Une structure religieuse romane inconnue repérée sur l’île aux Dames, en Bavière
Des archéologues de l’Office bavarois pour la conservation des monuments ont annoncé la découverte d’une structure religieuse romane sur l’île de Frauenchiemsee, située sur le plus grand lac de Bavière, en Allemagne. Aussi appelée « Fraueninsel » (l’île aux Dames), cette petite île de 600 mètres de long sur 300 de large doit son nom à un couvent de religieuses très ancien. La découverte d’une structure romane sur cette île, jusqu’à alors complètement inconnue, contribue à réécrire son histoire.
Un couvent de religieuses très ancien.
Le couvent remonte en effet à l’époque carolingienne. C’est le duc Tassilon III de Bavière qui le fonde en 782. Vers 857, le roi Louis le Germanique y installe sa fille Irmengarde comme abbesse. Selon la tradition, le couvent fut détruit par un incendie lors d’une attaque des Hongrois en 907. Au XIe siècle, l’église et le monastère sont reconstruits, qui fut probablement financé en encourageant la vénération d’Irmengarde.
Plusieurs incendies touchent le monastère par la suite, notamment en 1300, mais aussi en 1491 et 1572, qui nécessitèrent d’importances rénovations. Le couvent survécut cependant aux troubles de la Réforme et de la guerre de Trente Ans. Ses bâtiments furent entièrement reconstruit entre 1721 et 1730.
En 1803, le monastère est sécularisé et sa communauté dissoute. De fait, aucun acheteur n’ayant voulu du couvent, cinq nonnes âgées purent y rester et le roi Louis Ier de Bavière rétablit le couvent en 1837, sous la condition que les nonnes y établissent une école. Aujourd’hui, le monastère est toujours actif et demeure un centre de formation local important.
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Une structure romane inconnue.
Une récente étude géophysique visant à localiser les vestiges démolis de l’église Saint-Martin a révélé l’empreinte d’une structure romane totalement absente de tous les textes historiques et des cartes contemporaines. La structure est enterrée à une profondeur de 1 mètre et mesure 19 mètres de diamètre. Les résultats du GPR révèlent le plan d’un bâtiment central octogonal avec un déambulatoire formé par huit supports et quatre disposés en croix.
Mathias Pfeil, de l’Office bavarois de conservation des monuments, note que les structures religieuses d’architecture préromane ou romane, en particulier celles qui ont une signification sacrale, sont extrêmement rares au nord des Alpes. Ces édifices sont souvent perçus comme des imitations de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.
Selon les chercheurs, la structure a probablement été construite pendant la construction du nouveau monastère et de l’église abbatiale romane (dont seules la porte et le clocher subsistent encore aujourd’hui). Elle serait associée à un personnage particulier que les pèlerins seraient venus vénérer : Irmengarde.
Le culte d’Irmengarde, descendante de Charlemagne.
Selon les chercheurs, la structure a une signification religieuse importante, suggérant qu’elle pourrait avoir été érigée pour vénérer la bienheureuse Irmgard (également connue sous le nom d’Irmengarde). Seconde fille du roi Louis le Germanique, elle était l’arrière-petite-fille de Charlemagne. Elle prend un main le couvent et restaure ses bâtiments délabrés et y passe sa vie. Après sa mort en 866, elle commence à faire l’objet d’un culte. En 1004, sa tête reliquaire est transférée à l’abbaye voisine de Seeon. De nombreux pélerins s’y rendent ainsi qu’à Frauenchiemsee pour la vénérer.
Cependant, Irmengarde n’est officiellement déclarée binheureuse par l’Eglise qu’en 1929. Elle est souvent représentée avec un mince anneau d’or autour de la tête, ressemblant à une couronne, qu’elle avait le droit de porter en raison de son ascendance royale.
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