Monuments, sites et découvertes archéologiques à Amiens
Si Amiens ne rentre dans l’histoire écrite qu’au premier siècle avant notre ère, l’occupation humaine y est extrêmement ancienne. Plusieurs découvertes archéologiques en témoignent, notamment la découverte d’une Vénus paléolithique en 2024.
Amiens dans l’antiquité : la cité de Samarobriva.
Amiens fait sa première apparition dans les annales historiques en -54, lorsque César y convoque une assemblée gauloise lors de sa première tentative de conquête de la Bretagne (actuelle Angleterre). Malgré cela, aucun vestige d’un établissement gaulois n’a été découvert à ce jour. La cité antique, Samarobriva, a vraisemblablement émergé le long de la grande voie reliant Lyon à la région de Boulogne-sur-Mer, érigée à la fin du Ier siècle avant notre ère. Initialement caractérisée par une présence militaire, la localité s’est progressivement muée en une véritable ville à la veille de notre ère.
Sous la domination romaine, Samarobriva s’est développée en une cité d’envergure. Plusieurs de ses édifices ont été identifiés, dont les principaux étaient alignés au cœur de la ville sur une distance de 420 mètres. Parmi eux se trouvaient un macellum (un grand marché), un complexe public à la fonction incertaine dont il reste quelques vestiges, un forum entouré de boutiques et de colonnades, comprenant un temple probablement voué au culte impérial, ainsi qu’un amphithéâtre pouvant contenir entre douze et quinze mille spectateurs.
La cité comptait également plusieurs thermes, dont celui situé rue de Beauvais, qui s’étendait sur un hectare et disposait de deux grandes piscines, froide et chaude, d’environ 20 mètres de long chacune. Ces thermes, plutôt simples, étaient probablement destinés à un large public.
À la fin du Ier siècle, Samarobriva prospérait et figurait parmi les villes les plus significatives de toute la Gaule, avec une population estimée entre 15 et 20 000 habitants. Cette importance était largement due à sa position sur la route menant à la Bretagne insulaire (l’Angleterre actuelle). Le transit des soldats en provenance des garnisons de Germanie supérieure est attesté par de nombreuses inscriptions funéraires retrouvées.
Néanmoins, Samarobriva conservait de nombreux traits d’une ville provinciale et assez rustique. Ses rues, très larges mais non pavées, n’étaient recouvertes que de cailloux et souvent bordées de portiques. Les habitants d’Amiens bénéficiaient tout de même de certaines commodités : eau courante dans de nombreuses demeures et un réseau d’égouts.
Les invasions par les Francs et les Alamans vers 275-276 semblent avoir été dévastatrices, et la ville semble avoir perdu la moitié de sa population. Les élites notamment quittent progressivement les villes pour s’établir dans leurs villae rurales. L’enceinte construite à partir des années 280 n’englobait plus qu’une surface réduite à une vingtaine d’hectares – ce qui demeure néanmoins important pour le nord de la Gaule et maintient la ville parmi les plus significatives selon ce critère. L’amphithéâtre est transformé en forteresse. A cette époque, comme beaucoup d’autres, la ville prend le nom du peuple gaulois qui vivait dans la région et devient Ambianorum.
En parallèle, le christianisme se répand dans la ville. C’est là qu’en 346, un légionnaire romain nommé Martin partage son manteau avec un pauvre, puis se convertit au christianisme. Saint Martin devient par la suite l’un des saints les plus vénérés de Gaule. La même année, un premier évêque est attesté à Amiens.
Amiens pendant les siècles obscurs.
L’histoire de la cité est peu documentée à partir du Ve siècle. Saint Jérôme rapporte que, comme plusieurs autres villes du nord de la Gaule, Amiens est mise à sac par les peuples germaniques et sa population déportée en Germanie. Les Huns auraient également dévasté la ville, avant que les Francs ne l’occupent à partir de 435. Cette période troublée est illustrée par l’absence d’évêques connus pour la cité jusqu’aux alentours de l’an 500.
