Un décor de banquet dans une tombe romaine de Cumes, près de Naples
Le site archéologique de Cumes se situe aujourd’hui à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Naples. Seconde plus ancienne colonie grecque en Occident, la cité était célèbre pour ses sybilles, des prophétesses capables de prédire l’avenir. Conquise par les Romains en -338, la ville connaît une grande prospérité sous l’empire et ses vestiges s’étendent aujourd’hui encore sur une vaste superficie. Les fouilles y ont été relancées dernièrement, et le centre Jean Bérard y fouille notamment depuis 2001 une nécropole implantée près d’un ancien sanctuaire.
La relance des recherches archéologiques à Cumes.
Fondée dès le VIIIe siècle par des colons venus de l’île grecque d’Eubée, et notamment des villes de Chalcis et d’Erétrie, où un ancien temple d’Artémis oublié depuis des siècles a récemment été localisé. Elle prospère rapidement, fondant à son tour des colonies comme celle de Parthenope, qui donne par la suite naissance à la ville de Naples.
Ville considérable dès l’époque grecque, elle continue de s’étendre à l’époque romaine, et l’ensemble de son site archéologique couvre environ deux fois la surface de Pompéi ! Au début des années 2000, les autorités italiennes cherchent à relancer l’étude du site, avec un triple objectif : mieux connaître son histoire, en fixer les limites pour contenir l’urbanisation, et créer un parc archéologique visitable.
Dans ce cadre, le Centre Jean Bérard a été chargé d’explorer les abords de la cité antique et de retrouver ses ports. Mais les fouilles menées dans ce cadre ne permettent pas de retrouver les infrastructures portuaires – elles se situaient en fait encore plus loin de la cité antique. En revanche, elles ont mis au jour une partie de la nécropole de l’âge du fer, un sanctuaire gréco-samnite (les Samnites étant le peuple autochtone de la région durant l’antiquité) ainsi qu’une nécropole romaine active entre le IVe siècle avant notre ère et jusqu’au IIIe siècle après.
La fouille de la nécropole romaine.
Elles ont permis la mise au jour d’environ 70 monuments funéraires, qui retracent les evolutions de la société de Cumes durant la période romaine. On peut y lire une montée en puissance des élites locales, culminant au Ier siècle de notre ère et perdurant jusqu’au début du IIIe siècle. Par la suite, comme dans le reste de l’empire occidental, la société locale montre des signes d’affaiblissement. Ce déclin se caractérise dans la nécropole par l’arrêt des constructions monumentales et la multiplication de sépultures modestes.
Parmi les découvertes effectuées, les archéologues travaillant sur la nécropole ont retrouvé une série de tombeaux voûtés construits en tuf, la roche volcanique locale. Ils étaient généralement conçus sur un même modèle : on accédait à la tombe par une porte percée dans la façade et scellée par un gros bloc de pierre. Quant à l’espace intérieur , il était constitué d’une chambre comptant en général trois coffres ou lits funéraires. Malheureusement, les tombes ont été pillées au cours du XIXe siècle, mais elles conservent cependant des restes de mobilier funéraire qui permettent de les dater du IIe siècle avant notre ère, et attestent de la position élevée de leurs occupants dans la société d’alors.
Une tombe avec un exceptionnel décor de banquet.
La plupart de ces tombes étaient simplement peintes en rouge et blanc. Cependant, en juin 2018, les archéologues ont retrouvé dans l’une d’entre elles un remarquable décor figuré.
On y voit notamment un serviteur, nu, apportant une cruche de vin et un vase. Il s’agit d’une scène de banquet, dont d’autres éléments d’ailleurss ont encore visibles. Les convives devaient être représentés sur les parois latérales – mais cette partie des peintures est aujourd’hui disparue. Ce choix iconographique apparaît assez démodé pour le IIe siècle avant notre ère, ce genre de scène étant plutôt en vogue un ou deux siècles auparavant.
Les peintures encore visibles ont été prélevées afin d’être restaurées et conservées, et les chercheurs tenteront d’en reconstituer l’ensemble.