Sites archéologiques et historiques classés à l’UNESCO en 2023
La 45e session du Comité du patrimoine mondial a abouti à l’inscription de 42 nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Parmi ces sites, 26 sont des sites historiques ou archéologiques. Lancé en 1972, ce programme a depuis enregistré 1157 sites ou ensemble de sites.
L’inscription d’un site au patrimoine mondial de l’UNESCO constitue une reconnaissance internationale de sa valeur culturelle, historique ou naturelle exceptionnelle. Cela confère au site une visibilité accrue et stimule le tourisme. Mais des responsabilités et contraintes importantes doivent aussi être respectées pour garantir la conservation et la préservation du site. Si les normes visant à maintenir l’authenticité d’un site et le protéger de détériorations humaines ou environnementales ne sont pas respectées, un site peut ainsi être retiré de la liste.
Parmi les 42 sites enregistrés cette année, découvrez une quinzaine d’entre eux qui concernent des sites archéologiques ou historiques anciens.
Maison Carrée de Nîmes (France).
Construite au Ier siècle de notre ère dans la colonie romaine de Nemausus (Nîmes), la Maison Carrée est un des premiers exemples de temple romain qui peut être associé au culte impérial dans les provinces de Rome. Dédié aux héritiers d’Auguste, prématurément décédés, cet édifice proclame le contrôle de Rome sur le territoire conquis et l’allégeance de la population de la ville de Nemausus aux descendants d’e la dynastie d’Auguste. Cette intention symbolique était communiquée dans le programme architectural et la décoration élaborée du temple et témoigne du passage de la République à l’empire. A noter qu’une première inscription du patrimoine romain de Nîmes, plus large et incluant d’autres ouvrages antiques, avait été refusée du fait de la proximité de bâtiments plus modernes.
>> Découvrez les plus impressionnants monuments gallo-romains de France.
Les forteresses circulaires de l’âge des Vikings (Danemark).
Erigées à l’âge viking, entre environ 970 et 980 de notre ère, les forteresses d’Aggersborg, de Fyrkat, de Nonnebakken, de Trelleborg et de Borgring étaient positionnées stratégiquement le long d’importantes voies terrestres et maritimes. Monumentales, en forme d’anneau, chacune a utilisé les particularités topographiques de son site à des raisons défensives. Elles sont emblématiques du pouvoir centralisé de la dynastie de Jelling, et témoignent des changements sociopolitiques dans le royaume danois à cette époque.
© Danish Agency for Culture and Palaces
© Trelleborg, National Museum of Denmark
© Danish Agency for Culture and Palaces
Les sites préhistoriques de la Minorque talayotique (Espagne).
Cet ensemble de sites archéologiques dans des paysages agropastoraux témoignent de l’occupation d’île Minorque, dans l’archipel des Baléares, par des populations préhistoriques. Les sites présentent divers établissements préhistoriques et lieux de sépulture dont les matériaux, formes et emplacements remontent à l’âge du bronze (vers 1600 avant notre ère) et à l’âge du fer tardif (jusque vers 123 avant notre ère) et montrent l’évolution d’une architecture « cyclopéenne » caractérisée par l’utilisation de blocs de pierre très massifs. Les orientations astronomiques des monuments, et leurs interconnexions visuelles indiquent l’existence de réseaux ayant une possible signification cosmologique.
Djerba, témoignage d’un mode d’occupation insulaire (Tunisie).
Cet ensemble de sites témoignent d’un mode de peuplement qui se mit en place sur l’île de Djerba autour du IXe siècle, dans une environnement semi-aride et déficitaire en eau. Caractérisé par une faible densité, il impliquait le découpage de l’île en quartiers économiquement autonomes, mais reliés les uns aux autres par un réseau de routes élaboré, les connectant également aux lieux de culte et de commerce de l’île. Issu de cette combinaison de facteurs environnementaux, socioculturels et économiques, le schéma de peuplement de Djerba illustre la manière dont les populations locales ont adapté leur mode de vie aux conditions de leur environnement.
Le paysage culturel du pays Gedeo (Ethiopie).
La région de peuplement Gedeo s’étend le long de la partie orientale du sud de la vallée du Rift éthiopien, sur les contreforts escarpés des hauts plateaux. Le paysage se caractérise par des cultures multi-étagées de l’ensète indigène, sous laquelle poussent le café et autres arbustes, fruit des savoirs d’agroforesterie traditionnels des communautés locales gedeo. Sur les pentes cultivées se trouvent des forêts sacrés servant pour les rituels religieux, et le long des crêtes montagneuses se dressent de denses groupes de monuments mégalithiques, vénérés et entretenus par les Gedeo.