À l’époque mérovingienne, le culte des martyrs se développe. Les reliques de saint Firmin sont transférées dans la cathédrale, située à l’intérieur des remparts. Amiens était alors également un port fluvial sur la Somme, et un atelier monétaire y fonctionna durant les VIe et VIIe siècles. À cette époque, un comte y représentait le roi franc, mais la fondation de l’abbaye de Corbie en 657, dotée de la moitié nord du comté d’Amiens, réduisit considérablement sa puissance.
À l’époque carolingienne, Amiens semble avoir retrouvé une certaine prééminence et compte parmi les villes les plus importantes du royaume franc. À partir de 843, la ville fait partie du royaume de Francie occidentale.
En 859 et 881, la ville et ses alentours sont dévastés par les Vikings. En 883-884, ils établissent leurs camps dans les environs, puis en 891 dans la ville même, pendant plusieurs mois, tenant en échec le pouvoir royal. En 925, les Normands envahissent pour la dernière fois la région et incendient la ville.
Essor et difficultés d’Amiens au Moyen Âge.
Cependant, la ville devient vite un enjeu entre les premiers féodaux et le pouvoir royal. Au XIe siècle, le comte d’Amiens est un puissant seigneur. Amiens même est sous diverses influences : le comte possède la forteresse du Castillon dans la ville, l’évêque domine le quartier épiscopal qui est sous son influence. Dès le milieu du IXe siècle, il était assez puissant pour tenir tête au comte.
Au XIe siècle, la ville connaît un nouvel essor et de nouvelles églises sont construites, tandis qu’un nouveau quartier se développe au nord de la ville. Cet essor urbain entraîne la naissance du mouvement communal qui finit par arracher des chartes au seigneur local, soutenu par le pouvoir royal. La ville connaît une grande prospérité avec l’établissement de l’industrie drapière au XIIe et XIIIe siècle. Cette richesse permet la construction de la cathédrale d’Amiens au XIIIe.
La ville se retrouve prise dans la tourmente de la guerre de cent ans et une partie de la ville est pillée et incendiée en 1358. Les efforts de fortification grèvent aussi le budget de la ville, tandis que la pression fiscale s’accroît. Confrontée à une concurrence de plus en plus importante, l’économie textile de la ville connaît également des difficultés dès la fin du XIVe siècle. De plus, en 1462, la peste frappe la ville, causant la mort d’environ 20 000 habitants. Au total, l’épidémie touche Amiens plus d’une douzaine de fois entre le XVe et le XVIIe siècle.
Après cette phase de déclin, Amiens connaît un renouveau à la fin du XVe siècle. Au XVIe siècle, la ville est en partie protestante et prise dans les guerres de religion. La Révolution et la modernisation du XIXe siècle entraînent un remodelage urbain et la destruction d’un certain nombre d’édifices anciens de la ville.
>> Découverte des charniers de la peste à Amiens en 2017.
Les importants monuments disparus d’Amiens.
L’amphithéâtre romain et la forteresse du Castillon.
Aménagée dans l’ancien amphithéâtre romain, cette forteresse fut le siège du pouvoir comtal. Il n’en reste aujourd’hui rien de visible. Elle se situerait peu ou prou à l’emplacement de l’actuel hôtel de ville.
L’église Saint-Firmin-du-Castillon.
L’ancienne église paroissiale Saint-Firmin-du-Castillon appartient à l’ensemble des sanctuaires commémorant les principaux épisodes de la christianisation d’Amiens, comme Saint-Firmin-à-la-Porte et Saint-Martin. Une première église fut élevée sur l’emplacement du cachot où fut enfermé saint Firmin en 303 et reconstruite au 15e siècle. Elle est détruite vers 1800 pour agrandir une place. A noter qu’une nouvelle église Saint-Firmin fut construite à un autre emplacement au XIXe siècle.
La première église Sainte-Anne.
Construite par la congrégation des Lazaristes, elle existait déjà au XIXe siècle vers la gare actuelle, mais fut expropriée et détruite pour vers 1866 pour permettre l’extension de la gare.