Les cinq plus grandes découvertes archéologiques du XXe siècle
Le XXe siècle a consacré la place prépondérante de l’archéologie dans la culture scientifique et populaire mondiale. Sur tous les continents, un grand nombre de trouvailles spectaculaires ont eu lieu, et il est difficile de décider lesquelles ont une signification plus importante que les autres… Mais voici selon nous les découvertes archéologiques les plus emblématiques du siècle dernier.
1922. La tombe du pharaon Toutankhamon.
C’est peut-être LA découverte archéologique la plus fameuse de tous les temps. Alors que les archéologues de l’époque considèrent que toutes les tombes royales de la vallée des rois, près de Louxor, ont été découvertes, Howard Carter reste convaincu du contraire. Sa ténacité finit par porter ses fruits : il découvre dans la vallée des rois la petite tombe d’un souverain obscur de la XVIIIe dynastie, Toutankhamon. Inviolée, elle recèle non seulement la momie royale, mais aussi plus de 5000 objets, dont beaucoup d’une haute valeur artistique et culturelle. Incroyable trésor, parmi lequel les sarcophages du roi et son célèbre masque sont peut-être les plus spectaculaires.
Cette découverte fascine le public par la richesse de la tombe et les mystères entourant son occupant. A tel point qu’elle est à l’origine d’un mythe : la malédiction des pharaons. Aujourd’hui encore, son aura se dément pas, comme en témoigne le succès de toutes les expositions internationales qui sont consacrées à Toutankhamon.
Même si d’autres tombes royales intactes ont été mises au jour par la suite en Egypte, celles des pharaons des XXIe et XXIIe dynasties, retrouvées dans les années 40 par Pierre Montet à Tanis, elles n’ont jamais éclipsé la découverte d’Howard Carter.
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1927. Les lignes de Nazca dans le désert péruvien.
Même si les lignes étaient connues dès la période coloniale, elles ne commencent à être sérieusement étudiées que vers le milieu du XXe siècle. Au total, plus de 1500 géoglyphes parsèment les terres arides de la région de Nazca, au sud du Pérou. Leur taille varie grandement : les plus petits ne font que quelques mètres, mais d’autres ont une envergure de plusieurs centaines de mètres et sont particulièrement bien visibles depuis le ciel. Ils ont été réalisés par les cultures Paracas, puis Nazca entre -500 et 500 et représentent souvent des formes géométriques, mais parfois aussi des animaux stylisés, plus rarement des figures humaines.
Le gigantisme de certaines de ces symboles et les énigmes entourant leur fonction ou leur interprétation, toujours sujet de débat entre les chercheurs, ont assuré leur célébrité auprès du grand public. Aujourd’hui encore, les lignes conservent leurs mystères, mais grâce aux nouvelles technologies, des centaines de nouveaux géoglyphes ont été repérés ces dernières années, dont certains particulièrement spectaculaires, comme celui d’un félin en 2020.
1940. La grotte de Lascaux en Dordogne.
Les versions divergent quant à la découverte de cette grotte de Dordogne par des enfants en 1940. Toujours est-il que son art rupestre est saisissant : réparties dans plusieurs salles, des centaines de peintures ou de gravures d’animaux peuplent les parois. Elles sont vieilles de 17000 ou 18000 ans et représentent la faune de l’époque : chevaux, bisons, cerfs, aurochs, mais aussi des ours, des grands félins ou des rhinocéros. Parmi toutes ces représentations, une seule est humaine.
Personne ne peut dire avec certitude ce que signifient exactement ces peintures et pourquoi elles ont été réalisées, mais les chercheurs s’accordent à penser que la grotte faisait office de sanctuaire. Près d’un millier d’objets y ont par ailleurs été retrouvés lors de fouilles : pierres ou os taillés, parures, restes animaux, charbons etc. Cette découverte constitue un tournant dans la manière d’envisager la préhistoire et nos lointains ancêtres, et va donner une nouvelle dimension à ces époques lointaines.
Symbole de la fascination que la recherche de nos origines peut exercer sur nous, Lascaux devient aussi l’une des premières victimes du tourisme de masse. Après son ouverture au public, les conditions de l’air de la grotte sont modifiées par l’afflux des visiteurs. Les problèmes commencent dès les années 50 avec l’acidification des parois, puis s’enchaînent sans répit jusqu’à aujourd’hui, malgré la fermeture de la grotte au public dès 1963 : colonies d’algues, calcite, prolifération de micro-organismes et de champignons… Plusieurs fac-similés ont depuis lors été construits pour accueillir le public, tandis que les chercheurs s’efforcent de préserver la grotte et ses chefs d’œuvres.
