Turquie: statues des dieux Sérapis et Asclépios découvertes à Kibyra
Ces deux trouvailles sont les résultats les plus spectaculaires de la campagne de fouilles de 2020, dirigées par le professeur Şükrü Özüdoğru, sur le site de la cité grecque antique de Kibyra, dans la province méridionale de Burdur. Ce site, relativement peu touristique et moins connu que les ruines d’Ephèse, de Pergame ou d’Aphrodisias, présente pourtant des vestiges remarquables, qui ont justifié son inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2016. Parmi les vestiges les plus notables se trouvent notamment ceux du théâtre, d’un odéon romain avec une remarquable mosaïque figurant la Méduse, ainsi que ceux de bains et d’un stade.
La découverte des fragments des statues a eu lieu dans des contextes différents. Un buste en marbre, sans tête, est tout d’abord découvert dans les ruines des bains romains, en 2019. Puis en 2020, alors que le nettoyage de ce même complexe se poursuit, une tête barbue est découverte. La statue, qui vient d’être reconstituée, remonte à l’époque romaine et représente le dieu Sérapis. Invention des Ptolémée, régnant sur l’Egypte après sa conquête par Alexandre le Grand, Sérapis est une divinité syncrétique, c’est à dire fusionnant deux divinités préexistantes, le dieu des morts Osiris, et le dieu taureau Apis. Son culte est promu de manière délibérée, à des fins politiques, mais se répand rapidement hors des frontières égyptiennes et acquiert une grande popularité dans tout le bassin méditerranéen, où on l’associe souvent aux grands dieux du panthéon hellénique comme Zeus, Dionysos, Hadès, Poséïdon ou Asclépios, et se maintient à l’époque romaine.
Quant à l’autre statue, également d’époque romaine puisqu’elle date du IIe siècle de notre ère, elle représente une autre grande figure du panthéon hellénique : Asclépios. Fils d’Apollon, ce dieu était associé à la guérison et à la médecine – or ils e trouve que Kibyra était une ville célèbre dans ce domaine durant l’antiquité. La statue, retrouvée entière mais brisée en sept morceaux dans une strate archéologique marquée par un incendie, a été reconstituée. Haute de 38 cm de haut, elle est finement exécutée et représente la divinité avec de longs cheveux bouclés et une barbe. Il s’appuie sur un bâton auquel s’enroule un serpent, et tient un œuf dans sa main – une caractéristique assez rare dans les représentations d’Asclépios.
Les deux sculptures, à présent restaurées, sont désormais visibles dans les collections du musée de Burdur.