Découverte archéologique

En Chine, découverte d’un inhabituel masque funéraire en or vieux de 3000 ans

C’est une découverte inhabituelle que les archéologues chinois ont fait près de Zhengzhou, dans la province centrale du Henan. Ce site de la Chine centrale est l’un des plus importants pour l’étude de la période Shang, une culture qui domina le bassin du Fleuve Jaune d’environ -1600 à – 1046. Deuxième dynastie dans l’histoire traditionnelle chinoise, elle est considérée par beaucoup comme légendaires jusqu’à la découverte du site de Yinxi, dans les années 20. Depuis, l’étude de cette culture brillante n’a pas cessé. Cependant, ces dernières années, la découverte de nombreux autres sites du néolithique et de l’âge du bronze a contribué à créer une vision beaucoup plus complexe et moins linéaire des origines de la civilisation chinoise. Citons entre autre les fouilles du site de Sanxingdui, où une culture un peu plus récente, mais peut-être partiellement contemporaine des Shang, s’est épanouie loin du Fleuve Jaune. Les chercheurs considèrent qu’il pourrait peut-être s’agir du royaume Shu de l’historiographie traditionnelle chinoise.

En rouge, l’ère d’influence de la dynastie Shang dans le bassin du Fleuve Jaune, traditionnellement considéré comme le berceau de la civilisation chinoise, où se trouve Zhengzhou. En bleu, l’ère d’influence du royaume Shu.

La tombe gigantesque d’un noble de la dynastie Shang.

Près de Zhengzhou donc, les archéologues chinois fouillent une tombe vieille de 3000 ans. Rien de modeste : la sépulture s’étend une superficie gigantesque d’environ 10000 m². Les chercheurs y retrouvent plus de 200 artefacts. Parmi ceux-ci, des objets en bronze et en jade comme des poignards, des haches, des pipes, des gobelets et des récipients pour le vin. Mais aussi des monnaies faites de coquillages, ou encore des plaques incrustées de turquoise.

En elles-mêmes, les fouilles de cette tombe constituent une avancée importante pour la compréhension des rituels funéraires de la dynastie Shang, et contribue à mieux mettre en lumière les origines de la civilisation chinoise. En particulier car elle contenait un inhabituel masque en or.

La nouvelle tombe de Zhengzhou est une découverte importante pour la recherche sur les rituels funéraires de la dynastie Shang, et elle pourrait même apporter un nouvel éclairage sur les origines de la civilisation chinoise, a déclaré au journal Chen Lüsheng, directeur adjoint du Musée national de Chine à Pékin.

Le royaume Shu, dans le sud-ouest, est traditionnellement daté comme plus tardif que la dynastie Shang, dans le centre de la Chine. Mais les deux États ont peut-être existé en même temps, et les archéologues espèrent établir des liens entre eux.

Cependant, il n’est pas clair si le masque Sanxingdui plus jeune et le masque Shang nouvellement découvert ont un lien quelconque. « Bien que ce masque en or soit plus ancien que ceux mis au jour dans les ruines de Sanxingdui, nous avons encore besoin de plus de preuves et d’un plus grand [nombre] de découvertes archéologiques pour confirmer un lien direct entre les ruines de la ville Shang et les ruines de Sanxingdui », a déclaré Chen.


Le plus ancien masque funéraire en or de la Chine centrale.

Mais la découverte marquante est celle qui du masque funéraire du défunt. Pesant 40 grammes, il mesure 18,3 cm de long sur 14,5 de large, ce qui peut suffire à couvrir la plus grande partie du visage d’un adulte. Mais c’est le fait qu’il soit en or qui le rend rare et remarquable. Car c’est un fait très inhabituel, alors que tous les objets similaires contemporains des Shang sont en bronze ou en jade, et que la production de masques funéraires était relativement peu courante.

La seule trouvaille qui s’en rapproche, faite l’année dernière, est celle d’un autre masque retrouvé, considéré alors comme le plus ancien, mais trouvé lui sur le site de Sanxingdui, appartenant donc à la culture différente des Shu. Dans cette culture, l’or était plus fréquent, et de nombreux masques ont été retrouvés. La question des liens entre les deux cultures (qui ont peut-être été partiellement contemporaines) se pose. Mais selon Chen Lüsheng, directeur adjoint du Musée national de Chine à Pékin, il faut « plus de preuves et un plus grand nombre de découvertes archéologiques pour confirmer un lien direct entre les ruines des Shang et celles de Sanxingdui ».

Car les deux objets diffèrent considérablement. Tout d’abord, le masque trouvé à Zhengzhou est plus ancien. De fait, il s’agit du plus ancien masque funéraire en or retrouvé en Chine centrale.

Ensuite, il a un aspect très différent de celui de Sangxingdui, retrouvé l’année dernières parmi des milliers d’autres objets exceptionnels. Le masque Shu présente en effet des caractéristiques faciales détaillées. A l’inverse, ce n’est pas le cas de celui de Zhengzhou.

Enfin, alors que le masque de Zhengzhou était destiné à recouvrir le visage du cadavre, les archéologues pensent que celui de Sanxingdui était attaché à un poteau en bois ou à un mannequin.

Quant à expliquer pourquoi un tel masque en or a été utilisé à Zhengzhou, les chercheurs liés aux fouilles ne peuvent qu’avancer des hypothèses. L’or et l’argent étaient plutôt associés aux cultures pastorales des steppes, comme celles de l’Asie centrale ou de la Mongolie. Alors d’où venait l’or brut ? Et pourquoi l’occupant de la tombe a choisi d’être enterré avec de l’or, alors que d’autres élites de haut rang ne choisissaient que des bronzes et des jades ?

Une explication pourrait être la découverte d’or en quantités faibles à Panlongcheng, un important site Shang près de la ville moderne de Wuhan, qui fournissait du cuivre, de l’étain et probablement un peu de plomb à l’ancienne Zhengzhou. Il aurait alors été travaillé par des artisans locaux avec les mêmes techniques qu’ils utilisaient pour les autres métaux.

Sur le plan symbolique, selon Gu Wanfa, de l’Institut municipal de l’héritage culturel et de l’archéologie de Zhengzhou, le masque d’or pouvait symboliser le fait que le défunt avait un « corps d’or impérissable », et avait peut-être vocation à préserver l’esprit du défunt…


Retour vers la page d’accueil

Laisser un commentaire