Quatre sites archéologiques insolites de Grèce
Il y a les sites archéologiques incontournables à visiter en Grèce, ceux qui figurent dans tous les voyages organisés et dont les noms évoquent la Grèce classique et la naissance du théâtre et de la démocratie. Mais dans un pays au patrimoine aussi riche, il existe aussi une quantité de sites moins bien connus ou accessibles, mais qui n’en sont pas moins d’un grand intérêt ou dans des sites absolument exceptionnels. En voici quelques uns à découvrir, en attendant de peut-être un jour les visiter.
Tingani : une petite péninsule désolée entre ciel et mer.
Une étroite langue de terre rocheuse et dépouillée dans la péninsule du Magne : ainsi apparaît Tingani. Au bout, sur une éminence rocheuse, se trouvent les vestiges d’une ville remontant probablement au début de la période byzantine. Peut-être s’agit-il aussi du site du Grand Magne, une forteresse mentionnée dans les sources mais dont on ignore la localisation précise. Le site, dont les qualités défensives sautent aux yeux, apparaît désolé : la mer omniprésente, aucun arbre, seulement la roche et un magma de ruines chaotiques, au milieu duquel les vestiges d’une église sont reconnaissables. Tout simplement magique… et très peu fréquenté.
Géraki : une petite sœur cachée de Mystra.
Des fouilles hollandaises ont montré que ce site était déjà occupé dès la fin de la période néolithique, mais l’occupation est irrégulièrement attestée au cours des âges et semble prendre fin à l’époque romaine. Après la chute de Constantinople, les Francs s’installent dans le Péloponnèse (alors appelé Morée). Un château est construit à Géraki, qui devient le siège de la baronnie du même nom détenue par la famille de Nivelet. La cité connaît alors une certaine prospérité, qui se poursuit après la reprise en main de la région par les Byzantins dans les années 1260-70. Aujourd’hui, le site est complètement abandonné et largement en ruine. Il rappelle bien évidemment Mystra, et si sa superficie est plus réduite et que ses églises n’ont pas le même lustre, Géraki est aussi beaucoup moins fréquenté. Le visiteur peut ainsi flâner tranquillement dans les ruines de ses bâtiments et de ses églises, qui ont partiellement conservé leur décoration, et admirer les superbes paysages sauvages depuis le château franc qui domine les vestiges. Une étape peu connue, mais séduisante, qui permet de plonger dans le passé médiéval de la Grèce.
Monemvassia : une gigantesque cité en ruine perchée sur un paquebot de pierre.
Profitant d’un site exceptionnel, la cité de Monemvassia (signifiant en grec « porte « unique ») fut devient dès le Xe et XIe siècle un important centre du commerce méditerranéen au Moyen-Âge, connu en Occident sous le nom de Malvoisie, et exportant notamment le vin de la région. Elle résiste aux Francs qui se sont emparés du Péloponnèse après la chute de Constantinople en 1204 et ne se rend qu’après un siège de trois ans, en 1248. Elle repasse cependant aux Byzantins dès 1262, et survit même à la chute de cet empire, devenant sa dernière place forte. En 1260, elle est vendue au pape, puis passe aux mains des Vénitiens qui la perdent au profit des Turcs en 1540. Les siècles suivants sont tout aussi tumultueux, mais la prospérité de la ville ne se dément pas. Mais avec la révolte d’Orlov, en 1770, un épisode de la guerre russo-turque qui voit les Grecs se soulever, la ville souffre et entre alors dans une rapide décadence qui voit son abandon en quelques décennies. La ville basse, aujourd’hui en grande partie restaurée, est très (voire trop) touristique. En revanche la ville haute, accessible par une longue volée de marche, n’est plus qu’un gigantesque champ de ruines cerné par la mer. En son milieu trône une somptueuse église byzantine du XIe siècle. Un site incroyable à ne pas manquer.
Angelokastro : le château des anges battu par les vents.
Il s’agit d’un des châteaux les plus importants de l’île de Corfou, car sa situation stratégique à l’extrémité nord-ouest de l’île permettait de surveiller presque entièrement le sud de l’Adriatique. Le site a très probablement été occupé dès le début de la période byzantine (entre le Ve et le VIIe siècle). Le château a probablement été renforcé sous la dynastie Comnène, au XIe siècle, alors que les Byzantins avaient perdu l’Italie du Sud au profit des Normands qui menaçaient leur empire. Après la chute de Constantinople en 1204, la forteresse changea plusieurs fois de main avant que les Vénitiens ne l’occupent en 1386. Pièce importante de leur système défensif contre les Turcs, ils y restent jusqu’à la fin de la République de Venise en 1797. Au XIXe siècle, les progrès technologiques et les conflits de l’époque rendent le château obsolète, et il est totalement abandonné. Depuis 1999, il fait l’objet de fouilles et de restauration. Perché entre ciel et mer, c’est un site unique dont les vues sont à couper le souffle. Le château est quant à lui très ruiné, mais présente encore des vestiges intéressants, comme des citernes ou encore des tombes et des salles creusées à même la roche. Au sommet se trouvent aussi les ruines de ce qui était probablement une basilique paléochrétienne.