A quel pharaon attribuer la statue d’Héliopolis : Ramsès II ou Psammétique Ier ?
Le 9 mars dernier, les autorités égyptiennes rapportaient la découverte d’une statue monumentale brisée dans la banlieue du Caire, sur le site de l’ancienne ville sacrée d’Héliopolis. Dans la foulée, elle avait été attribué à Ramsès II, le roi égyptien le plus connu. Pourtant, il semblerait bien qu’elle appartienne à un autre pharaon bien moins célèbre.
Deux pharaons pour un colosse.
Ramsès II (qui régna d’environ -1279 à -1213) était un grand bâtisseur et à Héliopolis, une des cités les plus importantes de l’ancienne Égypte, il a également fait édifier ou agrandir les temples. La découverte de plusieurs vestiges durant ces dernières années en témoigne, et il n’est pas très étonnant que les restes brisés de ce colosse monumental, qui devait faire près de 8 mètres de haut et a été découvert près de l’entrée du principal temple de la ville, lui aient été attribués.
Peut-être aussi que le nom de l’un des pharaons les plus célèbres avait plus de chance d’attirer l’attention internationale sur cette découverte, attention dont l’industrie touristique égyptienne a bien besoin en ce moment. Pourtant, il semble que ce ne soit pas Ramsès II qui serait représenté, mais Psammétique Ier, un pharaon beaucoup moins connu de la basse époque égyptienne.
Qui était Psammétique Ier ?
Connu sous son nom grec, ce pharaon régna de -664 à -610. A cette époque tourmentée, l’Égypte est divisée en plusieurs territoires plus ou moins indépendants : le sud est encore contrôlé par la XXVe dynastie (les fameux pharaons noirs) tandis que le nord semble divisé entre plusieurs roitelets sous influence assyrienne.
Néchao Ier, qui domine la cité de Saïs, est l’un de ces puissants gouverneurs. Lorsque son fils prend le pouvoir, son autorité ne s’étend qu’à la région du delta. Mais en une dizaine d’années, avec l’aide de mercenaires lybiens et grecs, il parvient à la faire reconnaître sur l’ensemble de l’Égypte, soumettant les chefs locaux, affirmant son autorité sur Thèbes et la Haute-Egypte en -656 et s’affranchissant de la tutelle assyrienne.
Son long règne – plus de 50 ans – permet au pays de retrouver sa prospérité, tandis que dans les arts, la « renaissance saïte » voit l’imitation des anciens modèles du Moyen et même de l’Ancien Empire.
Le colosse de l’un des derniers grands pharaons
Bien qu’il soit possible que Psammétique ait usurpé un colosse initialement élevé pour Ramsès II, il semble aujourd’hui plus probable que la statue ait été érigée pour lui-même. Il s’agirait alors de la statue la plus importante retrouvée remontant à l’époque tardive égyptienne.
Cette nouvelle hypothèse s’appuie sur une inscription hiéroglyphique retrouvée sur le dos du colosse : l’un des cinq noms de Psammétique Ier, Nebaa. Or, on sait que le pharaon avait un lien particulier avec la ville sacrée du dieu Rê : la grande épouse du pharaon était la fille de Harsiese, vizir du Nord et grand prêtre d’Atoum à Héliopolis.
On saura probablement définitivement quel pharaon est représenté sur la statue lorsque celle-ci sera restaurée. Elle devrait ensuite être exposée dans le futur grand musée égyptien du Caire.