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Une branche disparue du Nil expliquerait l’emplacement des pyramides d’Egypte

Une étude révolutionnaire publiée dans le journal Communications Earth & Environment révèle de nouvelles perspectives sur les emplacements choisis des sites des pyramides. Elle révèle notamment pourquoi la plus grande concentration de pyramides en Egypte se trouve le long d’une étroite bande désertique.


Le Nil, colonne vertébrale de l’Egypte ancienne.

Depuis le début de l’ère pharaonique, le fleuve Nil a joué un rôle fondamental dans la croissance rapide et l’expansion de la civilisation égyptienne. Non seulement, grâce à ses crues, le fleuve assurait la fertilisation des terres et par conséquent, assurait la subsistance des sociétés agricoles établies sur ses rives. Mais il servait aussi de principal mode de déplacement, facilitant le transport par voie fluviale sur son cours principal et ses différentes branches des marchandises et des matériaux de construction. Cela explique pourquoi la plupart des principales villes égyptiennes anciennes se trouvaient à proximité du fleuve ou de ses branches périphériques.

Car au fil des siècles, le chenal principal du Nil s’est déplacé latéralement. Cela a provoqué l’envasement de certaines de ses branches périphériques. En conséquence, certains centres de population ont été coupés des ressources vitales fournies par le fleuve, ou mises à l’écart des voies de communication, conduisant souvent à leur abandon pour un nouveau site, situé lui près du fleuve. C’est ainsi que l’assèchement d’une branche du Nil a signé la disparition de l’ancienne capitale de Ramsès II, Pi-Ramsès, ou plus tard celle de Tanis, la Thèbes du Nord.

Ce déplacement du cours du Nil est aussi apparent avec la disposition des pyramides le long du plateau désertique occidental. La grande majorité d’entre elle est en effet concentrée le long d’une étroite bande désertique, à plusieurs kilomètres de l’actuel cours principal du fleuve. Il en est ainsi des pyramides de Guizeh et du site voisin d’Abousir, en usage durant l’Ancien Empire, ou bien plus au sud, du site de Licht lié aux pharaons du Moyen Empire.


La branche d’Ahramat, un bras disparu du Nil situé près des pyramides.

Le grand mérite de l’étude est d’avoir combiné des images satellites radar, des données géophysiques et les résultats de carottage profonds pour examiner la structure souterraine et la sédimentologie dans la vallée du Nil adjacente aux groupes des pyramides. Les résultats sont renversants : les chercheurs pointent l’existence d’une branche disparue du chenal principal, appelée la branche d’Ahramat, qui était reliée aux pyramides de l’Ancien et du Moyen Empire via des chaussées et leurs temples.

La branche d’Ahramat a joué un rôle dans la construction des monuments et était simultanément active et utilisée comme voie navigable de transport pour les ouvriers et les matériaux de construction vers les sites des pyramides. »

Auteurs de l’étude : Ghoneim, E., Ralph, T.J., Onstine, S. et al.

Ainsi, il serait beaucoup plus facile d’expliquer comment les anciens ont pu acheminer les millions de blocs de pierre ou de matériaux nécessaires à la construction des pyramides. Ils seraient arrivés par voie fluviale, et auraient ensuite été trainés sur les chantiers par de grandes chaussées. Néanmoins, la distance à parcourir depuis les rives de la branche d’Ahramat et le site des pyramides est bien moins importante que pour rejoindre le cours actuel du fleuve, hypothèse qui avait toujours été retenue jusqu’alors.

La migration vers l’est et l’abandon de la branche d’Ahramat pourraient être attribués à plusieurs facteurs. Le mouvement graduel du fleuve vers la plaine inondable adjacente plus basse, ou à l’inclinaison de la plaine inondable du Nil vers le nord-est à la suite d’une activité tectonique pourraient en être responsables. De même, l’arrivée de sable apporté par les vents, en raison de la proximité de la branche avec le plateau désertique occidental auraient pu y contribuer. Ce déplacement pourrait également contribuer à expliquer les mutations du site de Memphis, la métropole de Basse-Egypte et l’une des résidences pharaoniques les plus importantes.

Sources (en anglais) ici et crédits photographiques : Ghoneim, E., Ralph, T.J., Onstine, S. et al.

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