Découverte archéologiqueGrèce antique

Des figurines associées au culte de Dionysos et Cybèle trouvées sur l’île de Ténédos

Les fouilles de la saison 2023 menées par le département d’archéologie de l’université turque de Çanakkale Onsekiz Mart ont mené à la découverte d’une zone réservée à des sépultures d’enfants dans la nécropole de l’ancienne cité de Ténédos. Elle était située sur l’île du même nom (en turc Bozcaada), une des seules îles de la mer Egée à rester turque après le traité de Lausanne de 1923. A vol d’oiseau, Ténédos se trouve seulement à une vingtaine de kilomètres de la célèbre cité antique de Troie, théâtre de la guerre entre les Grecs et les Troyens qu’Homère a relaté dans l’Iliade. Le texte mentionne d’ailleurs Ténédos, preuve de l’occupation très ancienne de l’île.

Les vestiges de la cité antique de Ténédos sont assez maigres mais les fouilles de sa nécropole ont apporté des données nouvelles et intéressantes. En effet, les archéologues ont identifié une zone auparavant inconnue dans la littérature archéologique qui semble avoir spécifiquement été réservée à des sépultures d’enfants. Différents modes d’inhumation ont été constatés : dans des tombes maçonnées en pierre, dans des amphores ou dans des jarres appelés pithos. Inhumer les défunts dans de grands récipients étaient une forme d’enterrement courante dans différentes cultures anciennes autour du monde.

Une tombe a particulièrement retenu l’attention des archéologues, car il ne semble pas y avoir d’équivalent connu. Il s’agit d’un « pithos dans un pithos« . Un premier enfant a été inhumé dans un pithos au VIe siècle avant notre ère. Puis au IVe siècle avant notre ère, un second pithos a été placé dans le premier pour une nouvelle inhumation. Dans cette sépulture plus récente ont été déposées des offrandes funéraires : une épingle en bronze en forme de fer à cheval et six figurines en terre cuite.

Deux représentent des danseurs portant des costumes orientaux et des coiffes phrygiennes, une montre une femme jouant de la lyre (une sorte de harpe) et les trois autres des femmes se tenant debout. Placer ce genre de statuettes de danseurs et de musiciens dans une tombe est considéré comme reflétant les croyances de l’époque en créant une connexion avec la divinité par la musique et la danse.

Selon l’équipe des fouilles, le type de vêtements des figurines reflète la culture phrygienne orientale, et les figurines semblent liées au culte de Cybèle et de Dionysos, qui semble donc prégnant dans la Ténédos du IVe siècle avant notre ère. Dionysos était le dieu de la vigne, du vin, des festivals, de l’extase et de la folie. Les fêtes en son honneur étaient souvent accompagnées de danses, de musique et de beuveries. Mais il est aussi associé à la nature, à la fertilité et à la renaissance. Son culte, remontant à l’époque mycénienne, s’est répandu dans tout le monde grec. Au VIe siècle avant notre ère, il a été associé à celui de grandes déesses, dont le culte était souvent lié à la fertilité. A Ténédos, ce fut avec le culte de Cybèle, une déesse de Phrygie, une région d’Asie Mineure, qui remonte au deuxième millénaire de notre ère. Déesse de la nature, des montagnes et des animaux sauvages, Cybèle est souvent représentée assise sur un trône, entourée de lions et de panthères.

Les objets ont subi des procédés de restauration et de conservation par l’équipe de fouilles, puis remis à la direction du musée de Troie à Çanakkale.

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