Fresques médiévales découvertes dans un monastère copte du désert égyptien
Si l’on se souvient volontiers que l’Égypte est la terre des pyramides et des pharaons, on oublie souvent qu’elle a aussi joué un rôle majeur au début du christianisme. C’est en effet là qu’y a pris naissance le monachisme, sous l’influence des Pères du Désert. La tradition chrétienne égyptienne, forte spirituellement et politiquement dès l’antiquité, a perduré après des siècles de domination musulmane. Aujourd’hui encore, environ 10% de la population égyptienne appartiendrait à l’Église copte, et son héritage millénaire est présent dans tout le pays, et particulièrement à Wadi el-Natroun, où des fresques médiévales ont été découvertes dans le monastère Saint-Bishoy.
Naissance du monachisme en Égypte.
C’est en effet en Égypte que prennent naissance l’érémitisme (avec saint Antoine le Grand dès la fin du IIIe siècle) et le cénobitisme (avec saint Pacôme, au IVe siècle) chrétiens. Le cénobitisme (signifiant vie en communauté) est à l’origine du monachisme, qui connut un succès considérable dans toute la chrétienté et constitue un élément fondamental du Moyen-Âge occidental et oriental.
Les célèbres Pères du Déserts sont à l’origine de ces concepts. Parmi eux, saint Antoine et saint Pacôme – déjà cités – mais aussi saint Macaire d’Égypte, saint Macaire d’Alexandrie ou encore saint Bishoy.
Dès le IVe siècle de notre ère se développent dans le désert de Nitrie trois centres d’ermitages et de monastères distincts mais proches et interconnectés : Nitria, Kellia et Scetis. Ce dernier, aujourd’hui connu sous le nom de Wadi el-Natroun est le seul à être encore actif et constitue un centre majeur pour l’Église copte.
Le monastère copte de Saint-Bishoy.
C’est là que se situe le monastère de Saint-Bishoy. Ce personnage serait né en 320 et serait devenu moine à Scetis à l’âge de 20 ans. Il aurait vécu en ermite sur le site du présent monastère, pratiquant l’ascétisme, et attirant peu à peu de nombreux moines autour de lui et devenant leur père spirituel. Les Coptes pensent que Bishoy aurait vu Jésus physiquement incarné plusieurs fois. Il serait mort en 417 et aurait été enterré au monastère Saint-Bishoy de Deir el-Bersha.
En 841, le pope Joseph Ier d’Alexandrie aurait fait transféré ses reliques, ainsi que celles de Paul de Tammah, au monastère Saint-Bishoy de Scetis – selon le vœu originel de Bishoy – et son corps intact s’y trouverait toujours.
Le monastère, encerclé par un mur d’enceinte construit au Ve siècle pour le protéger des attaques des Berbères, compte de nos jours cinq églises. Il constitue un centre majeur pour les Coptes d’Égypte, et le pape copte Chenouda III y a accordé une attention particulière et y a été enterré après sa mort en 2012.
Découverte de fresques médiévales.
Suite aux inondations qui ont affecté plusieurs monastères de Wadi el-Natroun, des travaux de restauration ont été entrepris depuis 2015 par l’administration du monastère en collaboration avec le ministère des Antiquités.
C’est au cours de ces travaux que des peintures médiévales ont été retrouvées, qui pourraient aider les archéologues à mieux connaître l’évolution du style architectural de l’église. Depuis l’antiquité, le monastère a en effet l’objet de nombreuses restructurations, notamment à l’époque islamique, et particulièrement au cours des périodes abbassides, en 840, et fatimides, en 1069.
Les fresques nouvellement découvertes dépeignent des saints et des anges, accompagnés d’inscriptions religieuses coptes. Une peinture sur le mur occidental du monastère montre une femme nommée « Refka » (Rébecca), avec ses cinq enfants, qui auraient été martyrisés durant la période romaine.
Le Moine Abouna Bishoï a vécu dans une cellule que l’on peut encore voir (que j’ai photographiée) au monastère Es Sourian qui est quelques minutes à pieds de celui de Saint Bishoï.
Mais son corps est conservé dans un sarcophage sous verre au Monastère Saint Bishoï.