Trois épaves romaines et autres trésors découverts près d’Alexandrie
Le Conseil Suprême des Antiquités Egyptiennes a annoncé la découverte de plusieurs épaves et d’autres objets dans la baie d’Aboukir, située à quelques kilomètres à l’est d’Alexandrie, par une mission archéologique égyptienne travaillant en coopération avec l’Institut Européen d’Archéologie Sous-marine.
Trois épaves et autres trésors au fond de l’eau.
Lieu d’une célèbre défaite de la flotte française de Napoléon en 1798, la baie d’Aboukir regorge aussi de vestiges antiques. En effet la baie, située à seulement une vingtaine de kilomètres à l’est d’Alexandrie, était dans l’antiquité bordée par plusieurs cités portuaires : Menouthis, Canope et Héraklion, dont les vestiges sont aujourd’hui submergés sous les eaux de la Méditerranée, et servait d’avant-port à Alexandrie, la capitale de l’Egypte ptolémaïque.
Durant cette saison débutée en septembre, la mission archéologique a retrouvé trois épaves romaine. De grandes planches de bois, ainsi que des récipients de poterie qui pourraient avoir fait partie de la cargaison des navires coulés, ont été ainsi retrouvés par les archéologues sous-marins. Or, si un navire avait déjà été repéré dans la zone en 1998, on pensait alors qu’il était le seul à s’y trouver. La découverte de ces trois épaves supplémentaires est considérée par le Chef du Département Central des Antiquités submergées, Ossama al-Nahas, comme un signe que la zone pourrait comprendre beaucoup plus de richesses, et il est optimiste quant à la découverte prochaine d’une quatrième épave.
Par ailleurs, d’autres trésors remarquables ont aussi été découverts dans la baie, et notamment une tête en cristal représentant un empereur de l’époque romaine et trois pièces d’or remontant à Octave Auguste. Plus impressionnant encore, une barque cultuelle de plomb et sa statue du dieu Osiris ont été retrouvées dans les vestiges submergés d’Héraklion.
Alexandrie, port florissant de l’Antiquité.
Dès avant la fondation de la ville par Alexandre le Grand, des cités importantes se trouvaient dans la zone, comme les villes susmentionnées de Canope ou d’Heraklion. Lorsque les Ptolémée s’installent à Alexandrie, la ville devient l’une des plus grandes métropoles et l’une des places commerciales les plus actives de toute la Méditerranée, entraînant également la prospérité des villes portuaires alentours.
Témoin de cette importance des échanges maritimes, le phare d’Alexandrie, monument aussi bien de prestige que pratique, qui pouvait être visibles par les navires à plus des dizaines de kilomètres de distance. La ville comptait par ailleurs plusieurs ports militaires et commerciaux, mais la zone restait assez dangereuse pour la navigation : le port occidental, par exemple, était entouré d’une barrière de récifs, et nombreux sont les navires à en avoir fait les frais.
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle l’archéologie sous-marine a de beaux jours devant elle à Alexandrie. Car outre les épaves accumulées par des centaines d’années d’échanges maritimes autour de ports florissants, les séismes à répétition qui ont frappé la région dès l’antiquité et jusqu’au Moyen-Âge ont également entraîna la submersion de larges portions de la côte de l’époque, à Alexandrie même, où le phare et l’ensemble des quartiers royaux ont été précipités dans la mer, mais aussi dans la baie d’Aboukir où les villes antiques de l’époque, et notamment Héraklion, ont été complètement submergées.
L’archéologie sous-marine autour d’Alexandrie : 100 ans de découvertes.
Nul doute que l’archéologie sous-marine a encore de beaux jours devant elle à Alexandrie et dans ses environs, mais la zone a fait l’objet de recherches et livré de nombreuses découvertes depuis déjà plusieurs décennies.
1933. Premières découvertes sous-marines et repêchage d’antiquités officiels à l’est d’Alexandrie : une tête monumentale d’Alexandre le Grand est découverte. L’année suivante, les chercheurs commencent à établir les premières cartes recensant les antiquités submergées.
1935. Un plongeur égyptien repère certaines des vestiges du célèbre phare d’Alexandrie, détruit par un séisme au Moyen-Âge.
1936. La marine française mène des opérations pour renflouer certaines épaves de la flotte napoléonienne coulées lors de la bataille d’Aboukir contre les Anglais.
1994-96 : suite à un projet de digue, l’archéologue Jean-Yves Empereur mène des séries de repérages et de fouilles sous-marines dans le port d’Alexandrie. Des milliers de blocs de pierre appartenant au phare d’Alexandrie et de nombreuses statues colossales ptolémaïques sont retrouvées.
1996. Repérage et cartographie par Frank Guido des vestiges des quartiers royaux submergés d’Alexandrie, du port royal et de l’île disparue d’Antirrhodos.
2002. Découverte par le même de l’ancienne cité submergée de Thonis-Héraklion, à plus de 6,5 km de l’actuelle ligne de côte.
2003. Découverte d’une statue colossale et décapitée de Ptolémée IV (-222 à -205).
Et nul doute que cette liste – loin d’être exhaustive – ne s’allongera encore durant les années à venir.