Inscriptions trouvées dans un palais assyrien de Mossoul pillé par Daesh
La présence de Daesh entre juin 2014 et janvier 2017 dans la principale cité d’Irak du nord, Mossoul, n’a pas été sans conséquences désastreuses sur le patrimoine de cette ville plurimillénaire. A la surface comme sous terre, les dégâts se révèlent considérables et les chercheurs tentent maintenant de sauver ce qui peut l’être.
Le patrimoine martyrisé de Mossoul.
De terribles destructions ont eu lieu : dès les premiers jours, les membres de l’Etat islamique dynamitent deux mosquées, dont celle située sur la tombe du prophète Jonas. Dans la Bible, ce personnage apparaît comme un précurseur du Christ, et est particulièrement connu pour l’épisode où il est avalé par une baleine. Sa tombe était révérée par les musulmans comme par les chrétiens.
Puis en 2015, ce sont les murailles de Ninive, ancienne capitale assyrienne dont le site archéologique est situé au cœur de la ville moderne, qui sont détruites. En février 2016, c’est le tour des œuvres d’art conservées au musée.
Jusque dans les derniers combats pour la libération de la ville, Daesh s’en prend au patrimoine : la moquée Al-Nouri et son fameux minaret penché, tous deux du XIIe siècle, sont ainsi détruits en juin 2017.
Après la libération de Mossoul, force était de constater qu’une grande partie du patrimoine architectural de la ville avait disparu. Mais les dégâts ne se limitaient pas qu’à la surface.
Sous la tombe de Jonas détruite par Daesh, un palais assyrien pillé.
C’est ainsi qu’après la libération de la ville, on s’était aperçu que la colline sur laquelle se trouvait la tombe du prophète Jonas et sa mosquée avait été percée par de nombreux tunnels. Leur but était de piller les vestiges d’un palais assyrien du VIIIe siècle avant notre ère – le trafic d’antiquités était l’une des sources de revenus de l’Etat islamique.
Dans le gruyère ainsi constitué dans la colline étaient ainsi visibles des sculptures, notamment celle d’un taureau ailé partiellement visibles et d’autres représentant quatre femmes de face.
Ce palais, dont l’existence était connue, mais qui n’avait jamais fait l’objet de fouilles, se situe à quelques centaines de mètres seulement au sud du site archéologique de Ninive, et aurait appartenu au roi assyrien Assahardon. La découverte de plusieurs inscriptions par les archéologues travaillant sur ce qu’il reste du site le confirme et mettent un peu plus en lumière ce personnage.
Qui était Assahardon ?
Assahardon régna de -681 à -669, s’imposant contre ses frères après à une brève guerre civile ayant suivi le meurtre de son père Sennachérib. Il reconstruisit la ville de Babylone, détruite par son père, et mena plusieurs campagnes militaires. Il vainquit notamment la XXVe dynastie égyptienne (les célèbres pharaons noirs), prit et pilla Memphis et établit la suzeraineté assyrienne sur la Basse-Egypte. Il y mourut d’ailleurs au cours d’une campagne en -669, et l’influence assyrienne en Egypte ne lui survécut guère : le pharaon Psammétique Ier, prend le contrôle de toute la vallée du Nil moins de dix ans plus tard.
De nombreuses inscriptions dans les vestiges du palais.
Une biographie que confirment les sept inscriptions découvertes dans son palais, dans quatre des tunnels creusés par Daesh. Précisant son lignage – déjà connu – comme fils de Sennachérib (roi de -704 à -681) et descendant de Sargon II (-721 à -705).
L’une d’entre elle, qui figure au dos d’un “lamassu”, ces divinités à tête humaine et corps de lion ou de taureau caractéristiques de l’art assyrien, rappelle sa puissance: “Le palais d’Assahardon, puissant roi, roi du monde, roi d’Assyrie, gouverneur de Babylone, roi de Sumer et d’Akkad, roi des rois de Basse-Egypte, de Haute-Egypte et de Kush”.
Une autre inscription relate qu’il “reconstruisit le temple du dieu Assur (le dieu principal du panthéon assyrien) et reconstruisit les anciennes cités de Babylone et d’Esagil” – on savait par ailleurs que son père Sennachérib avait en effet écrasé une révolte à Babylone en -703, détruisant partiellement la ville.
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