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Exceptionnel bas-relief aztèque d’un aigle retrouvé au centre de Mexico

Une étonnante sculpture aztèque, vieille de 600 ans et représentant un aigle royal, a été découverte dans le Templo Mayor de Tenochtitlan-Mexico par les archéologues de l’INAH (Institut national d’anthropologie et d’histoire) qui mènent des recherches archéologiques depuis des décennies dans la zone de cette pyramide et des autres structures du centre cérémoniel de la capitale des Aztèques, aujourd’hui en plein cœur de Mexico.



Le Templo Mayor, la grande pyramide de Mexico-Tenochtitlan.

Centre cérémoniel aztèque de Mexico-Tenochtitlan
Reconstitution du centre cérémoniel de Mexico-Tenochtitlan.
Le Templo Mayor est la plus importante des structures.

Le Templo Mayor était le principal sanctuaire de la capitale aztèque. Cette structure massive, dont la fondation remonte à Itzcoatl (1427-1440), mais qui fut agrandi par plusieurs autres souverains aztèques au cours du XVe et siècle, se présentait comme une pyramide coiffée d’un temple double dédié aux deux principaux dieux du panthéon aztèque: Huitzilopochtli – le dieu du soleil et de la guerre, et le patron de la ville, et Tlāloc, le dieu de la pluie. Il constituait l’édifice le plus imposant du centre cérémoniel de la ville, qui comptait un total de 78 structures de taille diverse.

Le Templo Mayor servait aussi de cadre aux sacrifices humains massifs qui ont été rapportés – et peut-être exagérés – par les Conquistadors. Comme les autres sanctuaires de la ville, il fut rasé par les Espagnols après la conquête de Tenochtitlan, et ses matériaux furent utilisés pour la construction de la cathédrale de la nouvelle ville coloniale, édifiée à quelques mètres à peine.

Mais ses fondations n’ont pas disparues, et depuis 1978, des fouilles ont lieu qui permettent de mieux comprendre l’organisation du temple et du centre cérémoniel de la cité disparue.

>> Pour en savoir plus sur Mexico-Tenochtitlan, la capitale disparue des Aztèques.



Un bas-relief aztèque unique, vieux de plus de 500 ans.

Le bas-relief récemment retrouvé.

C’est dans le cadre de la 9e saison du projet « Templo Mayor » que s’est inscrite la découverte du bas-relief. Il mesure 106 x 70 cm, et d’après l’équipe archéologique, c’est le plus grand jamais retrouvé dans le temple lui-même. D’autres sculptures avaient cependant déjà été retrouvées dans le centre cérémoniel de Tenochtitlan, et notamment un célèbre bas-relief représentant la déesse Coyolxauhqui, aujourd’hui l’un des chefs d’oeuvres du musée archéologique de Mexico.

La sculpture de l’aigle aurait été créée au milieu du XVe siècle, sous le règne de Moctezuma Ier (1440-1469). A l’origine, elle était destinée à décorer une structure se situant à la base du flanc sud du Templo Mayor. Elle se trouvait alors aussi sur l’axe central de la ville : une ligne reliant le temple de Huitzilopochtli, au sommet du Templo Mayor et une statue géante de sa sœur, la déesse Coyolxauhqui, en contrebas.

Cependant, lors des travaux d’agrandissements du Temple Mayor sous le règne d’Ahuítzotl (1486-1502), cette structure est absorbée par la pyramide. L’aigle sculpté disparaît ainsi dans ses soubassements, ce qui explique aujourd’hui son excellent état de conservation.

« C’est une très belle pièce qui montre les grands secrets que le Templo Mayor de Mexico Tenochtitlán doit encore nous révéler »

Communiqué de la secrétaire d’Etat à la culture du Mexique.



L’aigle, un symbole puissant dans le monde aztèque.

L’aigle royal était chez les Aztèques un symbole extrêmement puissant. Dans leur langue, le nahualt, il est connu sous le nom d’ « itcuauhtli », signifiant « aigle obsidienne ». Cet oiseau était fréquemment associé à Huitzilopochtli, l’un des dieux dieux vénéré dans le Templo Mayor, et le positionnement du bas-relief pourrait faire écho à un mythe important entourant le dieu.

Dans la mythologie aztèque, Huitzilopochtli aurait en effet vaincu sa sœur Coyolxauhqui, et l’aurait jeté au bas d’une montagne, où elle serait tombée en morceaux. Ce mythe est en quelque sorte répété à travers les sacrifices humains effectués en haut du Templo Mayor, lorsque les corps des victimes sont jetés en bas des marches, où se trouvait justement le bas-relief de Coyolxauhqui, aujourd’hui au musée national.

La sculpture de l’aigle, près de celle de Coyolxauhqui, pourrait ainsi être une référence à ce mythe. Par ailleurs, le bas-relief est assez proche d’une image d’un aigle dans le Codex Borgia, un célèbre manuscrit aztèque du XVIe siècle. Comme dans celui-ci, les plumes de l’aigle récemment découvert ressemblent en effet à des couteaux de sacrifices.

Par ailleurs, l’aigle royal était aussi associé au mythe de la fondation de Tenochtitlan, les Aztèques ayant fondé leur capitale où ils auraient vu un aigle royal dévorant un serpent sur un cactus, un signe répondant à une prophétie. La représentation de ce mythe figure d’ailleurs aujourd’hui sur le drapeau mexicain.

Cette découverte archéologique significative vient donc encore enrichir notre compréhension de la manière dont les Aztèques considéraient leur histoire mythique, et la plaçaient au cœur de leurs croyances et de leurs rituels.

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