Un temple d’Artémis perdu découvert près d’Erétrie sur l’île d’Eubée
Une équipe d’archéologues suisses a mis fin à une recherche de plus d’un siècle : celle du temple d’Artémis situé près d’Erétrie, sur l’île d’Eubée. Cette cité antique, moins connue que bien d’autres, a pourtant joué un rôle majeur dans l’histoire et le développement de la civilisation hellène et le sanctuaire consacré à la déesse était connu dans l’antiquité pour les fêtes qui s’y déroulaient.
Un important sanctuaire d’Artémis disparu depuis l’antiquité.
Le site d’Erétrie a été fouillé depuis le début du XXe siècle. Les archéologues ont alors aussi essayé de localiser son sanctuaire d’Artémis, dont l’existence et l’importance étaient attestées par les sources antiques, mais en vain. En 1964, l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce a pris en charge l’étude de la cité. Les archéologues continuent alors de rechercher le temple consacré à la déesse de la lune et de la chasse, dont le culte était très populaire dans l’antiquité. Mais suivant les indications du géographe grec du Ier siècle Strabon (né vers -64 et mort entre 21 et 25), ils cherchent l’édifice à une distance de sept stades grecs (soit environ 1,5 km) d’Erétrie.
Cependant, en étudiant des pierres antiques réemployées dans une église byzantine, l’épigraphiste suisse Denis Knoepfler avait déduit il y a quelques années qu’elles appartenaient au sanctuaire. Il estimait que le temple d’Artémis devait plutôt se trouver à une distance de 11km d’Erétrie. Strabon s’était-il trompé ? De fait, l’erreur serait plutôt le fait d’un moine copiste du Moyen Âge, qui aurait mal reporté la distance.
La localisation du temple perdu.
Suivant cette nouvelle hypothèse, l’équipe archéologique gréco-suisse a alors déplacé en 2007 ses fouilles sur un site situé au pied d’une colline, près du petit village de pêcheur d’Amarynthos. Après des sondages, les archéologues avaient commencé des fouilles plus importantes en 2012. Ils avaient rapidement mis à jour les importants vestiges antiques d’une stoa (portique couvert) dans du Ve au IIIe siècle avant notre ère.
Puis, les archéologues ont commencé à atteindre le sanctuaire lui-même, dégageant des édifices datant du VIe au IIe siècle avant notre ère, y compris une fontaine souterraine. Les pièces et inscriptions découvertes, qui portent le nom de la déesse, ne laissent aucun doute sur l’identification du complexe.
Vous pouvez voir dans ce reportage des informations suisses des vues des fouilles (vidéo en allemand / français).
Des fouilles archéologiques en cours.
Le temple, que les archéologues ont commencé à fouiller en 2023, remonterait au VIIe siècle avant notre ère. Il présentait des dimensions importantes : environ 33 mètres de long, ce qui est comparable à d’autres sanctuaires de l’époque. Les chercheurs ont dégagé à l’intérieur de nombreux autels, dont certains pourraient être antérieurs au temple. L’un d’entre eux notamment, en forme de fer à cheval, a livré des ossements carbonisés et contenait des poteries datant du VIIIe siècle avant notre ère.
Sous le temple même, les archéologues ont aussi trouvé des murs en pierre sèche qui appartenaient à un bâtiment plus ancien. Des figurines en bronze de la période géométrique (vers -900 à -700) et une tête de taureau en argile de la période mycénienne (vers -1750 à -1050) ont été retrouvées.
La richesse du sanctuaire est aussi prouvée par des trouvailles spectaculaires qui ont ponctuées les fouilles : vases, bijoux en or, en argent, en corail et en ambre, amulettes provenant d’Asie ou d’Orient, ainsi que des objets en bronze et fer.