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Identification d’un fragment du sarcophage perdu de Ramsès II

Des archéologues de l’Université de la Sorbonne ont identifié un fragment de sarcophage comme appartenant à l’origine au célèbre pharaon Ramsès II. Troisième pharaon de la XIXe dynastie durant le Nouvel Empire, son règne est souvent considéré comme le plus important de l’histoire égyptienne, marqué par plusieurs grandes campagnes militaires, la construction d’une nouvelle capitale à Pi-Ramsès et une incroyable activité architecturale dans toute la vallée du Nil.


Ramsès II, un pharaon hors norme.

Ramsès II serait monté sur le trône en -1279, succédant à son père Séthi Ier. Il aurait régné jusqu’à son décès, en -1212 ou -1213, alors qu’il avait atteint l’âge vénérable de 90 ans. Comme tous les pharaons, il s’était préoccupé très tôt de son devenir dans l’au-delà, faisant édifier un gigantesque temple des millions d’années, le Ramasséum. Il fait aussi aménager les deux plus grandes sépultures de la vallée des Rois : celle de ses fils (tombe KV5) et la sienne propre (tombe KV7) qui s’enfonce de 168 mètres dans la colline. Il est certain que la décoration de ces tombes était magnifique ; mais la qualité moindre de la pierre et les fréquentes inondations dans cette partie de la vallée des rois l’ont fait presqu’entièrement disparaître.

Cependant, la tombe de Ramsès II a toujours été visible et accessible, ce qui en a fait une des plus pillées de la nécropole. Dès la XXe dynastie, des pilleurs de tombes profanent le tombeau du pharaon. Des textes anciens rapportent que des prêtres ont alors déplacé les restes du pharaon dans le tombeau de la reine Ahmose-Inhapy, puis dans celui du grand-prêtre Pinedjem II. Finalement, à l’instar des momies de plus de 50 rois, reines et autres membres des familles royales du Nouvel Empire, la dépouille de Ramsès II va se retrouver dans un tombeau situé près de Deir el-Bahari où ils vont être oubliés jusqu’à la fin du XIXe siècle. Lorsque la momie de Ramsès II y est retrouvée, elle repose dans un simple cercueil de bois. Quant à son immense tombe, elle continue à être pillée et visitée durant l’antiquité, jusqu’à la période gréco-romaine, comme en témoignent de nombreux graffitis. Mais la tombe est endommagée par les crues fréquentes qui affectent cette partie de la vallée des rois et qui la remplissent finalement de débris, dès l’époque byzantine. Ces inondations, affectant une pierre de faible qualité, ont fait disparaître la quasi totalité de la décoration d’origine.


Un fragment de sarcophage découvert à Abydos, loin de la tombe de Ramsès II.

Cependant, en 2009, un fragment de sarcophage est retrouvé dans un monastère copte d’Abydos, un autre grand site archéologique d’Egypte, situé beaucoup plus au nord. Or, une nouvelle étude publiée dans la Revue d’égyptologie, propose que ce fragment ait fait partie du sarcophage original de Ramsès II dans sa tombe de la vallée des Rois. Selon son auteur, l’égyptologue Frédéric Payraudeau de l’Université de la Sorbonne, les décorations et les textes du fragment indiquent qu’il a d’abord été utilisé pour Ramsès II, comme en témoigne la présence de son cartouche. Puis, il a été réutilisé par un grand-prêtre de la XXIe dynastie, Menkheperrê (vers -1000), qui a probablement transporté le sarcophage à Abydos depuis sa tombe de la vallée des Rois.

Il faut d’ailleurs noter que la XXIe dynastie de la troisième période intermédiaire n’a pas hésité à réutiliser – voire à piller à grande échelle – les monuments des dynasties précédentes. Ainsi leur capitale de Tanis, dont ils prétendent faire la « Thèbes du Nord », est largement édifiée et embellie avec les matériaux de Pi-Ramsès, la capitale de Ramsès II abandonnée à l’époque. Il semble qu’à cette époque, même la ville de Thèbes et les tombes royales qui s’y trouvent aient pu faire l’objet d’un pillage institutionnel. Peut-être que le transport d’un des sarcophages de Ramsès II – les dépouilles pharaoniques étaient enterrés dans plusieurs sarcophages imbriqués les uns dans les autres – pourrait s’expliquer dans ce cadre.

Crédits photographiques (si non mentionnés): Kevin Cahail

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