Ramsès II, pharaon bâtisseur : grands sites et monuments

Peu de pharaons ont autant marqué de leur empreinte architecturale la vallée du Nil que Ramsès II. Durant son très long règne (-1269 à -1213), ce bâtisseur infatigable a littéralement couvert le pays de centaines de temples et d’édifices destinés à proclamer sa grandeur. Plus de 3000 ans plus tard, voici un tour d’horizon des monuments et vestiges archéologiques les plus significatifs légués par ce souverain hors norme.


Pi-Ramsès, une capitale monumentale construite ex-nihilo pour Ramsès II.

Vue aérienne de Qantir, sur le site de Pi-Ramsès, capitale du pharaon bâtisseur Ramsès II
Vue d’une partie du site occupé par Pi-Ramsès. La mise en culture
a considérablement modifié le site depuis les années 60.

Décidé à construire une nouvelle capitale, Ramsès II choisit un site dans le delta du Nil, région dont il était originaire, tout près de l’ancienne capitale des Hyksos, Avaris. Le pharaon y lance un chantier gigantesque, aboutissant à la création d’une cité monumentale. Décrite par les sources antiques comme la « ville turquoise », car cette couleur ornait les encadrements des portes et fenêtres, c’est aussi une cité monumentale qui compte un grand palais, des casernes, ainsi que trois temples principaux consacrés à Rê, Amon et Ptah, trois des plus importantes divinités du panthéon égyptien. La capitale de Ramsès II se serait étendue sur une superficie de 18 km² et aurait pu compter jusqu’à 300000 habitants. Mais quelques décennies plus tard, la branche du Nil sur laquelle se trouve Pi-Ramsès s’assèche. La ville est abandonnée, tandis que ses matériaux sont réutilisés pour l’édification de la cité voisine de Tanis. Aujourd’hui, peu de vestiges en sont visibles, mais au cours des dernières années plusieurs fouilles ont permis d’en savoir plus sur la capitale disparue.

>> Pour en savoir plus sur Pi-Ramsès, la capitale oubliée de Ramsès II.


Abu-Simbel, deux temples uniques au cœur de la Nubie.

A l’opposé du pays, Ramsès II décide de faire édifier au cœur de la Nubie pacifiée sous son règne deux temples uniques absolument uniques. Le temple principal, dont l’entrée est marquée par quatre colosses à l’effigie de Ramsès II, est creusé sur près de 60 mètres dans la falaise. Le temple secondaire, dont la façade est flanquée par des statues du roi et de la grande épouse royale Néfertari, se trouve à une centaine de mètres.

Lors de la mise en eau du barrage d’Assouan, un projet considérable fut lancer pour démonter et remonter les deux temples sur un site à l’abris des flots.

>> Pour découvrir Abou Simbel, le joyau de la Nubie


Les agrandissements du temple de Louxor à Thèbes.

Situé sur la rive orientale du Nil, ce sanctuaire était, après celui de Karnak, le plus important de Thèbes, la capitale de la Haute-Egypte. Chef d’œuvre architecteural de l’Egypte ancienne, le temple était consacré à la triade thébaine composée du dieu Amon, de son épouse Mout et de leurs fils Khonsou. Louxor fut initialement construit sous le pharaon Amenhotep III au XIVe siècle avant notre ère. Ramsès II y fit cependant ajouter une première cour et une entrée monumentale composée de deux pylônes, de deux obélisques (dont l’un se dresse aujourd’hui sur la place de la Concorde à Paris) et de statues colossales, précédés d’une allée des sphinx. Par la suite, plusieurs pharaons de la Basse-Epoque et de l’ère ptolémaïque apportèrent encore des ajouts et des modifications au sanctuaire, qui nous est parvenus largement préservé.


Les deux statues colossales du grand temple de Ptah, à Memphis.

Capitale de la Basse-Egypte, Memphis fut durant toute la période pharaonique l’une des cités les plus dynamiques et les plus importantes du pays. D’ailleurs la capitale actuelle de l’Egypte, le Caire, se trouve non loin de son emplacement.

