Les capitales de l’empire romain : Rome, Constantinople, et les autres

Rome, capitale unique de l’empire romain ? Loin s’en faut! Même si la cité éternelle reste pendant des siècles le nombril de l’empire auquel elle a donné son nom, les évolutions des derniers siècles remettent en cause sa suprématie. A partir du IIIe siècle, afin de mieux répondre aux multiples défis du temps et aux pressions de différents peuples sur les frontières, l’empire est en effet partagé dans le cadre de la Tétrarchie. Dès lors, même si Rome conserve son importance symbolique, elle n’a plus le monopole du pouvoir politique, et les tétrarques résident dans d’autres cités promues comme capitales de leurs partie de l’empire.


Rome

Rome, fondée selon la légende en 753 av. J.-C., a été la capitale de l’Empire romain depuis ses débuts modestes jusqu’à sa chute en 476 après J.-C. La ville a été le cœur politique, économique, militaire et culturel de l’Empire pendant plus de mille ans, exerçant une influence considérable sur le monde méditerranéen et au-delà. En tant que centre administratif de l’Empire, Rome était le siège du Sénat, où les décisions politiques cruciales étaient prises, et de l’administration impériale. Ses forums, ses temples, ses thermes, ses amphithéâtres et ses monuments impériaux témoignent de sa grandeur et de sa splendeur architecturale. La ville était également le berceau de la civilisation romaine, où des avancées majeures dans la loi, la littérature, l’art, l’ingénierie et la philosophie ont eu lieu. Rome était également le centre religieux de l’Empire, avec la vénération de divinités romaines et l’adoption progressive du christianisme comme religion d’État au IVe siècle après J.-C. La chute de l’Empire romain d’Occident en 476 après J.-C. a marqué la fin de l’ère impériale à Rome, mais la ville a continué à jouer un rôle crucial dans l’histoire européenne en tant que siège du Saint-Siège et du catholicisme romain. Son influence sur la culture occidentale perdure à travers ses monuments emblématiques, sa langue, ses institutions et ses idées, faisant de Rome une ville véritablement éternelle dont l’empreinte sur le monde moderne reste indélébile.

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Constantinople

Constantinople, fondée par l’empereur romain Constantin Ier en 330 , est devenue la nouvelle capitale de l’Empire romain d’Orient, marquant le début d’une ère nouvelle et glorieuse dans l’histoire impériale. Située à un emplacement stratégique sur le détroit du Bosphore, Constantinople était bien protégée des invasions terrestres et maritimes, ce qui en faisait un centre politique, économique et militaire formidable. L’empereur Constantin a choisi cette ville pour sa position géographique idéale, reliant l’Europe et l’Asie, ainsi que pour son potentiel commercial et maritime. Il en fait la « Seconde Rome », dupliquant les caractéristiques et institutions de Rome, et le nouveau centre de l’empire. Constantinople devient vite une ville prospère, avec une population cosmopolite et diversifiée, attirant des gens de toutes les régions de l’Empire romain. La ville se couvre de monuments grandioses, tels que la basilique Sainte-Sophie, le palais impérial, les forums, les hippodromes et les aqueducs, qui témoignent de sa grandeur et de sa richesse. La ville était également le centre du christianisme oriental, avec la construction de nombreuses églises et la tenue de conciles œcuméniques importants. Après la chute de Rome et la disparition de l’empire romain d’Occident, Constantinople demeure le seul héritier de la Rome impériale. Elle devient le cœur de la civilisation byzantine, influençant l’art, la culture, la politique et la religion européenne pendant plus d’un millénaire. La chute de Constantinople aux mains des Ottomans en 1453 marque la fin de l’empire byzantin, mais son héritage continue de vivre à travers ses monuments remarquables, ses traditions culturelles et son impact durable sur l’histoire du monde.

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Milan

Milan, autrefois appelée Mediolanum, a occupé une place de choix en tant que capitale de l’Empire romain à la fin de l’Antiquité. Fondée au IIIe siècle avant notre ère, la ville a progressivement gagné en importance politique, économique et militaire, culminant sous le règne de l’empereur Dioclétien. Sa situation stratégique au carrefour de plusieurs voies commerciales clés, notamment la Via Aemilia Scauri et la Via Postumia, a contribué à son développement prospère. Mais c’est sous le règne de Dioclétien que Milan a atteint son apogée en tant que capitale de l’Empire romain en 286 après J.-C., lorsque Dioclétien y établit son gouvernement. Il y a réalisé des réformes administratives et fiscales importantes, renforçant le contrôle impérial sur l’ensemble de l’Empire. Milan était également un centre culturel florissant, attirant des intellectuels, des artistes et des artisans. L’édification de monuments imposants tels que les thermes de Dioclétien et le palais impérial a consolidé son statut de capitale impériale. Cependant, cet âge d’or prit fin lorsque l’empereur Constantin le Grand transféra la capitale à Constantinople en 330 après J.-C., marquant le début d’une période de déclin pour Milan en tant que centre politique de l’Empire romain. Malgré cette transition, Milan a continué à prospérer en tant que centre économique et culturel majeur, conservant son héritage romain à travers son architecture, ses institutions et sa culture, faisant de la ville une plaque tournante importante de l’histoire de l’Empire romain et de l’Europe occidentale.


