10 grandes découvertes archéologiques de l’Egypte des pharaons
Après plus de deux siècles d’explorations et d’archéologie, l’Egypte a livré un grand nombre de découvertes exceptionnelles qui continuent d’attiser aujourd’hui encore la fascination du grand public pour cette civilisation ancienne, aux accomplissements spectaculaires. Retour sur dix découvertes – parmi tant d’autres – qui ont marqué l’égyptologie.
1799. La pierre de Rosette.
Ce fragment de stèle a été découvert par hasard : le 15 juillet 1799, un soldat français faisant partie de l’expédition d’Egypte de Napoléon Bonaparte le remarque parmi les pierres des fortifications de la ville littorale de Rosette, non loin d’Alexandrie. Après la défaite des Français en Egypte, la pierre devient possession britannique et est exposée au British Museum. Elle attire l’attention des savants, conscients qu’elle offre la possibilité de déchiffrer les anciennes écritures pharaoniques. Ce fragment de granite d’époque ptolémaïque présente en effet un édit pharaonique trilingue : en grec, langue des Ptolémée originaires de Macédoine, en démotique (simplification des hiéroglyphes, auquel le Copte fit beaucoup d’emprunts) et en hiéroglyphe. Après le déchiffrement du démotique, le mystère des hiéroglyphes finit enfin par être percer grâce aux contributions déterminantes de l’Anglais Thomas Young et du Français Jean-François Champollion.
1813. Les temples d’Abou Simbel.
Situés en Nubie, à environ 40 km de la frontière soudanaise, la construction des deux temples d’Abou Simbel fut décidée par le pharaon Ramsès II. Leur édification dura environ 20 ans, de -1264 à -1244. Il s’agit de deux temples rupestres, dont le plus grand était dédié au pharaon, et le plus petit à la grande épouse royale Néfertari – dont les restes momifiés ont été récemment identifiés. Dès le VIe siècle, le sable avait repris ses droits et enfoui les statues jusqu’aux genoux. Oublié pendant des siècles, il est redécouvert par en 1813 par le Suisse Jean-Louis Burckhardt, puis visité par l’explorateur et aventurier italien Belzoni, qui espère y découvrir des trésors. Rien de tel n’y sera retrouvé, mais ces deux temples sont devenus emblématiques de la civilisation pharaonique. Raison pour laquelle ils ont été entièrement démontés et remontés entre 1964 et 1968 pour les protéger de la montée des eaux suite à la construction du barrage d’Assouan.
>> Découvrez les deux temples d’Abou Simbel en Nubie, chefs d’œuvre du pharaon Ramsès II.
1887. Les tablettes d’Amarna.
Capitale du pharaon hérétique Akhénaton, Amarna présente la particularité d’avoir été construite et abandonnée en un laps de temps très court, à peine une décennie. Après la mort d’Akhénaton vers -1338, la cité est démantelée et laissée aux sables. Durant des siècles, les locaux en utilisent les matériaux. Le site archéologique attire l’attention des chasseurs d’antiquités et des savants dès le XVIIIe siècle, mais de véritables études scientifique set fouilles n’y débutent que dans la seconde moitié du XIXe. En 1887, une collection de tablettes y est retrouvée – d’autres le seront par la suite, et on en comptabilise au total aujourd’hui 382. Il s’agit en fait de la correspondance, écrite en akkadien cunéiforme, entre les pharaons et les autres grandes cours étrangères de l’époque : Babylone, l’Assyrie, le Mitanni, les Hittites et d’autres puissances moindres. Ces lettres ont permis de mieux comprendre la situation géopolitique de l’époque. Amarna a par ailleurs livré en 1912 le célèbre buste de Néfertiti, l’épouse d’Akhénaton, qui se trouve aujourd’hui à Berlin et symbolise l’originalité de l’art amarnien.