Cependant la réalité de la ville antique a été mouvante, et est aujourd’hui difficile à appréhender par les historiens et les archéologues. Seuls des vestiges épars sont connus, et en fait, notre connaissance de la morphologie de la ville varie, selon les périodes historiques, de rien à pas grand chose. Il est cependant certain que Ramsès II n’a pas laissé en reste cette métropole. La découverte en 1820 par Giovanni Battista Caviglia de deux statues colossales du pharaon sur le site du grand temple de Ptah, la divinité tutélaire de Memphis, en est la preuve. Les deux statues en calcaire, d’une dizaine de mètres, représentent le pharaon debout.

L’une d’entre elle, dont ils manquent les pieds, est toujours exposée à environ trente mètres de l’endroit où elle a été découverte, dans le musée de Memphis. La finesse de la sculpture est particulièrement remarquable.

La seconde, brisée en six morceaux, fut déplacée sur l’ordre de Nasser près de la gare du Caire, en 1955. Elle y fut restaurée à sa hauteur originale de 11 mètres. Eprouvée par les vibrations du trafic automobile et du métro, ainsi que par la pollution environnante, le colosse a été déplacé en 2018 dans le nouveau Grand Musée Egyptien, situé près des pyramides de Guizeh.

Déplacer cette énorme statue de 83 tonnes fut un défi technique, et l’on ne peut qu’admirer les anciens Egyptiens qui l’ont élevée il y a plus de 3000 ans.


Le Ramasséum, le gigantesque temple des millions d’années de Ramsès II.

Salle hypostyle Ramasséum
Vue aérienne du portique osiriaque de la 2e cour, avec en arrière plan la salle hypostyle.

Un temple funéraire était nécessaire pour assurer l’immortalité du pharaon : comme ses ancêtres, Ramsès II fait édifier le sien dans la nécropole thébaine. Il voit grand : le gigantesque complexe ne couvre pas moins de 12 hectares, mais n’apporte pas d’innovation architecturale particulière. Il compte deux grandes cours, chacune fermée par des pylônes de pierre d’environ 60 mètres de large. Une salle hypostyle de 48 colonnes précédait le sanctuaire proprement dit.

Outre le temple, le complexe servait aussi de centre économique et comptait également des entrepôts, des magasins et de nombreux autres bâtiments annexes, ainsi que deux sanctuaires consacrés aux parents du pharaon. Le Ramasséum était admiré dès l’Antiquité et passait déjà pour l’un des temples les plus majestueux de la vallée du Nil. Avec la montée du Christianisme, une grande partie de la statuaire du complexe est brisée, puis ses matériaux sont largement réutilisés. Il en reste cependant encore aujourd’hui des vestiges encore monumentaux qui permettent de se faire une bonne idée de sa splendeur passée.

>> Pour en savoir plus sur le Ramasséum, monumental temple funéraire de Ramsès II


La splendeur perdue de la tombe KV7, l’immense sépulture de Ramsès II.

Comme pour son temple funéraire, Ramsès II n’a pas cherché à faire petit : sa tombe est l’une des plus vastes de la vallée des rois, et sa décoration était certainement fastueuse. Pour un pharaon, s’occuper d’aménager sa dernière demeure et d’assurer sa survie dans l’au-delà n’est pas une mince affaire, et Ramsès II lance probablement le chantier dès la deuxième année de son règne.

Vue d’une partie de l’intérieur de la tombe de Ramsès II. Les décorations
ont été irrémédiablement endommagées par les débris charriées par les crues.

Il choisit une partie de la vallée des rois jusque là inoccupée, et y fait réaliser une tombe gigantesque, s’enfonçant de 168 mètres dans la colline. Malgré ses dimensions, les chercheurs pensent que les travaux ont pris entre 10 et 12 ans seulement, et que sa décoration fut entièrement achevée – ce qui n’était pas toujours le cas, notamment lors du décès impromptu d’un pharaon. Sa structure innove, notamment par une monumentale salle hypostyle à deux niveaux, et ses successeurs vont l’imiter. Par ailleurs, à la différence des autres tombes royales, celle de Ramsès n’est pas dissimulée, mais comporte une entrée monumentale.