Ravenne

Ravenne, une ville du nord-est de l’Italie, a brièvement servi de capitale de l’Empire romain à la fin de l’Antiquité, marquant une période cruciale dans l’histoire de la région. Son ascension en tant que capitale impériale a débuté sous l’empereur Honorius au début du Ve siècle de notre ère. La décision de transférer la capitale de Rome à Ravenne était motivée par des considérations stratégiques, car Ravenne était mieux protégée des invasions barbares qui menaçaient l’Empire à cette époque. La ville était entourée de marécages et d’étendues d’eau, offrant une défense naturelle contre les attaques terrestres. C’est à l’époque de Galla Placidia, impératrice qui exerce directement le pouvoir pendant plus de deux décennies, que Ravenne atteignit son apogée en tant que centre politique et culturel. Galla Placidia a supervisé la construction de plusieurs monuments emblématiques, dont son propre mausolée et la basilique Saint-Vital, qui illustrent encore aujourd’hui la richesse artistique et architecturale de cette période. La ville était également un important centre religieux, devenant le siège de l’évêché de Ravenne et un bastion du christianisme dans l’Empire romain d’Occident. Cependant, l’empire romain d’Occident finit par disparaître en 476, et Constantinople devient la seule capitale de l’empire. Même si elle reste un centre important au début de l’époque byzantine, Ravenne perd cependant rapidement son importance auprès d’autres villes italiennes. Mais son magnifique héritage architectural témoigne de son passé de capitale impériale.


Nicomédie

Nicomédie, anciennement située dans la région de Bithynie en Anatolie (maintenant connue sous le nom d’Izmit en Turquie), a brièvement occupé une place de choix en tant que capitale de l’Empire romain d’Orient, également connu sous le nom d’Empire byzantin. Sous le règne de plusieurs empereurs romains, dont Dioclétien, Nicomédie est devenue le centre administratif et militaire de l’Empire oriental au début du IVe siècle après J.-C. Cette décision stratégique a été motivée par plusieurs facteurs, notamment sa position géographique avantageuse le long de la côte sud de la mer de Marmara, facilitant le contrôle des voies de communication maritimes et terrestres cruciales pour l’Empire. En tant que capitale impériale, Nicomédie a bénéficié de la présence de l’empereur et de son administration, attirant des fonctionnaires, des commerçants et des artisans, ce qui a favorisé le développement économique et culturel de la région. La ville a connu une période de prospérité et d’expansion de ses infrastructures, avec la construction de palais impériaux, de temples, de théâtres et d’autres édifices publics magnifiques. Cependant, la période de Nicomédie en tant que capitale impériale a été relativement brève, car l’empereur Constantin Ier a déplacé la capitale à Byzance (plus tard Constantinople) en 330 après J.-C., une décision qui a marqué le début d’une nouvelle ère pour l’Empire romain d’Orient. Malgré son court règne en tant que capitale, Nicomédie reste un témoin important de l’histoire impériale romaine et byzantine, avec ses vestiges archéologiques témoignant de son importance stratégique et de sa contribution à l’administration et à la défense de l’Empire dans cette région cruciale de l’Anatolie.


Sirmium (aujourd’hui Sremska Mitrovica, Serbie)


Sirmium, une ville située dans l’actuelle Serbie a joué un rôle important en tant que capitale provinciale et centre administratif crucial de l’Empire romain pendant différentes périodes de son histoire. La cité était l’une des quatre capitales de l’Empire romain en Illyrie et a été élevée au rang de colonie par l’empereur Claude au Ier siècle de notr eère. Plus tard, au IIIe siècle, Sirmium est devenue la capitale de la province de Pannonie, ce qui en faisait une ville de grande importance stratégique et politique dans la région des Balkans. En raison de sa position stratégique le long du Danube et de son rôle comme centre militaire et administratif, Sirmium a été le lieu de résidence occasionnel pour plusieurs empereurs romains lors de leurs campagnes militaires ou de leurs visites dans la région. Par exemple, Dioclétien, l’un des empereurs les plus influents de l’Empire romain, y est né, et elle a été le lieu de résidence de plusieurs autres empereurs, notamment Galère. La cité possédait un palais impérial, cependant la cité, du fait de l’urbanisation postérieure, n’a pas fait l’objet d’études archéologiques de grande ampleur.


Durant l’antiquité tardive, outre les capitales impériales, plusieurs empereurs font construire de véritables cités-palais dont les vestiges sont encore aujourd’hui impressionnants.