1967. La cité ensevelie d’Akrotiri à Santorin.
Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais Akrotiri est une petite Pompéi de la mer Egée, située sur l’île volcanique de Santorin, dont les paysages de carte postale ont assuré le succès touristique.
Le site archéologique d’Akrotiri est mis au jour par Spyridon Marinatos en 1967. Une cité complète de la civilisation des Cyclades, proche de la culture minoenne émerge alors, tout droit sortie de l’antiquité. Elle a été entièrement ensevelie par une éruption majeure du volcan de l’île, vers -1500. Cette éruption violente, qui a façonné la géographie de l’île telle que nous l’a connaissons aujourd’hui, n’a peut-être pas seulement mis fin à l’existence d’Akrotiri. D’une grande puissance, il est possible qu’elle ait eu des répercussions majeures sur l’ensemble des civilisations du bassin méditerranéen, et pourrait être l’une des causes de l’effondrement de la fin de l’âge du bronze, qui voit plusieurs sociétés s’effondrer, et notamment les Minoens.
Toujours est-il que, comme Pompéi, la cité a été comme figée dans le temps par la catastrophe. Ses objets, ses édifices et leurs fresques sont ainsi parvenues jusqu’à nous dans un état de conservation impressionnant, contribuant largement à une meilleure connaissance de cette époque lointaine, en contact avec les grandes civilisations de l’époque, en Egypte ou au Proche-Orient.
En 1974, M. Marinatos mourut accidentellement sur les fouilles, mais le chantier ne s’est jamais arrêté et se poursuit encore. A l’heure actuelle, environ 2 hectares de la cité antique ont été dégagés, soit une petite partie seulement de sa superficie totale.
Et pour finir, direction la Chine avec deux découvertes archéologiques qui méritent de figurer côte à côte dans cette liste.
1971. La tombe de la marquise de Dai.
D’un côté, une trouvaille peu connue du grand public : la tombe de la marquise de Dai (ainsi que celles de son époux et de son fils), remontant à la dynastie des Han. Cette dame, morte en -163, était enterrée avec près d’un millier d’objets. Quant à sa dépouille, elle était protégée par des coffrages de pin, des couches d’argile blanche et de charbon de bois, enveloppée dans des couches de tissus et immergée dans un liquide rouge. Une méthode de conservation encore mystérieuse mais redoutablement efficace : son corps (souvent improprement appelé momie, alors qu’il n’a pas été desséché et comprend tous ses organes et tissus mous, ainsi que son sang) a pu être autopsié plus de 2000 ans après son décès. Ces tombes et leur somptueux mobilier (contenant aussi des livres) constituent de véritables capsules temporelles de leur époque, et leur étude a constitué un tournant dans la compréhension de l’époque Han, assez mal connue jusqu’alors, et continue aujourd’hui encore d’alimenter les recherches scientifiques.
1974. L’armée de terre cuite du premier empereur de Chine.
De l’autre côté, l’armée de terre cuite de Qin Shin Huang (-247 à -210), le premier empereur de Chine. L’édification de son mausolée, près de sa capitale, aujourd’hui Xi’An, constitua une œuvre titanesque, dont l’édification aurait employé des centaines de milliers de personnes. Jugez-en par vous même : le complexe funéraire s’étend sur près de 56 km² ! La tombe proprement dite se trouve sous un gigantesque tumulus de terre, d’un diamètre de 350 mètres, et qui aurait dépassé lors de sa construction les cent mètres de hauteur.
A ce jour, la tombe n’a pas été fouillée et n’aurait jamais été violée. Mais, en 1974, des paysans tombent sur ce qui constitue l’une des découvertes les plus spectaculaires du XXe siècle : une immense armée de terre cuite conçue pour escorter l’empereur dans l’au-delà. Un total de huit fosses, dont certaines très vastes, sont mises au jour par les archéologues : elles contiennent près de 8000 soldats de terre cuite, dont la fabrication pièce par pièce a permis de les individualiser, mais également un important matériel funéraire : chevaux sacrifiés, chars, armes, récipients…
Un petit aperçu des trésors qui reposent probablement encore dans le mausolée de Qin Shin Huang.