Un tunnel hittite et les bains des sultans seljouks découverts près de Konya
Le mont Takkel culmine à 1700 mètres et offre un point d’observation incroyable sur la plaine en contrebas où s’étend la ville de Konya, à seulement 7 kilomètres à l’est. Rien d’étonnant que toutes les civilisations anatoliennes s’y soient succédées : hittites, grecs, romains, byzantins, seljouks, karamanlides et enfin ottomans. Les campagnes de fouilles qui y sont menées lèvent un à un les mystères de la forteresse : après la découverte de tunnels hittites en 2015, c’est la découverte des bains des sultans seljouks qui vient d’être annoncée.
Le château Gevale, un millefeuille historique.
Comme bien des sites de la Turquie actuelle, le mont Takkel où se trouve la forteresse porte la trace des différents peuples qui ont profité de sa situation stratégique au cours des siècles. Des murs et des citernes antiques, les vestiges d’un temple ainsi que des tombes rupestres romaines creusées dans les pentes est et ouest de la montagne attestent de l’ancienneté de l’occupation.
Depuis quelques années, des campagnes de fouilles sont menées depuis 5 ans sous la supervision d’Ahmet Çaycı, professeur d’histoire de l’art de l’université Necmettin Erbakan de Konya, avec une équipe comptant jusqu’à trente personnes.
Des dizaines de citernes et un tunnel hittite.
Comme la plupart des forteresses médiévales, le château de Gevale comptaient un grand nombre de citernes. Une soixantaine ont déjà été découvertes, et les archéologues s’attendent à en découvrir encore davantage. Avoir un aperçu complet des capacités de stockage en eau, et connaître l’époque de la construction des citernes sont des informations importantes pour les chercheurs. En effet, elles leur permettent d’évaluer la garnison et la population du château à travers les âges.
Par ailleurs, les archéologues ont repéré un tunnel secret permettant d’établir une liaison avec l’extérieur. « Nous étions très excité par cette découverte » déclarait Ahmet Çaycı en 2015. « Nous avons nettoyé et révélé de 100 à 150 mètres du tunnel, mais nous pensons qu’il mesure presque 300 mètres de long. Il était connecté à une citerne par une entrée secrète, schéma que l’on retrouve aussi dans les châteaux du royaume d’Urartu, à Van » (le royaume d’Urartu, apparu dans la région de Van au IXe siècle avant notre ère, est détruit par les Mèdes vers -590).
La sortie du tunnel, fermée par une voûte, se confond dans le paysage et serait très difficile à repérer. Toujours d’après Ahmet Çaycı, ce tunnel aurait été construit par les Hittites et serait vieux de 4000 ans. Mais il aurait aussi été utilisé plus tardivement, notamment par les Seljouks.
Les bains des sultans seljouks de Roum.
Outre ses nombreuses citernes et ses tunnels, les archéologues ont aussi mis à jour de nombreux autres vestiges du château, parmi lesquelles on compte ceux d’une petite mosquée. Mais la découverte majeure de 2017, qui a surpris les archéologues, est celle de deux bains. Située dans la partie la plus importante du château, ils étaient réservés aux sultans ou aux hôtes de marque.
Selon de nombreuses sources historiques, plusieurs sultans de Roum – le royaume seljouk qui domine l’Anatolie de 1077 à 1307, notamment Roum Kılıç Arslan Ier (1092-1107) et Kay Qubadh Ier (1220-1237) auraient trouvé refuge au château dans des circonstances exceptionnelles.