Comme la grande majorité des sépultures de la vallée, celle de Ramsès II est pillée dès l’antiquité, probablement lors des troubles qui marquent la fin de la XXe dynastie, ne laissant quasiment pas la moindre trace des immenses trésors qu’elle devait receler. La momie du roi est tout de même temporairement mise à l’abri dans la tombe de son père Séthi Ier, avant de rejoindre de nombreuses autres momies royales dans la cachette de Deir el-Bahari, parvenant ainsi intacte jusqu’à nous.

Ce n’est pas le cas de sa tombe. Elle est fréquemment visitée durant l’antiquité – les voyageurs de la période gréco-romaines ne se privent d’ailleurs pas de faire des graffitis sur ses murs, comme sur ceux d’autres tombes royales… Mais l’emplacement de la sépulture a été mal choisi : des crues fréquentes et terribles y charrient de nombreux débris, qui finissent par l’emplir complètement, endommageant irrémédiablement sa décoration. Dégagée depuis le XIXe siècle, la tombe a été longtemps délaissée des chercheurs avant que des travaux n’y reprennent dans les années 90. Ils sont cependant rendus difficiles car la tombe est très dégradée et parfois dangereuse.


La tombe de Néfertari, joyau de la vallée des reines.

Si elle ne rivalise pas en taille avec la tombe de son époux, la sépulture de Néfertari, l’épouse favorite de Ramsès II, n’était cependant pas non plus modeste. Située dans la vallée des reines, elle est surtout remarquable pour sa décoration extrêmement soignée, qui est parvenue jusqu’à nous dans un bon état de conservation – même si elle se dégrade inexorablement.

La tombe a été découverte en 1904 par le directeur du musée égyptien de Turin, Ernesto Schiaparelli. Ses fresques, qui s’étalent sur environ 480 m², sont probablement les plus belles qui nous soient parvenues de cette époque. Leur qualité est telle que la sépulture de Néfertari est parfois surnommée la chapelle sixtine de l’ancienne Egypte…

Le mobilier de la tombe avait été pillé dès l’antiquité, mais les archéologues y ont cependant retrouvés de nombreux objets et fragments qui en faisaient partie, ainsi que des morceaux d’une momie, identifiés récemment comme appartenant probablement à la reine.

>> Lisez l’article sur l’identification des restes momifiés de la reine Néfetari.


La tombe KV5, gigantesque tombe pour les fils de Ramsès II.

Cette tombe collective, est la sépulture des fils de Ramsès II. Découverte en 1825 par l’archéologue Giovanni Battista Belzoni, la KV5 est l’une des plus vastes tombes de la vallée des rois, comprenant peut-être 150 chambres souterraines. Ces chambres étaient destinées à abriter les sarcophages et les offrandes funéraires des princes royaux. Les parois de la tombe étaient richement décorées de hiéroglyphes et de peintures représentant des scènes de la vie quotidienne, des rituels religieux et des divinités égyptiennes. Sa décoration est très similaire à la tombe de Néfertari, et il est possible que les mêmes artisans aient œuvrés aux deux tombes. Cependant la fragilité des supports et les fréquentes inondations de la tombe l’ont quasiment fait complètement disparaître.

La tombe KV5 a été partiellement pillée dans l’Antiquité, et fortement endommagée par les inondations qui l’ont remplie de débris. Malgré cela, les archéologues y ont retrouvé des milliers d’objets – souvent brisés – et quelques restes humains. Son état actuel est très dégradé, mais elle reste cependant une source précieuse d’informations sur la famille royale de Ramsès II. Ce n’est qu’à partir de 1987 qu’elle commence à être réellement explorée, et les recherches archéologiques s’y poursuivent depuis jusqu’à aujourd’hui.


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