A Autun, la tombe du chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin refait surface
Une actualité archéologique chargée pour la ville aux portes du Morvan : après les fouilles d’une nécropole de l’antiquité tardive et la découverte d’un vase unique, c’est cette fois la tombe d’un célèbre personnage de la fin du Moyen-Âge, le chancelier de Bourgogne Nicolas Rolin, qui vient d’être mise au jour.
Nicolas Rolin, un acteur majeur de la fin du Moyen-Âge en Bourgogne.
Nicolas Rolin (vers 1376-1462), issu de la bourgeoisie d’Autun, connaît une remarquable ascension grâce à la confiance des ducs de Bourgogne Jean sans Peur, puis Philippe le Bon. Avocat de formation, il est nommé chancelier en 1422. Il s’enrichit considérablement et à sa mort, ne possédait pas moins de 22 châteaux et 5 maisons fortes.
Aujourd’hui, il est surtout connu pour ses activités de mécène, à une époque où la Renaissance s’épanouissait en Europe et où la cour de Bourgogne était particulièrement brillante
Avec sa troisième épouse Guigone, il fonde notamment les célèbres hospices de Beaune. Il commandite aussi des tableaux et des retables à certains des plus grands artistes de son temps : Jan van Eyck, Jean Hey ou encore Rogier van der Weyden. Il est d’ailleurs représenté sur plusieurs d’entre eux, ce qui nous permet de bien nous représenter le personnage.
Mais une grande partie de son attention va se porter sur une église d’Autun : Notre-Dame-de-Châtel.
Une collégiale détruite à la Révolution.
Sous l’Ancien-Régime, la cathédrale Saint-Lazare n’est pas seule à dominer le paysage d’aucun : juste à côté d’elle se trouve aussi Notre-Dame-de-Châtel.
Or, la famille Rolin a un lien très fort avec cette église : c’est là que Nicolas a été baptisé et que se trouve le caveau sépulcral de la famille, dont l’hôtel particulier (aujourd’hui le musée municipal) est tout proche. Une passerelle relie d’ailleurs la résidence à une loge privée, d’où l’on peut suivre la messe.
Mais au début du XVe siècle, l’église menace ruine. A partir de 1426, Nicolas Rolin lui obtient une rente annuelle, y installe des chanoines, la fait restaurer et embellir. Il la fait même soustraire à l’autorité de l’évêque, et la rattache directement à Rome. C’est pour décorer l’une de ses chapelles qu’il commande à Jan van Eyck l’un de ses chefs d’œuvres : la Vierge au chancelier Rolin, où Nicolas est lui-même représenté en orant devant la Madone.
A sa mort, en 1462, le chancelier rejoint ses ancêtres dans la tombe et y repose pendant près de trois siècles. Mais la Révolution va bouleverser le paysage d’Autun. En 1793-94, la collégiale est détruite. Le tableau de van Eyck est transporté à Paris et placé dans les collections du Louvre, où il se trouve encore aujourd’hui. Le caveau familial des Rolin, pillé et détérioré, disparaît avec l’église.
Des fouilles préventives pour l’agrandissement du musée Rolin.
Or, des fouilles préventives ont été lancées dans le cadre du projet d’agrandissement du musée Rolin. Elles sont menées sous la place Saint-Louis voisine, qui occupe justement l’emplacement de la collégiale disparue.
Dès lors, les archéologues s’attendaient à y retrouver potentiellement la sépulture du chancelier, dont on connaît la localisation grâce à d’anciens plans. Ce serait chose faite :
« Nous avons découvert un ensemble de huit défunts dans ce caveau, a déclaré Yannick Labaune, responsable du service archéologique d’Autun, et quelque chose d’inattendu. Parmi le mobilier qui a été pillé, il reste un élément intéressant : un éperon. »
Celui-ci daterait du XVe siècle, ce qui correspond à l’époque du chancelier. Des analyses en laboratoire vont être menées pour confirmer cette interprétation, mais les archéologues ne doutent pas du résultat.
Une bonne découverte, cela peut fournir beaucoup d’informations à rechercher à nouveau.