Split

Split, connue historiquement sous le nom de Spalatum, a joué un rôle important en tant que centre administratif et militaire de la province romaine de Dalmatie. Fondée par l’Empereur romain Dioclétien au début du IVe siècle de notre ère, Split est devenue célèbre pour son palais impérial, construit par Dioclétien comme résidence d’hiver. Le palais de Dioclétien, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, reste l’une des attractions les plus emblématiques de la ville, témoignant de son passé glorieux en tant que capitale provinciale de l’Empire romain. Sous le règne de Dioclétien, Split était un centre politique et militaire crucial, offrant une position stratégique sur la côte adriatique pour protéger les frontières de l’Empire contre les incursions barbares. Le palais impérial était entouré de murailles massives et de tours de défense, renforçant sa fonction de bastion de l’autorité impériale dans la région. Split était également un centre économique vital, bénéficiant du commerce maritime florissant dans la mer Adriatique et servant de point de départ pour les expéditions militaires romaines vers les provinces voisines. Malgré la division de l’Empire romain et les bouleversements politiques qui ont suivi, Split a maintenu son importance stratégique sous l’Empire byzantin et au-delà, devenant finalement une partie intégrante du royaume croate médiéval. Son héritage romain perdure dans ses vestiges architecturaux remarquables, dans ses rues pavées et dans son urbanisme, faisant de Split un lieu incontournable pour les passionnés d’histoire romaine et pour ceux qui souhaitent découvrir l’empreinte durable de l’Empire sur la ville et la région environnante.


Gamzigrad-Romuliana

Felix Romuliana, également connue sous le nom de Gamzigrad, est un site archéologique situé en Serbie, qui fut la résidence impériale de l’empereur romain Galère au début du IVe siècle de notre ère. Cette résidence, construite dans les montagnes de la région de l’actuelle Serbie orientale, sur le lieu de naissance de l’empereur, est un exemple remarquable d’architecture palatiale romaine, inspirée du palais de Dioclétien à Split. Felix Romuliana tient son nom de Romula, la mère de l’empereur. C’était non seulement une résidence impériale luxueuse, mais aussi un centre administratif et religieux important de la région. Le site était puissamment fortifiait et comprenait des thermes, des temples, des palais, des édifices civils et des mausolées dans lesquels furent inhumés Galère et sa mère. Les vestiges de Felix Romuliana révèlent également des influences architecturales et artistiques uniques, combinant des éléments romains traditionnels avec des éléments locaux de la culture thrace. Bien que Felix Romuliana n’ait jamais été capitale de l’Empire romain, elle a néanmoins joué un rôle significatif en tant que résidence impériale et centre régional dans l’histoire de l’Empire romain tardif. Aujourd’hui, son site archéologique impressionnant est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.


D’autres cités romaines furent également des résidences impériales, souvent dotées d’un palais.


Thessalonique

Thessalonique, anciennement Thessalonica, était une ville importante de l’Empire romain située dans la région de la Macédoine. Thessalonique était un centre administratif et militaire clé de la province romaine, et elle a accueilli plusieurs empereurs romains lors de leurs visites dans la région. Sa position stratégique sur la route commerciale Via Egnatia, reliant Rome à Byzance, en faisait un point de convergence vital pour le commerce et l’administration de l’Empire romain d’Orient. La ville était également un important centre religieux, avec la diffusion précoce du christianisme dans la région. L’apôtre Paul a fondé une communauté chrétienne florissante à Thessalonique au Ier siècle de notre ère, laissant un héritage durable dans la ville. En 290, Galère, césar de Dioclétien pour l’Orient dans le cadre de la Tétrarchie (une organisation divisant l’empire romain en quatre grandes parties, appelées diocèses, et dirigées par un co-empereur), choisit d’établir Thessalonique comme sa capitale, en plus de Sirmium. La construction du palais débute en 298-299, et le complexe palatial a probablement été la résidence de Galère entre 299 et 303, puis de 308 à sa mort en 311. Il fut sans doute abandonné au VIIe siècle, mais ses vestiges sont toujours impressionnants.

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Trèves (Allemagne)

Colonia Augusta Treverorum fut fondée au plus tard en 16 avant notre ère par Auguste. C’était la capitale du peuple des Trévires. Un pont y franchissait la Moselle, qui fut réédifié en pierre en 45. La ville connut une prospérité rapide, et se couvrit de monuments du Ier au IIIe siècle. L’enceinte, construite durant cette période, était longue de 6,4 km, protégeant une superficie de 285 ha parmi les plus grandes d’Occident. Entre 271 et 274, la cité fut la résidence de Tetricus, un Gallo-Romain qui s’était proclamé empereur des Gaules. En 275, la ville est détruite par les Francs et les Alamans, mais l’empereur Constance Chlore la reconstruisit et y résida de 293 à 306. Trèves fut donc une résidence impériale durant la Tétrarchie et l’une des villes romaines les plus considérables d’Occident aux côtés de’ Rome et de Milan.