19 statues exceptionnelles trouvées sur le site péruvien de Chan Chan
Le site précolombien de Chan Chan, situé près de la ville moderne de Trujilo, à environ 570 km au nord de Lima, est connu pour être la plus grande cité de brique crue des Amériques, et l’un des plus vastes sites du Pérou précolombien. Récemment, dans une localité proche, les archéologues y avaient retrouvés les corps de 140 enfants et de nombreux lamas rituellement sacrifiés. Cette fois, la découverte est moins macabre mais saisissante : dix-neuf saisissantes statues de bois alignées dans le couloir de l’un des palais de la ville.
Chan Chan, capitale des Chimús.
Fondée vers 850, la cité de Chan Chan est la capitale du peuple Chimú. Cette culture dominait à son apogée un vaste empire côtier s’étendant sur près de 800 kilomètres de long, depuis l’actuelle frontière avec l’Equateur jusqu’au sud de Lima. Cette civilisation raffinée prend cependant fin lorsque l’empereur Topa Inca Yupanqui conquiert toute la région vers 1475.
A son apogée, Chan Chan comptait peut-être entre 40 et 60000 habitants. Construite en adobe, elle comptait 10 citadelles, qui étaient probablement les palais des rois Chimús, ainsi que 4 temples majeurs et des quartiers résidentiels pour les habitants et les aristocrates. Après la conquête inca, et plus encore après l’arrivée des Espagnols, la cité décline, voit ses trésors pillés et finit par disparaître. Son site archéologique, présentant de nombreux vestiges bien conservés, couvre cependant aujourd’hui près de 16000 hectares, dont 6 km² densément construits.
Un passage gardé par 19 sculptures de bois.
C’est en dégageant un passage dérobé dans la Casa Grande, ou palais de Utzh An, l’un des dix complexes fortifiés que compte Chan Chan, que les archéologues ont effectué cette découverte spectaculaire. Le passage, long de 33 mètres, présente à intervalles réguliers des niches abritant les statues de bois.
Ces statues mesurent approximativement 70 centimètres de haut et représentent des personnages en pied, chacun présentant des caractères anthropomorphiques différents. Ils tiennent un bâton dans l’une de leurs mains et leur visage est figuré par un masque d’argile beige. Dans leur partie postérieure, un objet circulaire pourrait représenter un bouclier.
Selon l’archéologue Henry Gayoso Rullier, ces statues faisaient probablement office de gardiens et veillant sur le passage de 33 mètres conduisant à un patio cérémoniel du palais-citadelle. Elles pourraient remonter à la période intermédiaire de Chan Chan, entre 1100 et 1300, ce qui en ferait les sculptures les plus anciennes retrouvées sur le site.
Près des statues, les parois extérieures du couloir comportaient de riches décorations en argile, principalement dominées par des motifs de vagues et de paysages représentant des filets de pêche et des volutes. De plus, un « animal lunaire » félin, symbole important des cultures côtières pré-hispaniques, y est aussi figuré.
Les actuels travaux de fouilles et de restauration, commencés en juin 2017, devraient se poursuivre jusqu’en mai 2020. Le site archéologique, inscrit depuis 1986 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, souffre du phénomène d’El Niño, qui entraîne d’importantes précipitations et des inondations sur la côte péruvienne, provoquant l’érosion des briques crues dont étaient constitués les bâtiments de la capitale Chimú.