Découverte archéologiqueRome antique

Découverte de la « tombe de Cerbère » près de Naples

Un programme de travaux pour l’approvisionnement en eau a occasionné dans une zone agricole de la commune de Giugliano, près de Naples, une découverte archéologique remarquable : celle d’une tombe romaine intacte, baptisée la « tombe de Cerbère ».


La découverte fortuite d’une nécropole d’époque républicaine et impériale.

C’est lors de travaux de reconnaissance en surface dans le cadre d’enquêtes archéologiques préliminaires aux travaux, les archéologues ont retrouvé une traces d’occupation historiques. Un essai de fouilles a révélé une zone riche en sépultures, aussi bien d’inhumation que d’incinération, témoignant de l’utilisation de la zone à des fins funéraires sur une longue durée, pendant au moins quatre siècles e l’époque romaine républicaine à l’époque impériale.

Marquant presque la limite de la nécropole, la crête d’un mur bien construit, en opus incertum, s’est finalement avéré être le front d’une tombe à chambre monumentale. L’entrée, encore bien scellée par la dalle de tuf d’origine, le toit fermé avec ses tuiles laissait supposer que la tombe était restée intacte depuis l’antiquité.

Tombe antique de Cerbère à Giugliano
A gauche, la tombe vue de dessus avec le haut du mur en opus incertum et à droite ; après dégagement de l’entrée.

Et effectivement, la tombe était une bulle temporelle et inchangée depuis 2000 ans. Les archéologues y ont trouvé les défunts, placés sur des lits funéraires avec de riches offrandes funéraires, un autel avec des récipients pour les libations, et trois klinai en pierre et peints (des genres de lits ou de canapés utilisés pour diner). Surtout, la tombe présente des plafonds et des murs peints, avec des fresque en parfait état.


Des fresques en parfait état représentant Cerbère et des centaures marins.

On peut y voir des scènes mythologiques qui font le tour de la pièce et des représentations figuratives parmi lesquelles se détache Cerbère, le célèbre chien à trois têtes de la mythologie gréco-romaine, qui a donné son nom à la tombe. Cerbère, chien d’Hadès ou de Pluton, le dieu des morts, gardait la porte des Enfers. Lors du dernier des douze travaux d’Héraclès, le héros capture le chien tricéphale. C’est maintenant d’après cette fresque que, selon une pratique courante, la tombe est désormais nommée.

D’autres créatures mythologiques sont aussi représentées : des ichtyocentaures, ou centaures marins. Dans la mythologie, ces étranges créatures étaient des divinités marines. Elles se caractérisent par un corps hybride : le haut du corps est celui d’un humain, le milieu celui d’un cheval, et la partie postérieure celle d’un poisson. La scène montre deux de ces étranges créatures se faisant face et tenant un clypéus (bouclier porté par les hoplites grecs et les Romains), accompagnés de deux Cupidons ailés.

Les archéologues et chercheurs sont encore au travail pour documenter cette découverte, qualifiée d’exceptionnelle dans cette région par les autorités locales. Ils s’interrogent aussi sur la nécropole dans son ensemble. Elle se situe à un point névralgique de l’ancienne province de Campanie, à proximité d’axes routiers importants reliant Cumes, Capoue et Liternum. Après une première analyse du contexte, les chercheurs pensent qu’elle gravitait dans la sphère culturelle et politique de cette dernière cité, ville côtière d’une importance moyenne à l’époque romaine.


Retour vers la page d’accueil

Laisser un commentaire