Le Jéricho ancien / Tell es-Sultan (Palestine).
Ce tell ovale situé dans la vallée du Jourdain constitue un gisement archéologique important, et comprend la source voisine d’Aïn es-Sultan. Occupé dès l’époque préhistorique, un établissement humain permanent s’est formé sur le site entre le IXe et le VIIIe millénaire avant notre ère, profitant de la fertilité du sol de l’oasis et d’un accès à l’eau facile. Des crânes et des statues témoignent des pratiques cultuelles des populations du Néolithique, et le matériel archéologique du début de l’âge du bronze comporte des traces de l’urbanisme. A ce titre, il s’agit de l’une des plus anciennes cités du monde. Les vestiges de l’âge du bronze moyen révèlent la présence d’une grand cité-Etat cananéenne à la société complexe. Le classement de Jéricho, dans le contexte géopolitique tendu de la région, a eu des répercussions politiques.
Gordion, ancienne capitale de la Phrygie (Turquie).
Au cœur d’un paysage rural ouvert, le site archéologique de Gordion, en Turquie, est le témoin d’une riche et complexe histoire. Ancienne capitale de la Phrygie, un royaume indépendant de l’âge du fer, les élements clés du site incluent le tertre de la citadelle, la ville basse, la ville extérieure et les fortifications, à quoi s’ajoutent plusieurs tertres funéraires et tumuli, ainsi que leur environement naturel. Les fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux vestiges éclairant les techniques de construction, les structures défensives et les rituels d’inhumation, contribuant à notre connaissance de l’économie et de la civilisation phrygienne.
© Penn Museum Gordion Project
© Penn Museum Gordion Project
© Penn Museum Gordion Project
Le corridor de Zeravchan – Karakoum des routes de la soie (Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan)
Ce corridor était l’un des principaux tronçons des routes de la soie de l’Asie centrale, sur lequel se raccordaient d’autres itinéraires venant de toutes les directions. Actives du IIe au XVIe siècle, avant d’être supplantées par le commerce maritime, les routes de la soie étaient la principale voie d’échanges de marchandise entre l’Asie et l’Europe. Long de 866 km de long, il longe la rivière Zeravchan à travers des montagnes escarpées, des vallées fluviales fertiles et le désert du Karakoum jusqu’à l’oasis de Merv. Cette position a fait du corridor de Zeravchan à Karakoum un creuset mêlant ethnies, cultures, religions, sciences et technologies, dont les traces sont encore visibles dans le paysage.
Monuments des pierres à cerfs et sites associés de l’âge du bronze (Mongolie).
Sur les versants des mont Khangaï, en Mongolie centrale, les pierres à cerfs remontent à une période située entre 1200 à 600 avant notre ère. Elles mesurent jusqu’à 4 mètres de hauteur, et se trouvent isolées ou en groupe. Elles sont presque toujours associées à des tertres funéraires (appelés khirgisüürs) et des autels sacrificiels, et étaient liées à des pratiques cérémonielles et funéraires. Elles doivent leurs noms aux gravures de cerfs très stylisées qui les ornent. Aujourd’hui, ce sont les principaux vestiges des cultures d ‘âge du bronze des peuples nomades eurasiens, dont la civilisation évolua puis disparut lentement entre les IIe et Ier millénaire avant notre ère.
Les tumuli de Gaya (Corée).
Cet ensemble de sites de cimetières comprend les tertres funéraires attribués à la Confédération de Gaya, qui dominait la partie méridionale de la péninsule coréenne du Ier au VIème siècle de notre ère. La répartition géographique et les caractéristiques paysagères de ces cimetières, ainsi que les types de sépultures qui s’y trouvent et leur mobilier funéraire sont des témoins du système politique original de Gaya, où cohabitaient différente chefferies unies par des liens culturels. L’introduction de nouvelles formes de tombes et le renforcement de la hiérarchie spatiale dans les sites reflètent les évolutions de la société de Gaya au cours de son histoire.
