Complexe souterrain néo-assyrien fouillé dans l’est de la Turquie
Des archéologues turcs viennent de publier le résultat de leurs recherches sur un complexe souterrain néo-assyrien vieux d´environ 2800 ans. Le site se situe sous une maison turque moderne du village de Başbük, dans l’est de la Turquie, à une soixantaine de kilomètres au nord de la Syrie. Les autorités locales en avaient eu connaissance alors qu’il avait déjà été pillé. Elles avaient alors lancé des fouilles de sauvetage menant à la découverte d’un système de tunnels creusés dans le substrat rocheux sous la maison, et s’étalant sur une trentaine de mètres.
Ce complexe remonte à l’empire néo-assyrien (-934 à -609), considéré comme l’apogée de la civilisation assyrienne. A son point culminant, au VIIe siècle, les rois assyriens dominent un gigantesque empire comprenant non seulement l’Assyrie, mais aussi la Mésopotamie, Chypre et l’Egypte.
Malgré les pillages, les archéologues ont retrouvé des œuvres d’art de style assyrien, représentant notamment une procession de divinités. On peut reconnaître notamment le dieu de l’orage et de la pluie Hadad, le dieu de la lune Sîn et Atargatis, déesse de la fertilité, de la protection et du bien-être. Les chercheurs soulignent qu’à l’époque où les Assyriens dominaient le sud-est de l’Anatolie, les gouverneurs assyriens exprimaient leur pouvoir par le biais de l’art, dans le style de la cour royale assyrienne. Cependant, les inscriptions accompagnant les bas-reliefs et les thèmes représentés racontent plutôt une histoire d’intégration plutôt que de conquête. Elles sont en effet rédigées dans la langue locale, l’araméen, plutôt qu’en assyrien, et représentent des thèmes religieux d’Anatolie et de Syrie.
Jusqu’à présent, les découvertes similaires antérieures étaient plus récentes et faisaient peu de place aux éléments locaux. Ces fouilles mettent ainsi en lumière un comportement plus ancien des Assyriens, où ils cherchaient à mettre davantage en valeur les éléments locaux. Or les archéologues ont retrouvé une inscription qui pourrait faire référence à un nom connu des chercheurs : Mukīn-abūa. Ce personnage était un fonctionnaire assyrien sous le règne d’Adad-nerari III (-811 à -783). A cette époque, l’Assyrie fait face à de fréquentes incursions des tribus araméennes. Stabiliser les régions aux marges du royaume assyrien était alors crucial. Dans ce but, Mukīn-abūa pourrait avoir reçu le contrôle de la région dans laquelle se trouve aujourd’hui Başbük. Les chercheurs supposent qu’il aurait pu utiliser le complexe pour essayer de s’intégrer et de se faire accepter des populations locales. Un indice suggère cependant qu’il n’y aurait pas réussi. Le site est en effet resté inachevé : un événement brutal, une révolte par exemple, aurait mis fin à l’activité des bâtisseurs.
Les fouilles de sauvetage n’ont cependant pas permis d’étudier le site dans son entier. Les archéologues turcs espèrent que d’autres recherches archéologiques pourront avoir lieu à Başbük pour en savoir davantage sur ce mystérieux complexe souterrain, et continuer à faire la lumière sur la culture et la politique de l’empire néo-assyrien vis à vis des peuples sous leur domination.