Les plus récentes découvertes de l’archéologie sous-marine

Les fonds marins sont des gisements archéologiques très importants. Non seulement s’y trouvent des millions d’épaves, mais le changement des littoraux, les séismes et autres catastrophes naturelles ont parfois submergé des villages ou des villes entières. Discipline à part entière, l’archéologie sous-marine dévoile ainsi des pans entiers de notre histoire; Suivez l’actualité et les plus récentes découvertes sous les eaux des océans, mers, lacs et rivières autour du monde.
Deux ancres de l’époque grecque archaïque retrouvées au large de Syracuse, en Sicile.
Novembre 2023.
Lors d’une opération des autorités italiennes, deux ancres en pierre datant de la période archaïque grecque (entre -800 et -480) ont été découvertes dans les fonds marins au large de Syracuse, en Sicile. Durant l’antiquité, et particulièrement durant la période archaïque, Syracuse était une cité et un port importants, avec des liens commerciaux étroits avec les cités de Grèce.
L’opération de vérification et d’étude a été déclenchée par un citoyen qui a informé les autorités compétentes de la présence des ancres en pierre dans cette zone. Au cours des recherches, les deux objets ont été identifiés à une profondeur de 15 mètres et documentés par une étude photogrammétrique tridimensionnelle. Elles étaient situées à proximité l’une de l’autre sur un fond rocheux mélangé à des herbiers de posidonies. Il s’agit d’une ancre de forme ovoïde (gravité avec un trou distal) et d’une ancre lithique à trois trous (gravité et douille) d’une taille d’environ 70 centimètres.
Les plongeurs ont également inspecté une surface d’environ 250 m² aux alentours afin de confirmer la présence d’autres traces archéologiques.



Ce type d’intervention confirme l’importance de la collaboration entre les organismes publics et les forces de l’ordre pour la sauvegarde du patrimoine culturel. La collaboration des particuliers est également très précieuse. Au fil des ans, elle a permis d’identifier de nombreux objets, dans le seul but de récupérer et de mettre en valeur notre patrimoine culturel. »
Francesco Paolo Scarpinato, conseiller régional pour le patrimoine culturel et l’identité sicilienne
Des nucléus d’obsidienne récupérés par les plongeurs italiens sur une épave du néolithique près de Capri.

Des archéologues sous-marins sont intervenus sur le site d’une épave néolithique, à une profondeur d’environ 40 mètres au large des côtes de Capri. Cette île méditerranéenne, située non loin de Naples, est connue pour ses magnifiques paysages et fut le séjour de villégiature des empereurs romains. Cependant, son histoire antérieure, et particulièrement à l’époque néolithique, est assez mal connue.
La mission archéologique a permis de récupérer de nombreux nucléus, c’est à dire des blocs de pierre taillé afin d’en détacher des éclats, dispersés sur une zone assez vaste. Certains sont de taille importante : l’un d’entre eux mesure ainsi 28 cm de long sur 20 de large, et 15 de haut. Il pèse près de 8 kg et présente des traces évidentes de ciselage sur sa surface.
L’obsidienne est une pierre volcanique vitreuse formée par un refroidissement rapide de la lave. Elle est généralement noire dure et tranchante. Ces caractéristiques en ont fait une pierre fréquemment utilisée pour la fabrication d’objets, tout comme le silex. La découverte de l’épave témoigne que des échanges avaient lieu pour acheminer ce matériau vers des zones qui n’en disposaient pas localement.
Les autorités prévoient d’autres missions de récupération, et insistent sur la nécessité d’effectuer une étude approfondie du fond marin pour vérifier la présence éventuelle de la coque de l’épave ou d’autres matériaux provenant de la cargaison, dans un contexte de fouille assez difficile à cause de la profondeur.
Entre 30000 et 50000 pièces de bronze d’époque romaine retrouvées au large des côtes de la Sardaigne.
Novembre 2023.
Découvert par hasard par un plongeur, ce trésor est la plus importante découverte numismatique de ces dernières années et compte plus des dizaines de follis, une monnaie introduite par les réformes monétaires de Dioclétien vers 292. Les pièces, parfaitement préservées dans leur immense majorité, datent toutes au IVe siècle et seraient liées à la présence d’une épave sur le site.