Koh Ker : site archéologique de l’ancienne Lingapura ou Chok Gargyar (Cambodge)
Ensemble urbain sacré, le site archéologique de Koh Ker se caractérise par les vestiges de nombreux temples et sanctuaires et de leurs sculptures, inscriptions et peintures murales. Construite en 23 ans par le roi Jayavarman IV, la cité fut, avec Angkor, l’une des deux capitales de l’empire khmer, et fut même la seule capitale entre 928 et 944. Probablement conçue selon d’anciens concepts cosmologiques religieux indiens, la nouvel ville présente un modèle original d’urbanisme d’art et de technologie de constructions, notamment par l’utilisation d’énormes blocs de pierre monolithiques.
© National Authority for Preah Vihear (NAPV)
© National Authority for Preah Vihear (NAPV)
© National Authority for Preah Vihear (NAPV)
La ville ancienne de Si Thep et ses monuments de Dvaravati associés (Thaïlande).
Ensemble composé de trois éléments : la ville ancienne de Si Thep, un site caractéristique de villes jumelles, comprenant une ville intérieure et une ville extérieure entourée de douves ; la pagode bouddhiste de Khao Klang Nok (VIIIe – IXe siècle) et la grotte de Khao Thamorrat. Ces sites sont représentatifs de l’architecture, de l’art et de la diversité religieuse de l’empire de Dvaravati, qui s’épanouit du VIe au Xe siècle. Influencé par la culture indienne, leur adaptation locale a donné naissance à une nouvelle tradition artistique appelée école d’art de Si Tep, qui influença à son tour d’autres civilisations d’Asie du Sud-Est. La ville de Si Thep est par la suite intégrée dans l’empire Khmer avant d’être abandonnée et reconquise par la végétation.
© The Fine Arts Department
Ensembles sacrés des Hoysalas (Inde).
Trois ensembles de temples ont été inscrits comme étant les plus représentatifs du style hoysala, originaire du sud de l’Inde et remontant au XIIe et XIIIe siècles. Le style hoysala dérive d’une volonté politique de créer une identité différente de celle des royaumes voisins, et combine des caractères architecturaux de temples du passé soigneusement sélectionnés et des caractéristiques plus modernes pour l’époque. Ainsi, des sculptures en pierre hyperréalistes couvrent toute la surface architecturale. on trouve aussi une plateforme pour faire le tour du temple, une vaste galerie de sculptures, une frise à plusieurs niveaux et des sculptures illustrant la légende de Sala. La qualité de l’art déployé souligne la réussite artistique de ces ensembles de temples qui témoignent d’une période significative dans le développement de l’architecture des temples hindous.
© Archaeological Survey of India, Bengaluru Circle
© INTACH Bengaluru Chapter
© Archaeological Survey of India, Bengaluru Circle
Les ouvrages en terre cérémoniels Hopewell (Etats-Unis).
Cet ensemble de sites comprend une série de huit enceintes monumentales en terre, construites sur une période vieille de 1600 à 2000 ans, le long des affluents centraux de la rivière Ohio. Ce sont les vestiges subsistants les plus manifestes de la culture autochtone connue sous le nom de culture Hopewell. Les figures géométriques précises et les sommets de collines sculptés pour aménager de grands espaces plats témoignent de leur savoir-faire et de l’évolution de leur société. Ces enceintes sont alignés sur les cycles du soleil et ceux, bien plus complexes, de la lune. Ces ouvrages en terre ont servi de centres cérémoniels et les sites ont livré des objets rituels raffinés, certains fabriqués avec des matériaux exotiques provenant de contrées lointaines.
Le parc archéologique Tak’alik Ab’aj (Guatémala).
Ce site archéologique de la côté du Pacifique possède une histoire longue de 1700 ans marquée par la transition entre la civilisation olmèque et maya ancienne. Tak’alik Ab’aj fut l’une des principales cités où prit forme cette transition, en raison de son rôle essentiel sur la route commerciale reliant l’Amérique centrale au sud du Mexique actuel, favorisant les échanges d’idées et de coutumes. Le site se distingue par des espaces et édifices sacrés disposés en fonction de principales cosmologiques, par des systèmes de gestion hydraulique innovants, des céramiques et des objets d’art lapidaires. Le site conserve encore une importance culturelle de nos jours, et les communautés locales continuent d’y tenir des rituels.
© Vice ministry of Cultural and Natural Heritage
© Vice ministry of Cultural and Natural Heritage
© Vice ministry of Cultural and Natural Heritage
Le site archéologique de Jodensavanne et le cimetière de Cassipora Creek (Suriname).
Cet ensemble de sites est le témoin d’une colonie juive de plantation établie au XVIIe siècle, et qui déclina à partir du milieu du XVIIIe siècle avant que sa population ne l’abandonne pour Paramirabo.