Découverte archéologiqueEgypte ancienne

Découverte de salles inexplorées dans la pyramide du pharaon Sahourê à Abousir

Moins connu que le site de Guizeh avec les grandes pyramides, ou que la nécropole de Saqqarah, avec la pyramide à degrés de Djézer, Abousir compte cependant parmi les grandes nécropoles royales située près de l’antique Memphis, la capitale de la Basse-Egypte (aujourd’hui dans la grande banlieue du Caire).


Les pharaons Ouserkaf et Sahourê et l’établissement d’une nouvelle nécropole dynastique.

Tout commence lorsque Ouserkaf, le premier souverain de la cinquième dynastie (environ -2500 à -2350), décide de faire édifier un temple solaire sur un promontoire en bordure du désert, à Abousir (aujourd’hui au sud d’Abou Gourab). Le choix d’Abousir, sans signification particulière à l’époque, et les raisons de cette construction innovante (il s’agit de l’un des tous premiers temples solaires), restent incertaines. Ouserkaf fait cependant construire son complexe funéraire à Saqqarah.

Statue du pharaon Sahourê, de la 5e dynastie
Statue du pharaon Sahourê, de la 5e dynastie. Metropolitan Museum de New York.

C’est son fils Sahourê, l’un des rois les plus importants de la cinquième dynastie, qui décide d’abandonner Saqqarah et d’être le premier pharaon à se faire inhumer à d’Abousir – ses successeurs l’imiteront.
>> Cliquez ici pour en savoir plus sur le site d’Abousir, nécropole des pharaons de la Ve dynastie

Il y fait construire un complexe funéraire suivant le modèle de ceux de l’Ancien Empire. Aujourd’hui en ruine, il est pourtant encore complet et on peut y reconnaître les structures qui composaient les complexes funéraires royaux à cette période : temple bas, chaussée d’accès, temple haut et pyramide. Celle-ci, à face lisse, dominait à l’origine à près de 47 mètres de hauteur tandis que sa base, légèrement rectangulaire suite à une erreur de calcul, mesurait environ 79 mètres de côté. Se dressant sur le promontoire rocheux dominant la vallée et le lac d’Abousir en contrebas, elle était revêtue d’un parement de calcaire fin. Décoré de plus de 10000 m² de bas-reliefs finement sculptés, dont certains sont considérés comme sans équivalent dans l’art égyptien.

Ruines et reconstitution du complexe funéraire de Sahourê à Abousir
Ruines et reconstitution du complexe funéraire de Sahourê à Abousir

Cependant le temps et les hommes n’épargnent pas le complexe funéraire. Les chambres intérieures de la pyramide, notamment, furent très endommagées par les pilleurs de tombes durant l’antiquité, à tel point que la reconstitution précise du plan des sous-structures s’est révélé impossible lors de toutes les recherches du XIXe et XXe siècles. Car le site d’Abousir et ses pyramides a fait l’objet de déjà presque 200 ans de recherche. John Perring explore la pyramide de Sahourê dès 1836, puis les vestiges d’Abousir sont inventoriés en 1842 par l’expédition archéologique prussienne de Lepsius. De 1902 à 1908, Ludwig Borchardt fouille le site et étudie ses pyramides, y compris celle de Sahourê. Plus récemment, de 2000 à 2004, le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes mène des fouilles près de la chaussée du temple funéraire de Sahourê et identifie de nouveaux bas-reliefs du roi et de sa famille.


La découverte de nouvelles chambres dans la pyramide de Sahourê.

Cette annonce provient de la mission égypto-allemande qui travaille à un projet de conservation et de restauration de l’intérieur de la pyramide de Sahourê, initié en 2019. L’objectif est de sauvegarder ses substructures de la pyramide, en nettoyant les pièces qui s’y trouvent et stabilisant la pyramide de l’intérieur pour éviter tout nouvel effondrement.

C’est dans ce cadre que les chercheurs ont réussi à accéder et sécuriser les magasins, qui n’avaient encore jamais été documentées. Dans l’antichambre des salles funéraires, John Perring avait mentionné lors de fouilles en 1836 les traces d’un passage bas, rempli de débris et de détritus, et devenu impraticable. Selon lui, il menait à des salles de stockage, hypothèse remise en cause par Borchardt en 1907, et plusieurs chercheurs après lui.

Au cours de leurs travaux pour reconstruire ou renforcer les murs de l’antichambre, l’équipe germano-égyptienne a retrouvé ce passage, l’a dégagé et a atteint – comme le supposait à juste titre John Perring – des réserves. Huit salles ont été retrouvées à ce jour, très endommagées, notamment leur plafond et sol, même si des vestiges des murs d’origine et des parties du sol sont encore visibles. L’équipe s’est attachée à documenter minutieusement le plan et les dimensions de chaque magasin, ce qui a permis d’améliorer la compréhension de l’intérieur de la pyramide.

Chambres restaurées dans la pyramide de Sahourê à Abousir
Chambres restaurées dans la pyramide de Sahourê à Abousir

Une tâche importante pour sauvegarder l’édifice, et dans laquelle les chercheurs utilisent les techniques les plus modernes, notamment de balayage laser 3D avec un scanner LiDAR, pour effectuer des relevés à l’intérieur de la pyramide. Cela leur a permis de complètement cartographier de vastes zones extérieures et des couloirs et chambres de taille réduite à l’intérieur, ce qui laisse espère que l’ont puisse enfin dresser une carte complète de la pyramide.

Ce projet novateur représente une étape importante dans la compréhension de la pyramide de Sahourê, de son architecture et de son importance historique. La découverte et la restauration des réserves devraient révolutionner la vision du développement historique des structures pyramidales et remettre en question les paradigmes existants dans ce domaine.


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