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Reconstruction d’une statue colossale de Constantin à Rome

L’empereur Constantin (306-337) fut l’un des empereurs romains les plus remarquables. Il prit plusieurs décisions qui eurent un puissant impact sur son temps et l’histoire. On retiendra notamment l’adoption du christianisme comme religion officielle de l’empire romain, même si le processus s’est fait moins brutalement qu’on ne le pense parfois, comme l’a prouvé récemment la découverte d’un temple du culte impérial à Spello, ou encore la fondation d’une nouvelle capitale en Orient, Constantinople – aujourd’hui Istanbul. Constantin, qui règne près de 30 ans, est par ailleurs un grand bâtisseur, et notamment à Rome.


Le colosse de Constantin, une monumentale statue acrolithe au cœur de Rome.

Le colosse de Constantin était une statue acrolithe, c’est à dire composite, mais en matériaux moins précieux que les statues chryséléphantines, utilisant l’ivoire pour représenter la chair et l’or pour les vêtements, comme par exemple la statue de Zeus à Olympie. Dans le cas de ce colosse, la tête, les bras et les jambes étaient en marbre, tandis que le reste du corps était en brique et en bois, peut-être recouvert de bronze doré. Elle mesurait plus de 10 mètres de haut. La datation de la statue fait l’objet de débats, mais on estime qu’elle a été réalisée vers 312-315, puis remaniée vers 325. Elle était destinée à orner l’abside ouest de la basilique de Maxence, un grand édifice situé sur le forum romain. Sa construction, ordonnée par l’usurpateur Maxence en 307, fut achevée par Constantin après sa victoire en 312.

La statue est brisée et son bronze pillé à la fin de l’antiquité ou au début du Moyen Âge. En 1486, plusieurs fragments sont retrouvés : tête, bras droit, poignet, main droite, genou droit, tibia droit, et ses deux pieds. La statue est d’abord attribuée à l’empereur Commode (180-192), et ne sont identifiés correctement qu’à la fin du XIXe siècle. Ses éléments, conservés, sont aujourd’hui visibles au musée du Capitole.


La recréation du colosse, un exercice scientifique.

Basée à Madrid, la fondation Factum est à l’origine de la recréation de cette statue. Le processus a commencé par la création d’une documentation numérique précise et à haute résolution des sites du patrimoine culturel et des œuvres d’art du monde entier, afin de réaliser des fac-similés d’œuvres d’art détruites, endommagées, pillées ou perdues. Puis, l’équipe a passé trois jours à scanner les fragments en utilisant des techniques de photogrammétrie. Chaque fragment a ensuite été modélisé en 3D, puis placé sur la version numérique de la statue, s’inspirant des formes d’autres statues de culte de l’époque ayant des poses similaires. Différents facteurs ont été pris en compte comme le type de marbre utilisé pour la statue et leur restauration, afin de pouvoir ajouter les répliques des parties manquantes.

C’est quelque chose qui se situe entre la documentation, la recréation et l’interprétation. Mais j’espère vraiment que c’est le début d’une révolution, sur la façon de partager et de montrer ».

Adam Lowe, le directeur de la Fondation Factum, qui a supervisé le processus de reconstruction

Une fois la numérisation 3D terminée, l’équipe a utilisé de la résine, du polyuréthane, de la poudre de marbre, des feuilles d’or et du plâtre pur les parties en marbre et en bronze de la statue. La structure interne, vraisemblablement constituée à l’origine de briques, de bois et de barres métalliques, a été construite en aluminium.

L’imposante statue ainsi recréée, haute de 13 mètres, a été dévoilée le 6 février 2024. Elle se trouve désormais dans un jardin latéral des musées du Capitole, juste au coin de la cour où se trouvent les fragments originaux des pieds, des mains et de la tête du colosse originel.

Vous pouvez voir une vidéo (en anglais) présentant cette reconstruction en cliquant ici.

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