1898. Les papyri d’Oxyrhynque.
Florissante de l’époque ptolémaïque jusqu’à la période byzantine, la capitale du XIXe nome était l’une des plus importantes cités d’Egypte est comptait de nombreux monuments. Il n’en reste aujourd’hui que peu de traces visibles, mais la richesse archéologique d’Oxyrhynque se cache ailleurs : pendant des siècles, les papyri usagés, publics comme privés, ont été jetés après usage. Conservés par la sécheresse du sable du désert, ils fournissent depuis leur découverte en 1898 une mine inépuisable d’informations sur près de mille ans de l’histoire égyptienne. Leurs fragments n’étant parfois pas plus gros qu’une pièce de monnaie, les rassembler est un travail très minutieux. Environ 5000 documents ont été reconstitués et transcrits, livrant un aperçu très détaillés sur de nombreux aspects de la vie quotidienne de l’époque, mais livrant aussi des écrits d’auteurs antiques perdus par ailleurs, ou encore des textes bibliques comme l’évangile de Thomas. Cependant, à peine un à deux pour cent du volume total de papyri retrouvés aurait été reconstitué : le reste est aujourd’hui dispersé dans de nombreux endroits du monde, notamment à Oxford.
1899. La cache pharaonique de Deir el-Bahari.
Originellement prévue pour accueillir la dépouille du Grand Prêtre d’Amon Pinedjem II (mort vers -969) et de sa famille, cette tombe surplombant le temple funéraire d’Hatshepsout à Deir el-Bahari a finalement été utilisée pour abriter des pillages les momies et trésors de plus de 50 rois, reines et personnalités du Nouvel Empire. Sous le règne de Ramsès IX, le pays est en proie à l’instabilité et la sécurité des nécropoles n’est plus assurée. Afin de protéger les dépouilles royales et ce qui reste de leurs mobiliers funéraires, le contenu de plusieurs tombes est évacué et rassemblé dans cette cachette. Ils y sont oubliés pendant des siècles. Puis, entre 1871 et 1881, une famille locale découvre la tombe. De nombreux objets en sont extraits et vendus, attirant l’attention des autorités. Par des méthodes musclées, celles-ci finissent par s’en faire livrer la position : Emile Brugsch fait vider la tombe et transférer son contenu en quelques jours. Ce déplacement précipité, peut-être motivé par la peur d’autres pillages, a été très peu documenté. Cela a rendu par la suite l’étude de ces trouvailles et l’identification de certaines momies difficiles. Malgré tout, outre un important matériel funéraire, les momies de plusieurs grands pharaons du Nouvel Empire ont été retrouvées, notamment celle de Ramsès II, mais aussi de son grand-père Ramsès Ier et de son père Séthi Ier, ainsi que de plusieurs de ces successeurs et prédécesseurs, comme Amenhotep Ier ou les Thoutmosis.
1922. Le trésor de Toutânkhamon.
Bien que plusieurs tombes de pharaons aient été découvertes et fouillées à la fin du XIXe siècle, les archéologues sont passés pendant près de vingt ans à côté de ce petit tombeau. C’est seulement en 1922 qu’Howard Carter découvre la tombe du fils d’Akhénaton, mort très jeune. La tombe, parvenue jusqu’à nous quasiment intacte, livre des trésors fabuleux. Elle constitue certainement la découverte archéologique la plus célèbre effectuée en Egypte, et mérite bien de figurer au palmarès des cinq plus grandes découvertes du XXe siècle. Elle a aussi tiré de l’anonymat un pharaon obscur, au règne bref, et dont on ne savait que très peu de choses. Il faudra presque dix ans pour extraire tout le mobilier de la tombe ; son importance historique remet pour la première fois en cause le partage traditionnel entre l’Egypte et le pays « découvreur ». L’intégralité du trésor, dont le célèbre masque funéraire de Toutânkhamon constitue certainement le chef d’oeuvre, reste en Egypte et est aujourd’hui visible au musée du Caire. La tombe continue pourtant de faire rêver : il y a peu, on espérait encore y découvrir des chambres dissimulées.
1946. Les tombes royales de Tanis.
Autre découverte spectaculaire, qui n’a pas eu autant de retentissement médiatique qu’elle le méritait à cause de la seconde guerre mondiale : celle des tombes royales de plusieurs dynasties de la troisième période intermédiaire. Durant cette période troublée, qui s’étale d’environ -1070 à – 664, l’Egypte est divisée. Régnant sur la Basse-Egypte, les pharaons de la XXIe et XXIIe dynasties font de Tanis leur capitale. Ils embellissent cette cité du delta avec l’ambition d’en faire la Thèbes du Nord, et se font inhumer dans l’enceinte de son plus grand sanctuaire. Leurs sépultures, de tailles bien plus modestes que celles de la vallée des Rois, sont cependant parvenues jusqu’à nous inviolées. Leur découverte par l’équipe de l’archéologue français Pierre Montet a permis la mise au jour de pièces d’orfèvrerie spectaculaires, témoignant de la maîtrise artistique de cette époque. En revanche, les tombes se trouvant dans un milieu humide, la plupart des matériaux organiques en avaient disparu.
