Monte Albán, la grande cité des Zapotèques dominant la vallée d’Oaxaca
Monte Albán, dont le nom originel reste inconnu, fut la plus vaste cité de la civilisation Zapotèque, qui s’est épanouie dans la vallée d’Oaxaca, au Mexique. Elle figure parmi les premières villes des Amériques à avoir développé un plan urbanistique et un système de gouvernement structuré. Son occupation continue s’étend approximativement de 500 avant notre ère à 850 de notre ère, période durant laquelle la cité a commencé à être abandonnée pour des raisons encore mal comprises. Devenu un site emblématique de l’Amérique précolombienne, son exploration scientifique, débutée dès la fin du XIXe siècle, se poursuit encore aujourd’hui.
Monte Albán : montée en puissance, abandon et redécouverte d’une métropole précolombienne.
L’établissement de la capitale des Zapotèques.
Monte Albán, fondée vers 500 avant notre ère, est l’une des plus anciennes villes de Mésoamérique et a conservé son rôle de centre socio-politique et économique des Zapotèques pendant près de mille ans. Entre 100 avant notre ère et 200 de notre ère, elle devint la capitale d’une entité politique expansionniste qui dominait une grande partie des hautes terres d’Oaxaca. C’est également durant cette période que furent construits les premiers monuments architecturaux monumentaux, tandis que les Zapotèques entretenaient des contacts avec d’autres puissances régionales, comme Teotihuacan au nord.
Le centre cérémoniel de Monte Albán est situé au sommet d’une crête nivelée artificiellement, à environ 1 940 mètres d’altitude, dominant la vallée d’Oaxaca de près de 400 mètres. Ce site stratégiquement défendable était entouré de plusieurs centaines de terrasses artificielles et d’une douzaine de complexes architecturaux secondaires répartis sur la crête et ses pentes. À son apogée, des sites voisins tels qu’Atzompa, Cerro del Gallo, El Plumaje, Monte Albán Chico et El Mogollito étaient probablement intégrés à cette métropole zapotèque.
Le déclin et l’abandon progressif de Monte Albán.
Monte Albán est l’un des rares sites au monde où l’émergence d’un véritable État, dirigé par une classe sacerdotale, est clairement attestée. Une grande partie de son économie reposait sur le tribut imposé aux communautés de la vallée d’Oaxaca. Par ailleurs, les terrasses aménagées sur les collines environnantes permettaient la culture de maïs, de haricots, de courges et d’autres plantes, constituant une ressource essentielle pour la population locale.
Cependant, entre 500 et 750 de notre ère, durant la période classique tardive, la cité perdit son influence politique et fut largement abandonnée, pour des raisons encore mystérieuses. Toute civilisation urbaine ne disparaît cependant pas de la vallée d’Oaxaca, et le déclin de Monte Albán semble avoir profité à d’autres centres de la vallée d’Oaxaca, tels que Mitla ou Yagul.
Malgré la fin de sa splendeur, Monte Albán conserva une importance spirituelle non seulement pour les Zapotèques, ses bâtisseurs, mais aussi que pour les Mixtèques. Cet autre peuple habitant la vallée d’Oaxaca occupa ponctuellement le site et réutilisa certains des monuments du site, notamment des tombes parmi lesquelles la tombe 7, du fait des offrandes remarquables qui y ont été découvertes, est particulièrement emblématique. Ce n’est qu’avec l’arrivée des Espagnols que Monte Albán est définitivement abandonné.
La redécouverte et les fouilles archéologiques d’un site majeur de l’Amérique précolombienne.
Monte Albán n’a jamais été oublié par les habitants locaux, et ses ruines impressionnantes ont continué d’attirer l’attention à l’époque coloniale et moderne. Ce n’est cependant que dans la deuxième moitié du XIXe siècle que des descriptions et relevés topographiques du site ont commencé à être publiés par divers érudits.
Les premières fouilles archéologiques ont débuté en 1902, sous la direction de Leopoldo Batres, durant le régime de Porfirio Díaz. Cependant, les recherches à grande échelle n’ont été entreprises qu’en 1931, à l’initiative de l’archéologue mexicain Alfonso Caso. En 1933, la découverte de la tombe 7 a marqué l’un des moments forts de l’archéologie au Mexique. Jusqu’en 1938, de larges zones du centre monumental ont été fouillées et dégagées par Caso et ses collègues Ignacio Bernal et Jorge Acosta. De nombreux monuments ont également été restaurés, voire partiellement reconstruits, durant cette période. Ces travaux ont permis d’établir une chronologie céramique s’étendant de -500 à 1521, qui a servi de base pour les fouilles archéologiques menées sur d’autres sites de la région.
Les recherches sur le site se sont poursuivies dans les décennies suivantes, notamment sous l’égide d’Ignacio Bernal. L’inscription de Monte Albán sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité en 1987 a relancé les efforts de recherche et de conservation. Aujourd’hui, l’utilisation de nouvelles technologies comme la photogrammétrie, le LiDAR ou l’analyse isotopique permet d’approfondir notre compréhension de l’organisation urbaine, des pratiques agricoles et des rituels funéraires des Zapotèques et des Mixtèques ayant occupé le site.