Découverte d’une cave romaine en bois bien préservée à Francfort
Des archéologues du musée archéologique de Francfort ont mis au jour une cave en bois bien conservée à Francfort, en Allemagne. C’est justement grâce à un incendie que la cave romaine en bois, découverte lors de fouilles dans le district de Heddernheim à Francfort, est mieux conservée qu’aucune autre sur le territoire de la ville antique de Nida.
Nida : La ville romaine perdue de la métropole rhénane.
A l’époque romaine, Nida était une ville romaine d’importance dans cette partie de l’empire. Cependant, bien qu’il y ait eu un établissement romain dans le centre de l’actuelle Francfort, tout près de la cathédrale, Nida se trouvait en fait à quelques kilomètres de là. Aujourd’hui, ses vestiges se trouvent dans les faubourgs nord-ouest de la métropole rhénane.
Les premières fouilles dans cette zone remontent aux années 1920. D’autres ont eu lieu dans les années 1960, et des recherches sont toujours en cours, notamment depuis le début des années 2020. Elles ont permis de mieux comprendre l’évolution de cette cité. Au début, ce n’était qu’un petit village de stockage près d’un camp militaire. Mais Nida ne cesse de s’étendre jusqu’au IIIe siècle. Vers 110, c’est déjà la plus grande ville du limes, la frontière fortifiée de l’empire romain, et elle s’est imposée comme la capitale de la Civitas Taunensium. A son apogée, la ville comptait environ 10 000 habitants. Mais à partir du milieu du IIIe siècle, la population commence à diminuer en raison de la conquête de la région de l’Agri Decumates par les Alamans.
Les fouilles les plus récentes ont permis de préciser les contours de Nida : la ville était encore plus grande qu’on ne le pensait jusqu’alors. Elle couvrait environ 40 hectares (aujourd’hui dans les districts de Heddernheim et Praunheim) et arborait les monuments que l’on pouvait trouver dans les grandes cités provinciales de l’empire : forum, thermes, tavernes, et sanctuaires. Des temples consacrés à la mystérieuse divinité orientale Mithra, dont le culte était très populaire dans l’armée romaine, y ont notamment été retrouvés.
Une cave en bois brûlée très bien préservée.
Cette cave est l’un des vestiges d’une maison romaine, fouillé par les archéologues du musée archéologique de Francfort. La maison se trouvait sur le côté sud des deux rues principales de la ville romaine. A l’intérieur, les archéologues ont retrouvé les restes d’une cave en bois bien conservée, avec des marches menant à un escalier. Dans toute la zone, on trouve des restes de poutres calcinées, du charbon de bois et des débris d’incendie, ce qui indique que la maison a été détruite par le feu pendant l’Antiquité.
Or cet incendie est un coup de chance pour les archéologues. D’ordinaire, les matériaux organiques comme le bois et le cuir se détériorent rapidement. Mais dans ce cas, le charpente en bois de la cave a été conservée sous forme de charbon pendant plus d’un millénaire.
La chaleur du feu a atteint une telle intensité que des outils ont été abandonnés sur les marches de la cave, ainsi qu’une jarre en verre partiellement fondue, témoignant de la fuite rapide des habitants. Les archéologues ont également trouvé des récipients en céramique et en verre, ainsi que plusieurs objets en métal. L’équipe prévoit d’analyser les matériaux archéologiques pour préciser les dates de la construction et de la destruction du bâtiment.
La cave n’est pas la première cave en bois avec des débris d’incendie identifiée dans la Nida romaine. Des objets similaires ont été découverts lors de fouilles dans la ville antique à de nombreuses reprises au cours des 100 dernières années, mais ils étaient moins bien conservés et n’ont pas été examinés de manière aussi approfondie avec les méthodes de fouille modernes.
Communiqué du musée archéologique de Francfort
Une opération délicate pour préserver et transporter la cave.
La question était de savoir comment protéger cette cave, qu’une exposition à l’air libre aurait rapidement fait disparaître. Elle était bien trop lourde pour être transportée en un seul morceau : elle ne pesait pas moins de 50 ou 60 tonnes. De plus, la déplacer telle quelle aurait entraîné le risque que certaines parties ne se déchirent lors du séchage de la terre. L’équipe a finalement opté pour une fragmentation du sol en petits tronçons rectangulaires. Mais il fallait aussi d’abord stabiliser le sol, principalement composé de terre. Ils ont donc opté pour une méthode peu éprouvée. Des couches diluées de résine synthétique ont d’abord été pulvérisées, puis une couche de séparation en silicone et enfin une surface en plâtre ont été appliquées afin de fixer la surface dans son ensemble. La cave a ensuite été démontée en pièces et transportée à l’atelier de restauration. Là, la terre a été retirée de l’arrière et le dessous de la cave a été renforcé avec de la fibre de verre.
Ce processus était assez expérimental, mais s’est révélé efficace puisque la cave a pu être transportée, puis entièrement restaurée et réassemblée, y compris l’escalier de cinq marches. La manière d’exposer dans le futur cette trouvaille est encore débattue, mais la solution privilégiée à l’heure actuelle est de l’installer au plus près de son lieu de découverte.
Crédits des images : Musée archéologique de Francfort