Pour en savoir plus sur Tanis et les trésors des pharaons de la troisième période intermédiaire, c’est par ici !
1954. La barque solaire de Kheops à Guizeh.
C’est au pied de la grande pyramide que furent découverts par l’égyptologue égyptien Kamal el-Mallakh cinq fosses à barque vieilles de plus de 4500 ans. Trois étaient vides, mais les deux autres contenaient encore leur navire. L’une de ces deux fosses était en parfait état de conservation, couverte de 41 dalles de calcaire pesant chacun en moyenne 15 tonnes. La barque qu’elle contenait a pu être reconstituée par le conservateur Hadj Ahmad Youssef à partir de 1224 éléments. En cèdre et en acacia, comportant encore ses cordages, rames et cabines, elle mesure 43,4 mètres et est considéré comme le plus vieux navire intact au monde, ayant environ 4500 ans. Cependant, il est probable que la barque n’ait pas été réalisée pour la navigation. Bien que la signification symbolique de ces barques soit encore discutée, c’était une pratique attestée d’en enterrer avec les pharaons jusque tard dans l’histoire égyptienne, comme en témoigne la découverte de salle ayant contenu une telle barque en 2017 à Abydos. La barque était probablement un navire rituel, sensé porter le pharaon ressuscité vers le dieu solaire Râ à travers le ciel. Cependant, elle porte des traces d’utilisation dans l’eau, et il est possible qu’elle ait servi à transporter le corps momifié du roi depuis la capitale, Memphis, jusqu’au plateau de Guizeh, ou que Khéops l’ait utilisé de son vivant. Aujourd’hui, le public peut admirer cette barque dans un musée qui lui est spécialement réservé et ouvert depuis 1982. La seconde, elle, n’a pas encore été étudiée.
1996. La vallée des momies d’or, dans l’oasis de Bahariya.
Découvert par Zahi Hawass menant une équipe égyptienne, il s’agit d’une nécropole vieille d’environ 2000 ans. Les chercheurs estime qu’elle pourrait en contenir plusieurs milliers, mais jusqu’à présent environ 250 ont été retrouvées. Leur traitement montre la richesse de l’oasis à l’époque romaine. Si certaines momies étaient entourées de lin ou placées dans des sarcophages anthropomorphes en terre cuite, d’autres se trouvent dans des cartonnages soigneusement décorés. Enfin, près d’un quart d’entre elles comportent un masque et un plastron doré couvrant le visage et le buste, ornés de scènes figurant des divinités. Les chercheurs expliquent leur bon état de conservation notamment par la pratique de placer des roseaux de part et d’autre de la momie avant de l’entourer de bandelettes, assurant à la dépouille une stabilité que n’avaient pas les momies de l’époque pharaonique.
1996 à 2003. Les découvertes sous-marines d’Alexandrie et de Thonis-Héraklion.
Le littoral ayant profondément changé depuis l’antiquité, une bonne partie des vestiges de la capitale des Ptolémée se trouve aujourd’hui sous les eaux, tout comme d’autres villes côtières antiques des environs. Dès 1968, les vestiges du célèbre phare, l’une des sept merveilles du monde, avaient été retrouvées dans le port de la deuxième ville d’Egypte. En 1995, Jean-Yves Empereur entreprend de nouvelles recherches. Elles permettent de relever la présence au fond des eaux d’environ 5000 blocs appartenant à l’ancien monument, ainsi que des colonnes et des statues monumentales dont plusieurs sont retirées des eaux. Franck Goddio, qui mène lui aussi des recherches à Alexandrie et dans la baie d’Aboukir, identifie et explore entre 2000 et 2003 les vestiges submergés de la cité antique de Thonis-Héraklion. De nombreuses statues et objets en sont remontés, même si une grande partie du site reste encore inexploré.
Et vous, quelle découverte archéologique en Egypte trouvez-vous la plus fascinante ?
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