Découverte archéologiqueOrient byzantin

Rare inscription byzantine retrouvée sur l’île turque de Giresun

L’île de Giresun est située à seulement 1,2 km de la ville turque de Giresun, sur la côte de la mer Noire. Cette ville très ancienne, nommée Kerasous, est célèbre pour être le lieu d’où les cerises tirent leur nom. Quant à l’île, elle abrite plusieurs ruines médiévales : des fortifications, des pithoi (énormes récipients utilisés depuis l’antiquité pour stocker des grains ou des liquides) datant du XIIe siècle, et un monastère. Récemment, la nouvelle découverte d’une inscription byzantine a enrichi la compréhension de l’île à l’époque médiévale.


La découverte d’une inscription de l’empire de Trébizonde.

Sous la direction du Professeur Associé Gazanfer Iltar de l’Université de Giresun, des recherches archéologiques sont en cours sur l’île depuis 2009. Cependant, ce n’est que cette année que l’équipe a découvert la plaque en terre cuite, insérée dans le sol d’une ancienne tour. La plaque, mesurant 30 par 50 centimètres , porte une inscription qui semble avoir été écrite avec une plume.

C’est une découverte remarquable car cette inscription utilise un alphabet régional unique à l’empire de Trébizonde. Cet empire était l’un des Etats byzantins établis après que les Croisés ont pris Constantinople en 1204. Bien que l’empire de Nicée soit finalement parvenu à reprendre Constantinople et à restaurer la légitimité byzantine, l’empire de Trébizonde demeure indépendant, et survit même à la chute de Constantinople en 1453. Cependant, les Turcs Ottomans s’y attaquent quelques années plus tard et il est conquis en 1461.


Des informations uniques sur l’île et le règne d’Alexis III.

Chrysobull of Alexios III Megas Komnenos, emperor of Trebizond
Chrysobulle de l’empereur Alexis III.

L’inscription a été gravée au XIVe siècle, pendant le règne d’Alexios III Grand Comnène (1349-1390), l’un des souverains les plus éminents et les mieux connus de l’empire de Trébizonde. Confronté à un début de règne difficile, il parvint à renforcer l’autorité impériale en écrasant son opposition, notamment en conquérant Kerasous (Giresun) contre son ennemi, le méga doux Nicétas Scholares, en 1354.

L’inscription offre un aperçu du passé architectural de l’île et du contexte historique de l’époque. Traduit par un universitaire russe, elle révèle que les structures et les murs de l’île ont été commandés par la vénérable Maria, épouse du ‘pinkernes’ Kyriakos, fils du gouverneur de Giresun, Roustam.

Il est assuré que pour stabiliser son règne, Alexios III ait confié des postes élevés à des personnes de confiance. Le terme ‘pinkernes’ désignait l’échanson de l’empereur, une position prestigieuse qui impliquait une proximité étroite avec le souverain. Kyriakos, en tant que pinkernes, était sans aucun doute l’une des figures les plus influentes de son époque, issu d’une famille éminente. De plus, l’origine turque du nom de son père, Roustam, éclaire les mariages stratégiques entre les beys turkmènes voisins et la dynastie Comnène ou l’élite de Trébizonde. Alexios III lui-même employait fréquemment la diplomatie matrimoniale ; sa sœur aînée Maria épousa Fahreddin Kutlubeg d’Aq Qoyunlu en 1352, et son autre sœur Theodora épousa Hajji´ Umar, émir de Chalybia, en 1358. En outre, Alexios maria quatre de ses filles à des princes musulmans voisins.

Cette découverte enrichit non seulement notre compréhension de l’Empire de Trébizonde au XIVe siècle, mais souligne également la richesse historique de l’île de Giresun.

Retrouvez la source de cet article (en anglais) ici.

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