par plusieurs incendies au XVIIe, puis au XVIIIe et XIXe siècle, elle est finalement abandonnée au début du XXe siècle. Des fouilles y sont entreprises en 1929 qui mettent à jour 22 sarcophages, ainsi que des fragments de monuments funéraires et de sculptures de grande qualité. La découverte la plus remarquable est peut-être celle d’une icône extrêmement bien préservée de sainte Eudoxie. Ces vestiges sont aujourd’hui visibles pour la plupart au musée archéologique d’Istanbul. De 1970 à 1980, la Byzantine Society of America restaure l’édifice, qui rouvre comme mosquée.


1921-1922 : les fouilles du corps expéditionnaire français à Constantinople.

Elles concernent surtout le quartier byzantin des Manganes, non loin du palais de Topkapi. Le corps expéditionnaire français va mettre au jour des substructures, comprenant notamment des citernes, d’une grande ampleur : 180 mètres sur 80. Ces structures, formant trois ensembles distincts, correspondent à l’un des complexes de cette zone rapporté par l’historiographie : l’église Saint-Georges et son monastère, et une résidence impériale, bâtis au XIe siècle. Si le palais avait déjà été détruit au XIIe siècle, le monastère et son église existaient toujours au début de l’époque turque. C’est probablement lorsque fut construit le Vieux Sérail, le premier palais des sultans, qu’ils furent démolis et leurs matériaux réemployés. C’est aussi certainement à cette occasion que de nombreux éléments architecturaux sculptés, qui ne pouvaient être réemployés, furent brisés et jetés dans les soubassements où les retrouvèrent les soldats français. Ainsi un chef d’œuvre de l’art byzantin, une Vierge orante brisée en 8 morceaux, aujourd’hui visible au musée archéologique d’Istanbul.

A l’extérieur des remparts, le corps expéditionnaire effectue également des fouilles sur le site d’un palais impérial byzantin, à l’Hebdomon.

1907-1909 : sondages et recherches de l’Institut archéologique russe des ruines de l’église du monastère du Stoudios remontant au Ve siècle.

1871 : la construction du chemin de fer entraîne la destruction de plusieurs monuments d’époque antique et byzantine, notamment d’une partie de l’église Saint-Georges des Manganes et du palais de Boucoléon.


Sous le sol d’Istanbul, des trésors encore à découvrir.

De nombreux monuments ont été ruinés ou détruits au cours de la longue histoire d’Istanbul. Parmi eux, certains édifices particulièrement prestigieux des époques antiques et médiévales ont presque totalement disparus de la surface. Mais leurs vestiges, peu ou pas explorés et documentés, reposent aujourd’hui sous la ville moderne. Retour sur quelques uns des potentiels champs de recherches pour les archéologues des futures décennies.

Le Palais Sacré, ou Grand Palais.

Plus que d’un ensemble unique, il s’agissait surtout d’un immense complexe comprenant plusieurs palais, sanctuaires et monuments reliés entre eux par des portiques et des jardins. Résidence principale des empereurs jusqu’au XIe siècle, le complexe est ensuite abandonné et est déjà en ruines lors de prise de la ville en 1453. Les dernières ruines du palais sont détruites au début du XVIIe siècle pour construite la mosquée du sultan Ahmet.

Cliquez ici pour vous faire une idée de ce à quoi pouvait ressembler le palais à l’époque byzantine.

De nos jours, il n’en reste plus que de maigres vestiges visibles ici et là dans le quartier Sultanahmet. Les vestiges les plus remarquables sont les ruines du palais du Boucoléon, du VIe siècle, longtemps resté à l’abandon mais dont la restauration vient d’être annoncée, et les trouvailles des fouilles menées au XXe siècle : quelques fragments sculptés aujourd’hui au musée archéologique d’Istanbul, et les mosaïques retrouvées dans les années 50. On estime que moins de 20% du site du Grand Palais a été fouillé, mais la plupart des vestiges reposent aujourd’hui sous la mosquée du sultan Ahmet ou des bâtiments de l’époque ottomane et ne sont pas accessibles.


Le palais des Blachernes, dernière résidence des empereurs byzantins.

Palais du Prophyrogénète à Istanbul.
Le palais du Porphyrogénète est le vestige le plus marquant de l’ensemble palatial des Blachernes.

Construit au nord de la ville, près des remparts, dans les années 500, le palais des Blachernes était utilisé occasionnellement par la cour impériale. Mais à partir de la dynastie Comnène au XIe siècle, les empereurs byzantins en font leur résidence principale. Tout comme le Grand Palais, il s’agissait plutôt d’un complexe palatial comprenant différents palais et des églises, notamment celle de Sainte-Marie des Blachernes, très célèbre au Moyen-Âge.

Cliquez ici pour vous faire une idée de ce a quoi pouvait peut-être ressembler le palais à l’époque byzantine.

Aujourd’hui, il en reste quelques vestiges adossés aux remparts de la ville, ainsi que le palais du porphyrogénète, du XIIIe siècle. Toute cette zone n’a jamais fait l’objet de fouilles archéologiques, mais est incluse dans la zone d’Istanbul inscrite à l’UNESCO.


L’église des Saints-Apôtres.

Fondée au IVe siècle, puis reconstruite au VIe siècle par Justinien, elle était la seconde église la plus importante de Constantinople, après Sainte-Sophie. Elle fut aussi pendant des siècles la nécropole des empereurs et des patriarches. Au XVe siècle, l’église était déjà très délabrée et fut détruite dans les années 1460-1461. A sa place, en réemployant ses matériaux, Mehmet II fit édifier la mosquée Fatih. Les vestiges des Saints-Apôtres se trouvent donc sous cet édifice ou y sont intégrés, mais aucune recherche approfondie n’a été menée.

L’église des Saints-Apôtres serait le modèle architectural de la basilique Saint-Marc de Venise, et vous pouvez vous faire une idée de son apparence extérieure en cliquant ici.


Fouilles et découvertes dans la zone métropolitaine d’Istanbul.

Le développement urbain d’Istanbul et les nombreux projets d’infrastructures actuellement en cours exercent une pression constante sur les sites archéologiques de toutes époques, nombreux autour de la capitale économique de la Turquie.

> Sur le site byzantin de Bathonea, des milliers de fragments de verre et de possibles antidépresseurs retrouvés ces dernières années au cours de fouilles.

> Un sarcophage romain découvert à Chalcédoine, sur la rive asiatique face à Istanbul.


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