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Une rare épave de l’époque hellénistique pillée au large de Cannes, en Méditerranée.
Avril 2022.
En 2017, une épave gisant à une vingtaine de mètres de profondeur au nord de l’île Sainte-Marguerite, dans l’archipel de Lérins, était identifié. Des sondages menés en 2017 et 2019 ont confirmé son intérêt archéologique exceptionnel : il s’agit des restes d’un navire du IIe siècle avant notre ère, bien conservé, chose très rare pour cette période. Par conséquent, les archéologues du DRASSM (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) avaient programmé une véritable campagne de fouilles pour profiter de cette opportunité d’étudier à la fois la coque en bois du navire et sa cargaison.
Malheureusement, lors de son commencement, les archéologues ont constaté qu’un « important » pillage avait eu lieu sur le site, et les autorités françaises ont confirmé une « opération structurée » et un pillage « récent » et même « encore en cours », après avoir retrouvé des éléments matériels et des outils utilisés par les pilleurs. Le bilan est lourd, et de nombreuses amphores ont été prélevées en toute illégalité sur l’épave. Outre ces pertes s’ajoutent les dommages infligés au site lui-même, qui entraînent une perte d’information scientifique et historique, et rendent l’étude du site plus complexe, voire impossible.
Une enquête a été ouverte par la gendarmerie et d’importants moyens sont mobilisés pour une opération de sauvetage d’urgence. Pour l’heure, la zone est par ailleurs interdite au mouillage et à la navigation.
Étude archéologique de la cité maya submergée de Samabaj dans le lac Atitlán au Guatemala.
Avril 2022.
Le lac Atitlán est un lac d’origine volcanique, remplissant une énorme caldeira formée par une éruption survenue il y a 84000 ans. A l’époque préclassique tardive (entre -400 et 250 de notre ère), les Mayas ont établi une importance colonie sur un îlot du lac, comprenant notamment des temples, des places et des habitations. Or un événement naturel lié à l’activité volcanique se serait produit à un moment donné, entraînant la submersion de cette cité, connue sous le nom de Samabaj. Aujourd’hui, ses vestiges reposent à une profondeur comprise entre 12 et 20 mètres. Ce n’est d’ailleurs pas le seul site submergé du lac Atitlán : une douzaine d’autres sont connus, notamment à Chiutinamit.


Une nouvelle étude de restes de Samabaj, effectuée par une équipe d’archéologues de l’INAH (Instituto Nacional de Antropologia e Historia), a documenté les ruines de la cité afin de comprendre l’ampleur de son peuplement et le processus d’affaissement qui a entraîné sa submersion, en vue de sa future préservation. Les recherches ont permis de localiser plusieurs nouveaux bâtiments, et de retrouver des stèles et des céramiques. Grâce à ces données, les chercheurs ont pu délimiter les structures et commencer à établir une carte planimétrique de la ville, et considèrent que celle-ci occupait une surface d’environ 200 mètres sur 300 (soit environ 6 hectares).
A terme, il est prévu de créer un centre culturel permettant de visiter le site englouti grâce à une reconstruction numérique.
Et d’autres découvertes plus anciennes faites par les archéologues sous les eaux :
Trois épaves romaines et autres trésors découverts près d’Alexandrie en Egypte.
Le plus ancien astrolabe connu retrouvé dans l’épave d’un navire de Vasco de Gama.
Découverte d’une forteresse de l’âge du fer submergée dans le lac de Van en Turquie.
Découvertes d’épaves et des ruines submergées du port antique de Délos.
La tragédie de l’expédition Franklin bientôt élucidée ?
Sur les traces de Port-Royal, cité pirate engloutie des Antilles.
Découvertes d’une épave du XIXe siècle entre la Suède et la Finlande.
La plus ancienne cogue connue repérée dans la mer Noire ?