Chichen Itza : les plus récentes découvertes archéologiques sur le site maya
La cité de Chichen Itza est aujourd’hui l’un des sites archéologiques les plus emblématiques du Mexique et de la civilisation maya. Aujourd’hui encore, la compréhension du site est largement dépendante des recherches et découvertes archéologiques. Car de nombreuses questions demeurent en suspens, concernant les Itzas, qui ont occupé ce site, l’influence des Toltèques, un peuple qui serait venu du centre du Mexique au Xème siècle, ou l’abandon progressif de la ville jusqu’à sa disparition.
La chronologie même du site reste d’ailleurs assez floue. La première phase d’occupation du site, purement maya, remonte au VIIIe ou IXe siècle et voit la construction d’édifices, comme la Maison colorée, le Temple des Trois Linteaux ou la Maison des Nonnes similaires, à ceux des autres cités mayas de l’époque. Mais au Xe siècle, des changements brutaux surviennent, qui seraient liés à l’arrivée d’un peuple venu du centre du Mexique, les Totlèques. Cette phase « maya-toltèque » voit l’adoption du plan architectural final de la cité et la construction du nouveaux monuments, comme le temple de Kulkucan pour le culte importé du Serpent à plumes.
A cette époque, Chichen Itza devient un centre de pouvoir régional qui domine une grande partie du Yucatan. La ville couvre jusqu’à 6 km² et rassemble peut-être jusqu’à 35000 habitants à son apogée. Mais dès le XIe siècle, son importance décline, et la cité commence à se dépeupler, avant d’être définitivement abandonnée au XVe siècle.
Depuis le début des travaux archéologiques sur le site au début du XXe siècle, les recherches se poursuivent à Chichen Itza. Pour découvrir le site en images, vous pouvez consulter cette visite virtuelle du site proposée par l’INAH et voyager depuis votre fauteuil !
Et si vous voulez en savoir plus sur les plus récentes découvertes archéologiques sur le site, poursuivez votre lecture.
Des preuves de sacrifices d’enfants jumeaux découvertes à Chichén Itzá.
Au printemps 1967, les ouvriers qui construisaient un petit aéroport derrière Chichén Itzá, pour faciliter son développement touristique, ont rencontré un problème. En effet, leurs travaux sur le tracé de la piste d’aterrissage avaient mis au jour des restes humains. A cause de la proximité des vestiges de Chichén Itzá, la construction fut interrompue pour permettre des recherches archéologiques. L’espoir d’une solution rapide s’évanouit vite : les archéologues découvrirent un chultún – un réservoir souterrain d’eau de pluie qui, dans la mythologie maya, était considéré comme une entrée dans le pays souterrain des morts. Relié à la citerne, une grotte contenait plus d’une centaine de restes humains, presque tous des enfants. Malheureusement, afin de ne pas trop impacter la construction de l’aéroport, les archéologues n’eurent que deux mois leurs recherches.
Pour les chercheurs, il faisait peu de doute que ces ossements provenaient de sacrifices humains. Ceux-ci faisaient partie intégrante de la vie rituelle de Chichén Itzá, et plus généralement des Mayas et autres peuples méso-américains. Une grande partie de ces sacrifices concernaient des enfants et des adolescents. Pour en savoir plus sur ces rituels, des archéologues de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH), en collaboration avec plusieurs institutions internationales, ont mené une étude génétique sur les restes de 65 enfants enterrés dans le complexe mortuaire du Chultún.
Leurs analyses ont révélé que les enfants ont été sacrifiés entre 500 et 900 de notre ère. 64 des 65 enfants étaient en fait des garçons. Par ailleurs, un quart d’entre eux étaient directement liés les uns aux autres par un lien de parenté (frères et soeurs ou cousins). La similitude de leur régime alimentaire témoigne également qu’un grand nombre ont dû être élevés dans le même foyer.
Le sacrifice des jumeaux est un thème central dans les textes et les mythes mayas, comme dans le livre sacré du conseil maya K’iche’ (connu sous le nom de Popol Vuh), ou le Pop Vul qui raconte le sacrifice de Hun Hunahpu et Vucub Hunahpu à la suite de leur défaite dans un jeu de balle.
L’âge et le régime alimentaire similaires des enfants mâles, leur étroite parenté génétique et le fait qu’ils aient été enterrés au même endroit sur une durée de presque 200 ans indiquent que le chultún est un site funéraire post-sacrificiel. Les individus devant être sacrifiés étainet sélectionnés pour une raison spécifique, souvent par fratries.
Par ailleurs, ces recherches ont permis de prouver une grande continuité entre ces enfants et les populations mayas vivant aujourd’hui dans les environs de Chichén Itzá. Elles ont aussi permis de confirmer une mutation génétique intervenue au XVIe siècle et rendant les populations immunes à la salmonelle. Cette mutation se serait produite après 1545, date à laquelle une terrible épidémie de salmonelle se répandit au Mexique, tuant jusqu’à 90% de la population indigène.
Source (en anglais) : Nature
Découverte d’une sculpture de la tête d’un guerrier maya dans la Casa Colorada de Chichen Itza.
Novembre 2023
Cette découverte, qui s’inscrit dans les travaux de sauvetage archéologique ayant lieu en parallèle de la construction du « train maya », un réseau ferroviaire en construction dans la péninsule du Yucatan. La sculpture représente un guerrier maya, coiffé d’un casque en forme de serpent à plumes aux mâchoires ouvertes. Elle a été retrouvée dans le temple 6 de Maudslay, dans le complexe de la Casa Colorada (la Maison Colorée). Elle mesure 33 cm de haut et semble remonter à la première période d’occupation du site de Chichen Itza.
Il était habituel de représenter les guerriers avec une coiffe, une sorte de casque. Dans ce cas, il s’agit d’une figure de serpent d’où émerge le visage de ce personnage, et d’une coiffe de plumes, ce qui fait probablement allusion à Kukulcán, le serpent à plumes des Mayas.
Diego Prieto Hernández, INAH
Découverte d’une pierre gravée sphérique gravée utilisée dans les jeux de balle.
Avril 2023
>> Voir l’article détaillé sur cette découverte ici.
Cette pierre circulaire sculptée aurait été utilisée comme une sorte de tableau d’affichage du score lors d’un ancien jeu de balle rituelle. Elle aurait été réalisée entre 800 et 900, et mesure plus de 32 cm de diamètres. Sa surface est gravée de hiéroglyphes entourant deux jours debout à côté d’une balle.