Une soixantaine d’œuvres vandalisées dans des musées de Berlin
L’affaire reste encore inexpliquée, mais elle serait à l’origine des plus importants dommages causés aux collections des musées berlinois depuis la seconde guerre mondiale : entre 63 et 68 œuvres situées dans trois musées différents ont été vandalisés.
Les faits se sont produits le 3 octobre dernier. Sur l’Île aux Musées, en plein cœur de la capitale, les musées nationaux fermés depuis des mois pour cause de coronavirus rouvraient leurs portes à l’occasion du jour férié célébrant la réunification de l’Allemagne. Or ce même jour, une soixantaine d’objets ont été la cibles d’actes de vandalisme. Les attaques ont eu lieu au Pergamon Museum, qui renferme des œuvres antiques monumentales comme la porte d’Ishtar de Babylone ou le Grand Autel de Pergame, au Neues Museum qui abrite les antiquités égyptiennes et notamment le célèbre buste de Néfertiti, et à l’Alte Nationalgalerie qui conserve des peintures du XIXe siècle.
Parmi les objets endommagés figurent des sarcophages égyptiens comme celui de Nehi (XVIIIe dynastie, XIVe siècle avant notre ère) ou du prophète Ahmose (-332 / -330), mais aussi des sculptures en pierre et des tableaux. Les attaques ont été menées par projection d’un liquide dont la nature exacte n’a pas été révélée, mais qui est incolore, non-corrosif et huileux. Il a laissé des taches visibles sur les œuvres prises pour cible, notamment celles en grès, la pierre poreuse ayant rapidement absorbé le liquide. L’étendue finale des dommages ne sera précisément connue qu’après la restauration qui sera entreprise.
Un appel à témoin a été lancé aux visiteurs du musée ce jour là, car malgré une présence en personnel renforcée et une affluence limitée, aucun de ces actes de vandalisme n’a été remarqué. Afin de ne pas entraver l’enquête policière en cours (dont les résultats ne sont actuellement guère concluants, note personnelle), les autorités ont attendu près de deux semaines pour rendre l’affaire publique.
De nombreuses questions restent pour l’heure non-résolues : l’attaque a-t-elle été menée par une ou plusieurs personnes ? Y avait-il une logique, par exemple, des thèmes ou des personnages particuliers étaient-ils ciblés ?
Parmi les pistes possibles, celle liée à l’activisme d’Attila Hildmann, une figure conspirationniste et complotiste de la scène berlinoise. Il s’en est pris dernièrement (verbalement) aux musées berlinois, prétendant notamment que le Pergamon Museum abritait le « trône de Satan ». Il s’était aussi illustré cet été lors de la tentative de prise d’assaut du Reichstag, sur fond de manifestation contre les mesures anti-corona.
La sécurité des musées nationaux a également été mise en question – il faut dire que plusieurs vols ont eu lieu ces dernières années. On peut citer le plus spectaculaire, survenu en 2017 au Bode Museum, lui aussi sur l’île aux Musées : une énorme pièce d’or frappée par la monnaie canadienne, the « Big Mapple Leaf » (la grande feuille d’érable) d’une valeur de plusieurs millions d’euros, y avait été dérobée. Elle n’a jamais été retrouvée.
En ce qui concerne ces actes de vandalisme, l’affaire reste à suivre…